José María Gutiérrez, alias Guti, a accordé une interview à Marca à quelques jours du début du Mondial des Clubs, une compétition dont il commentera les matchs sur DAZN Espagne.
Comment vous voyez-vous dans votre rôle de commentateur ?
Je me sens à l'aise, pour être honnête. Je partage l'antenne avec une équipe qui me traite très bien, que je connaissais déjà pour la plupart, et ça me facilite vraiment les choses. Pouvoir commenter les matchs du Real Madrid, qui est mon équipe, me rend très heureux.
La Coupe du monde des clubs sera retransmise intégralement et gratuitement sur DAZN. Que pensez-vous de ce tournoi ? Auriez-vous aimé y participer ?
Évidemment, oui. Je pense que c'est un grand tournoi organisé par la FIFA. Pour les fans, la trêve estivale laisse un vide, et je pense que ce type de tournoi aide à entretenir la flamme. Tout ce qui permet d'introduire de nouvelles compétitions est important.
Vous avez côtoyé Xavi Alosno à l'époque de Pellegrini. Montrait-il déjà des aptitudes d'entraîneur ? Était-il du genre à donner des ordres ?
Oui, oui, il l'a toujours été. Par la position qu'il occupait et par sa façon de parler sur le terrain. Il essayait toujours de placer ses coéquipiers, de donner des instructions. Il parlait beaucoup.
Vous êtes vous aussi entraîneur. Vous avez récemment déclaré avoir reçu une "offre importante". De quoi s'agissait-il exactement ?
Oui, j'ai eu une surprise, une bonne offre. Finalement, j'ai décidé de ne pas l'accepter, je garde pour moi le nom du club, mais j'étais content qu'ils se souviennent de moi.
Était-ce le Real Madrid féminin ? Vous ont-ils appelé ?
Je ne vais pas en parler. Je sais que cela a été publié, mais je n'ai rien à dire.
Mais pourquoi n'avez-vous pas accepté cette offre ? Vous ne vous voyez pas entraîner pour le moment ?
Je n'ai pas accepté cette offre parce que je ne me sentais pas à l'aise. Pour démarrer un projet, il faut s'investir à 100 % et je n'étais pas sûr de moi. Je veux entraîner. J'espère trouver bientôt un poste.
Quel a été votre moment le plus difficile comme joueur ?
J'ai connu des périodes au Bernabéu où l'on me sifflait. Personne n'aime ça. Mais il faut essayer de donner le meilleur de soi-même, comprendre le public et s'améliorer.
D'autres, comme Helguera, ont récemment reconnu à quel point le Bernabéu est difficile. Est-ce si dur de jouer là-bas ?
Oui, c'est très exigeant. Plus que dur, je dirais exigeant. Ce que vous avez fait hier ou la saison dernière ne compte pas. Ce que vous avez fait lors du match précédent ne compte pas. Il faut toujours être au maximum, car c'est un club habitué à gagner.
Quel transfert du Real vous enthousiasme le plus, parmi ceux qui sont confirmés ou ceux envisagés ?
Tous. Ce sont des joueurs importants, et surtout très jeunes, ce qui contribue à former un bloc solide et durable.
Voyez-vous des joueurs issus du centre de formation qui ont de réelles chances de réussir en équipe première ? Vous y êtes parvenu, mais ce n'est pas courant.
Il y en a beaucoup. Le problème est de trouver un entraîneur qui leur donne leur chance. Quand nous avons débuté, c'était plus facile, il y avait moins d'étrangers. Aujourd'hui, c'est plus difficile. Les grands clubs recrutent toujours les meilleurs, ce qui complique les choses. La concurrence est rude et c'est plus difficile pour eux.
Y en a-t-il un qui vous séduit particulièrement ?
J'aurais aimé voir Nico Paz. Je pense qu'il a quitté le club trop tôt. À l'époque, les joueurs étaient de très haut niveau et le Real Madrid remportait des titres, mais on aurait peut-être pu attendre un peu plus avec lui.
Que pensez-vous du départ de Raúl ? Auriez-vous aimé qu'il reste plus longtemps ?
Oui, en tant que supporter du Real Madrid, j'aurais adoré le voir prendre la tête de l'équipe première. Mais ce sont les décisions du club. Il ne suffit pas d'avoir été une légende : le club choisit ce qu'il pense être le mieux pour l'équipe.
Pensez-vous qu'il entraînera un jour l'équipe première ?
Oui, je pense qu'il va avoir une très belle carrière d'entraîneur. J'espère qu'il prendra bientôt une équipe et qu'il progressera. Je suis sûr qu'il aura l'occasion d'entraîner le Real Madrid à l'avenir.
Qui est pour vous le véritable leader de l'équipe : Vinicius ou Mbappé ?
Les deux. Et aussi Bellingham, Rodrygo... Le Real Madrid a de grands joueurs. Mbappé a fait beaucoup de bruit avec son arrivée et une grande saison, mais ce qui compte, ce sont les résultats collectifs, pas seulement individuels. Ce que ce type de joueur doit rechercher, ce n'est pas seulement de faire une grande saison, mais que l'équipe remporte des titres.
Après la victoire du PSG sans Kylian et la mauvaise année du Real Madrid, certains font des conjectures diaboliques.
Le Real Madrid a encore de nombreuses années de contrat avec lui et il est habitué à gagner.
Vous attendiez-vous à un succès aussi retentissant de Luis Enrique ? Est-il l'entraîneur de l'année ?
Oui, certainement. C'est un entraîneur exceptionnel. Il l'a déjà prouvé à Barcelone et avec l'équipe nationale, même si cela s'est terminé d'une manière que personne n'aurait souhaitée. Son style de jeu est attrayant, et s'il motive les joueurs, les résultats suivent. Pour moi, c'est certainement l'entraîneur de l’année.
Certains disaient en début de saison que Madrid allait tout gagner. Que s'est-il passé ?
Ancelotti n'a pas trouvé son équipe. Madrid a de grands joueurs, mais les titres importants se remportent en équipe. Il n'a pas réussi à trouver la clé dont l'équipe avait besoin pour être fiable tant en défense qu'en attaque.
Était-ce une question de blessures, d'egos, de déséquilibre... ?
Un peu de tout. Beaucoup de blessures en défense. Et parfois, on a essayé des joueurs qui ne s'intégraient pas défensivement. Mais dès le début, on n'a pas vu une équipe solide. C'est un peu tout cela à la fois.
Le super-ordinateur d'Opta donne le PSG favori pour le Mondial des Clubs. Le Real Madrid est classé cinquième. Une victoire sauverait-elle la saison des Merengues ?
La saison du Real Madrid se mesure toujours avec la Liga et la Ligue des champions. Mais il est vrai que ce tournoi est intéressant, car c'est le premier. Tous les clubs aiment être les premiers champions. Avec l'arrivée de Xabi Alonso et des nouveaux joueurs, l'équipe a un atout supplémentaire et je pense qu'elle a ses chances. Je vois une finale PSG-Real Madrid.
Le fait qu'il y ait si peu d'Espagnols dans le onze vous inquiète-t-il ?
Oui, cela inquiète tous ceux qui ont été formés au club et qui sont espagnols. Pas seulement à Madrid, mais en général. Nous nous y habituons, mais j'aimerais qu'il y en ait plus.
Dans l'actuel Real Madrid, qui est le "Guti moderne", Arda Güler ?
J'espère qu'il s'en sortira mieux que moi. Mais c'est celui qui lui ressemble le plus, oui. Qualité, talent, dernière passe, but... Il est très jeune et a grandi dans un club difficile. Dans une autre équipe, il aurait joué davantage. S'il avait été dans une autre équipe, il aurait fait de plus grands progrès parce qu'il aurait joué davantage, mais s'entraîner uniquement à Madrid vous endurcit aussi.
Vous voyez-vous un jour entraîner le Real Madrid ?
Je l'espère. C'est le rêve de tous les enfants qui ont quitté le club et qui veulent devenir entraîneurs. Prendre en charge l'équipe première serait un rêve.
À qui donneriez-vous le Ballon d'Or cette année ?
Je n'aime pas beaucoup ce prix. Je ne sais pas sur quoi il se base. Parfois, il récompense les titres, parfois non. Il devrait être attribué en fonction des statistiques, des passes décisives, des buts, des moments clés... Si c'était pour la saison, peut-être Dembélé, même si je pense qu'il y a de meilleurs joueurs.
