Suite à sa défaite à domicile mercredi soir face au Betis (0-1), le Real Madrid est, ce vendredi, septième de Liga et pointe à 7 longueurs du leader catalan, le FC Barcelone. Il s'agit du pire départ à domicile des madrilènes depuis la saison 1995-1996 (1 nul et 2 défaites). C'est également le plus mauvais début de championnat du club depuis la saison 2012-2013.
Pas de record et pas de victoire ! Le Real Madrid avait l'occasion de dépasser le Santos de Pelé après l'avoir égalé dimanche (73 matchs consécutifs en marquant au moins un but) mais a chuté sur la dernière marche comme pour le nombre de victoires consécutives (22) sous l'ère Ancelotti où d'autres Brésiliens (ceux de Curitiba) sont détenteurs (24). Une sorte de frontière infranchissable pour les merengues, qui ne fait pas oublier les problèmes actuels d'un champion d'Europe en titre bien mal en point en ce début d'exercice. Real-France va tenter de revenir sur les raisons hypothétiques de cette méforme.
Un schéma en 4-4-2 à bannir
S'il a pu sortir le Real de nombreuses situations périlleuses dues aux absences, le 4-4-2 mis en place par Zidane a, aujourd'hui, du mal à faire déjouer des blocs bas et expose énormément les joueurs dans un domaine qui a souvent fait la force du club : les contres. Les montées successives des deux joueurs de couloir (très importantes dans un milieu en losange) modifient le schéma de repli et poussent les défenseurs axiaux (et Casemiro dans un rôle de sentinelle bas) à très souvent faire face à du un contre un. Difficile pour eux de contenir des machines de vitesse à tout instant et de ne pas contraindre Keylor Navas à de nombreuses interventions. Le constat est d'ailleurs clair, le portier madrilène possède une moyenne de parade (3 parades par match) bien supérieure à celle de l'année passée à la même période (une seule). Preuve une fois de plus que le schéma de Zidane est, en plus d'être inefficace offensivement, très périlleux sur le secteur défensif.
Aucun joueur de couloir placé sur le but du Betis hier soir
De surcroît, le Real semble manquer de recours technique et de puissance. Posséder des joueurs polyvalents, oui, les balader à des postes distincts à chaque match, non. Zidane tend à insister sur un schéma qui fait naturellement dé-zoner nombreux de ses joueurs, ce qui ne permet pas aux madrilènes de faire justifier une possession de balle bien plus importante qu'à l'habitude.
Manque d'efficacité
Si les madrilènes ont le ballon plus souvent que l'an passé, ils n'en profitent pas pour faire mal à leurs adversaires. En effet, avec une moyenne de près de 65% de possession de balle, les merengues n'en sont pas plus dangereux. Si le nombre de frappes est important, il est également trompeur. Les hommes de Zidane ne cadrent en moyenne qu'un tiers de leurs tirs et la moitié d'entres eux demeurent hors surface. De plus, avec 109 centres en 5 matchs de championnat (21 de moyenne), les coéquipiers d'un Lucas Vazquez redoutable dans l'exercice, ont pratiquement doublé la pratique. Preuve une fois encore de la mauvaise maîtrise du système ayant pourtant pour objectif de favoriser les insertions axiales au détriment des centres à répétitions. Après 5 journées de championnat, le Real possède une moyenne de 2 buts marqués contre 2.8 la saison passée au même moment.
L'imbroglio Bale
Si encore une fois, avant-hier, le Gallois fut juste dans son jeu et ses déplacements, force est de constater que le Real Madrid souffre trop d'inefficacité lorsqu'il est aligné aux avants-postes. Le manque de technicité et de capacité à jouer court et vite dans des espaces réduits contraint le Real à dénaturer son style en sa présence. Si le schéma ne convient pas au Real, ce 4-4-2 convient encore moins à un Bale totalement dépourvu d'espaces laissés aux latéraux. Rentrer à l'intérieur n'étant pas forcément dans ses capacités première, le Gallois décroche beaucoup sans pour autant peser à la construction. Souvent composant d'une attaque à deux, il n'a plus non plus cette possibilité défensive qui faisait un bien fou au Real lors des années précédentes.
L'entrée de Lucas Vazquez a prouvé que les ailiers purs étaient importants au Real. Déborder, centrer et jouer dans le dos de la défense, c'est de ça que s'est nourri le Real depuis des décennies. Et si Bale parvient à s'illustrer lorsqu'il évolue à gauche, il reste un joueur parmi tant d'autres, capable de délivrer de bonnes passes, sans pour autant faire des différences majeures. Si Zidane dit vouloir lui laisser du temps, le Real n'en a désormais plus et il semblerait qu'une alliance Isco-Asensio soit plus opportune et utile dans le système composé par le Français. Si, encore une fois, tout n'est pas à jeter dans le début de saison du Gallois, son crédit de titulaire, lui, doit être remis en question une bonne fois pour toute.
Faible rendement
Ce n'est pas un secret : les latéraux sont, de nos jours, ultra-importants dans le secteur offensif et le Real a su en jouir pour conquérir l'Europe ces dernières saisons. Or, la tendance est différente en ce début d'exercice. En effet, si Carvajal est tout bonnement catastrophique depuis le début, Marcelo n'en est pas moins mauvais. Les deux piliers qui ont fait la force des madrilènes la saison passée (respectivement 11 et 14 passes décisives) jouent clairement en défaveur de l'équilibre défensif comme offensif du club. Entre mauvais placement, pertes de balle et mauvais choix, les deux compères semblent connaître des instants compliqués qui mettent en péril le Real à chaque erreur. Outre ces deux là, c'est l'attaque qu'il faut également pointer du doigt en la personne de Karim Benzema. Le tout fraîchement renouvelé n'a toujours pas trouvé le chemin des filets en Liga depuis le début de saison, pis encore, il est désormais blessé et laisse le Real quelque peu amorphe aux avants-postes.
Les choix de Zidane
Il ne convient pas de dénigrer les méthodes d'un homme aux records incroyables, mais simplement de remettre en question des décisions plus que contestables. Comme tout entraîneur qui connaît des contre-performances, El Mago est le premier responsable selon la presse. Et pour une fois, il semble que les critiques de celle-ci soient justifiées. Nous avons évoqué le système pour le moins discutable, parlons désormais des choix de Zinédine. S'il a été acclamé et adulé pour sa gestion d'effectif et ses rotations hors-pair, Zidane semble aujourd'hui manquer d'idées et surjouer en créativité. Face au Betis, le Français a sorti Isco au moment où celui-ci devenait dangereux et efficace, mais plus difficilement compréhensible encore fut la sortie de Luka Modric, véritable métronome et meneur de jeu des merengues à ce moment précis. Si l'on ne peut pas reprocher à Zizou son audace et sa volonté de remporter le match coûte que coûte afin de ne pas voir le Barça s'envoler, la pléthore de l'effectif lui permettait de réaliser un changement plus safe après la blessure de Marcelo. "Quand tu ne peux pas gagner un match, essaye au moins de ne pas le perdre", ces mots signés Johan Cruyff ont du résonner dans la tête du technicien à la fin du match.
Face à Levante, avec de nombreuses absences, le Français décidera de jouer avec Theo et Lucas en ailiers avec une consigne claire de répétitions de centres. Seulement, avec un numéro 9 comme Benzema qui n'est pas un joueur de tête, le choix s'avérera mauvais. Il aura changé un style de toques par un système permettant un jeu plus direct lorsque son équipe jouait le mieux...
La décision de ne faire jouer que très (trop ?) rarement Borja Mayoral (seul attaquant de pointe de formation de l'effectif derrière Benzema) lui joue également des tours. Si le canterano marque à pratiquement toutes ses apparitions, il ne semble pas faire l'unanimité du coach qui lui préfère un duo Bale-CR7 en total manque de connexions.