Fraîchement convoqué pour le Mondial au Qatar, le joueur du Real Madrid Aurélien Tchouaméni a accordé une interview au quotidien L’Equipe. Extraits.
Le montant de son transfert au Real Madrid : "Je ne ressens pas cette pression. Dans ma tête, je suis construit pour ça. C'est ma destinée. Ça veut dire que j'ai travaillé, j'ai fait en sorte d'arriver ici. Maintenant que j'y suis, qu'est-ce que je fais ? Il faut que je gagne ma place de titulaire, que je sois performant, que je remporte des titres. Donc je ne suis pas là à regarder, à m’émerveiller…"
Mbappé a essayé de l’attirer au PSG : "À la fin de la saison surtout, car, lui aussi était en stand-by. C'était une discussion très cool avec Kylian. Il voulait savoir ce que je comptais faire. Je lui ai aussi demandé ce que lui comptait faire. Pendant la sélection de juin, où c'était acté qu'il allait rester, il me chambrait avec Kimpembé : "Allez, faut que tu viennes aussi (au PSG) !" Mais mon choix était fait depuis longtemps. On rigolait par rapport à ça, mais…"
Comment s’intégrer à un vestiaire comme celui du Real : "Par le terrain. On est un groupe de 26, allez, 30 joueurs, on n'est pas là pour être tous amis, mais pour se respecter et gagner. Je ne suis pas arrivé en me disant : "OK, il faut que je sois ami avec untel, untel". J'ai la chance d'avoir beaucoup de francophones dans le groupe, donc l'adaptation se fait plus facilement."
Le statut de joueurs comme Kroos ou Modric : "Déjà, si tu veux cinq Ligues des Champions, il te faut cinq ans. (sourire.) Le statut de Luka et Toni, ça c'est quelque chose que tu mets énormément de temps à avoir…"
Le départ de Casemiro : "J’avais grillé un joker contre Almeria. Juste avant le match suivant, en collation, le coach Ancelotti vient me voir et me dit une phrase en mode "cette fois-ci, ça y est, c'est bon ?" Je lui ai répondu : "Oui, ne vous inquiétez pas". Si Casé était encore là, je ne jouerais pas autant. De toute façon, à Madrid, si tu n'es pas bon, tu ne joues pas. Donc si j'enchaîne les matchs, ça veut dire que ça se passe bien."
L’importance du mental : "J’ai appris à savoir aborder les matches, me concentrer sur mon plan de jeu. Maintenant, que je joue au Vélodrome ou dans un petit stade, je fais abstraction du bruit, du public. À Bordeaux, je me souviens qu'il y avait des tensions entre la direction et les supporters, qui s'amusaient pendant dix minutes à crier comme des fous, et pendant dix autres à se taire. À la fin du match, les joueurs en parlaient dans le vestiaire, et moi, je n'avais vraiment pas idée de ce qu'il s'était passé parce que j'étais juste focus, je n'entendais pas ce qui se disait autour."
Il porte le 18 au Real, est-ce la note qu’il donnerait à son début de carrière ? "Aaaah... Entre 17 et 18, ce serait bien. Surtout, j'essaie d'être en adéquation avec mes objectifs. Tout le monde peut dire « je veux gagner ci, je veux gagner ça », mais qu'est-ce que tu mets en oeuvre pour y arriver ?"
Où peut-il encore progresser ? "Partout ! J'ai des qualités qui sont déjà bien en place. J'ai aussi des faiblesses sur lesquelles je dois travailler. Je dois autant progresser sur ma concentration, mon agressivité sur le porteur que sur mes frappes de balle, mon apport offensif, la gestion des choix de passes. Parfois, j'ai encore trop tendance à jouer comme si j'étais dans ma cour de récréation, en prenant un risque inutile à un moment précis du match."
Se sent-il prêt à être titulaire en EDF ? "Oui, depuis ma première sélection, la Coupe du Monde est un objectif. Surtout, je veux y aller pour jouer, pas juste pour y figurer. J'ai envie de faire quelque chose, d'abord collectivement, mais aussi individuellement. Aujourd'hui, je suis titulaire au Real Madrid, donc je pense qu'au niveau de la confiance je suis plutôt bien. Ça va être ma première Coupe du Monde avec l'équipe de France, qui est l'une des favorites."
Quelle trace aimerait-il laisser ? "Je veux faire partie des meilleurs, que ce soit à mon poste, en France ou dans le monde, c'est ça qui me motive à me lever tous les matins. Je n'aime pas faire quelque chose et être juste de passage, être neutre. J'ai envie de marquer l'histoire, de gagner des titres et qu'à la fin, mon nom soit écrit quelque part."
Les trophées individuels de Courtois (Yachine) et Benzema (Ballon d’Or) : "Ça donne envie de se surpasser. Je pense que leur but est d'inspirer les plus jeunes générations. Quand je regarde l'écart d'âge que j'ai avec Karim, je pense qu'on a 12-13 ans d'écart, donc c'est énorme. C'est marrant parce que quand Karim a rapporté son Ballon d'Or pour être célébré, dans ma tête je me suis dit : "Le Bernabeu, il en a vu des Ballons d'Or, quand même !"