De passage dans les colonnes d’AS, Carlo Ancelotti a longuement évoqué son présent avec la Seleção, son immense passage au Real Madrid, ses anciens joueurs et Xabi Alonso.
L’entretien débute sur un souvenir fort : son adieu au Santiago-Bernabéu, le 24 mai dernier. Une scène marquante pour les socios : "C'était une journée très émouvante, une belle journée, bien préparée par le club. Je savais que cela pouvait arriver un jour, quitter le Real Madrid. J'y ai beaucoup réfléchi. Ce fut une journée inoubliable, car l'émotion était grande. Nous avons échangé une grande accolade avec tous les supporters madrilènes. C'était le meilleur jour possible pour quitter Madrid. Je ne peux pas l'oublier."
L’Italien raconte ensuite ce qui l’a poussé à reprendre un banc malgré l’idée d’arrêter après le Real. "Il m'était difficile d'envisager d'aller dans un autre club en raison de l'héritage que j'avais laissé ici, qui était très important. J'avais du mal à m'imaginer dans un autre club. Mais le Brésil vous appelle et cela devient un grand défi, un grand rêve de préparer une Coupe du monde avec l'équipe quintuple championne, la historique Canarinha. De plus, être sélectionneur est un travail différent. J'aime beaucoup ce que je fais. J'ai pris la bonne décision."
Le sélectionneur est revenu sur son choix de rappeler Casemiro : "Combler ce poste est compliqué car c'est un poste très particulier dans le football. Casemiro est de retour, c'est un leader, un joueur très important pour nous. Nous avons beaucoup de qualité et une équipe complète. Et Casemiro en fait partie. C'est un joueur très important pour le Brésil, essentiel pour la Canarinha."
Il se montre aussi rassuré concernant Militao : "Militao va très bien, il est complètement rétabli. Au début, il a vécu ce que j'ai vécu en tant que joueur lorsque vous avez des blessures graves. Au début, cela vous fait réfléchir un peu plus, mais je le trouve plus mûr en tant que personne qu'il ne l'était avant ses deux blessures au ligament croisé. Il est revenu à son meilleur niveau."
Sur Vinicius, il reconnaît que le joueur n’a pas toujours été au niveau qu’il affiche à Madrid : "C'est vrai. Avec l'équipe nationale, il n'a pas été capable d'atteindre le niveau qu'il a habituellement au Real Madrid. Mais lors des derniers matchs, il s'est amélioré et a très bien joué avec la Canarinha, marquant des buts et faisant des passes décisives. Personne ne peut contester ses qualités. Vini est au top."
Il revient ensuite sur la polémique du Clasico : "Il a simplement commis une erreur ce jour-là et il doit comprendre le rôle qu'il a désormais au Real Madrid, celui de joueur le plus important dans le vestiaire, ce qu'il n'était pas auparavant. Il a commis une erreur, il s'est excusé et il doit tirer les leçons de ces erreurs. L'entraîneur est en droit de faire les changements nécessaires pour améliorer l'équipe."
Ancelotti pense également que le Ballon d’Or perdu l’a un peu perturbé : "Il est possible que cela l'ait un peu affecté, mais aujourd'hui, Vini est proche de son meilleur niveau. Il joue très bien et est déterminant. Vini a un caractère fort, il ne s'attarde pas trop sur ses erreurs ou les critiques qu'il reçoit. Il regarde très vite vers l'avenir. Je suis sûr que Vini arrivera à la Coupe du monde dans les meilleures conditions."
Sur le moment difficile de Rodrygo : "D'une manière générale, nous traversons tous des moments plus ou moins difficiles dans la vie. Lorsque vous traversez une période difficile, vous avez besoin de l'aide des personnes qui vous entourent. Aujourd'hui, je vois que Rodrygo va très bien sur le plan personnel, il est motivé, heureux, ce qui n'était pas le cas à la fin de la saison dernière. Je n'ai rien fait de particulier, j'ai simplement compris le problème qu'il rencontrait et j'ai essayé de l'aider du mieux possible."
Sur Endrick, le jeune attaquant du Real Madrid : "C'est un joueur très important, car il fait partie des talents issus du football brésilien. Nous sommes en train de l'évaluer. Mais il n'est pas vrai que j'ai dit qu'Endrick devait quitter Madrid pour aller à la Coupe du monde. C'est une question qui concerne Madrid et le joueur. Ceux qui disent que j'ai affirmé cela ont tort. Il doit parler avec le club et prendre la meilleure décision pour lui et pour Madrid. Je ne conseillerais jamais à Madrid ce qu'il doit faire avec l'un de ses joueurs. Le club sait très bien ce qu'il doit faire."
Ancelotti revient ensuite sur ses années historiques à Madrid : "En regardant dans le rétroviseur, je pense que nous avons passé de très bons moments, dans l'ensemble, ces années ont été spectaculaires. Non seulement pour les titres remportés, mais aussi pour ce qui s'est passé pour remporter ces titres. Les remontées en Ligue des champions sont un souvenir incroyable. Si nous repensons à ce qui s'est passé lors des matchs contre le PSG, Chelsea, City ou le Bayern Munich au Bernabéu... nous ne pourrons jamais l'oublier. Personne ne l'oubliera jamais. Cela restera à jamais gravé dans nos mémoires."
Il évoque aussi la magie du Bernabéu : "C'est quelque chose qui ne s'explique pas. La magie du stade, les supporters... Cela s'est produit à plusieurs reprises. Il y a une raison à cela."
Sur ses choix tactiques, il se défend d’être uniquement un "gestionnaire d'hommes" : "Il faut parfois prendre des décisions drastiques pour changer les choses. Les gens parlent de gestion du vestiaire, mais mon travail a surtout été tactique la plupart du temps. C'est faux de dire que je ne suis qu'un gestionnaire. Je cherche à être dans un environnement sain et propre, mais la majeure partie de mon travail a été tactique."
Il explique enfin ce qui a coûté cher lors de sa dernière saison : "Ce qui s'est passé, c'est que nous avons perdu toute notre défense titulaire. Nous avons perdu Carvajal et Militao, et Rüdiger a joué avec un problème grave. Nous avons perdu de la solidité derrière et ça nous a coûté des titres."
Sur Xabi Alonso, l’Italien est optimiste : "Xabi.. c'était un footballeur qui avait une grande vision du jeu. J'étais convaincu qu'il pouvait très bien s'en sortir comme coach... et il s'en sort très bien."
Il balaie aussi les critiques autour du Basque : "Je ne peux lui donner aucun conseil. Une chose que j'ai apprise au Real Madrid, c'est qu'un match nul ici est le prélude à une crise (sourit). Leader incontesté de la Liga et parmi les huit premiers en Ligue des champions. Que demander de plus à Xabi…"
Sa réponse quand on lui demande si Xabi réussira est claire : "Évidemment, oui. Je vois une équipe solide, surtout en défense, et très convaincante en attaque. Mbappé est très performant et Bellingham est de retour. Je pense que Xabi peut réussir sans aucun problème."
Enfin, Ancelotti évoque Cristiano Ronaldo et l’objectif des 1000 buts du Portugais. "Il va y arriver, c'est certain. N'ayez aucun doute là-dessus. Cristiano atteindra certainement les 1000 buts, mais quand il y parviendra, qu'il n'oublie pas de m'inviter à la célébration de cet incroyable record... (rires)."
