Le préparateur physique Grégory Dupont a accordé une interview à La Voix du Nord. Il revient sur son étape au Real Madrid, lorsque qu’il était chargé de la préparation des joueurs avec Zidane comme entraîneur.
Son passage de l’EDF au Real Madrid : "J’étais très bien, mais ce qu’il me manquait, c’était le passage dans un très grand club. Je ne dis pas que le LOSC n’est pas un grand club, mais effectivement le Real… J’avais besoin de ça en fait pour être pleinement légitime au sein de cette équipe de France. Alors quand il y a eu cette opportunité, j’ai dit oui."
Son rôle au Real : "Je n’avais qu’un rôle de préparateur physique de l’équipe première. À la fédération, j’avais la liberté, différentes fonctions. Au Real tout était mis en place et il fallait rester dans son rôle."
Moins le droit à l’erreur dans ce club qu’ailleurs : "Absolument, on comprend vraiment ce que veut dire être au service de l’institution. C’est très professionnel, tout est calculé, mesuré. L’image est très importante, la façon dont on se positionne… Tout est orchestré."
Sa relation avec les joueurs français : "Avec tous les francophones, car il y avait aussi Eden Hazard. Eden, je l’ai connu à Lille, je l’ai vu grandir… La relation a été très bonne avec tout le monde, Raphaël Varane et Karim Benzema bien sûr, Ferland Mendy, Thibaud Courtois aussi."
Et Zidane, évidemment : "Bien sûr, et ses adjoints David Bettoni, Hamidou Msaidie… Ça faisait une belle petite communauté francophone."
Les coachs ciblés par les critiques : "Ça fait partie du foot et de la vie des grands clubs. Au Real, Zizou a été chahuté et c’est Zizou ! Il a gagné 3 Ligues des champions comme coach, il a sa carrière, ses titres… Mais oui les coachs sont touchés parfois, ça dépend des personnalités. C’est pareil pour les joueurs. Certains disent qu’ils ne le sont pas mais ils le sont quand même. C’est surtout le retour qu’ils ont en fait, via leur famille par exemple."
Zidane, un coach perfectionniste : "Zizou est très demandeur. On a souvent l’image du joueur très doué et facile, mais c’est aussi quelqu’un qui travaille beaucoup. C’est un coach à la fois très exigeant et très respectueux. Il fait beaucoup travailler les joueurs. Il est toujours en recherche pour les faire progresser. C’est intéressant car on confrontait nos expériences. Par exemple, les matchs tous les trois jours, est-ce bénéfique de dormir systématiquement à l’hôtel la veille de match alors que la famille manque ?"
Le professionnalisme de Benzema : "Karim est hyper pro, très rigoureux. Il cherche à tout optimiser, bosse beaucoup, fait attention à tout. En fait au Real, tu es entraîné. Sergio Ramos, Lucas Vazquez, Raphaël Varane… Eden Hazard aussi. Certains disent qu’il se repose sur son talent. Non, il bosse Eden. Le talent à un moment, ce n’est plus suffisant. Les joueurs sont acteurs aussi de leurs performances."
La pression médiatique : "On le prend en compte. Au Real par exemple, tout ça, c’est exacerbé. Ce que je dis à un joueur à l’entraînement peut être dans la presse. C’est arrivé. On convient avec un joueur qu’il doit bosser son accélération, le lendemain, c’est dans la presse… Là c’est déstabilisant."
Une pression difficile à gérer : "Oui, j’ai même eu des menaces. Si je ne donnais pas d’informations, on allait me casser, véhiculer des choses sur moi. La seule parade, c’était de ne pas répondre. Mais ils l’ont fait quand même. Et à un moment donné, quand on a eu des blessés, tout était de ma faute. On faussait même les résultats en mettant les Covid parmi les blessés…"
Le sentiment d’être traqué en permanence : "Oui comme les joueurs. Au Real, les joueurs se déguisent pour sortir en ville, ne serait-ce que pour aller au cinéma."
L’idée d’une Coupe du Monde tous les 2 ans et si le calendrier n’est pas trop chargé : "Si quand même… Je l’ai vécu au Real. Jouer tous les trois jours tout le temps… Il y a toujours plus de matchs. La saison dernière, on n’a pas eu de moment pour couper à Noël et on a eu dix jours pour couper entre le match à Manchester City le 10 août et les rassemblements nationaux le 31 août. Ça veut dire là que les joueurs ne coupent pas vraiment. Ils enchaînent. Et les études montrent que quand on joue tous les trois jours, le risque de blessure est multiplié par six. C’est un problème. Alors si on rajoute des matchs, on fait comment ? Encore ajouter des matchs et des déplacements, ce serait au détriment de la santé des joueurs déjà. Mais aussi au détriment du spectacle je pense."