Arda Güler s’est livré dans les colonnes de L’Equipe à l’occasion d’une grande interview pour le quotidien français. Le joueur du Real Madrid a évoqué sa manière d’aborder la pression, ses relations avec Modric, Ancelotti ou Xabi Alonso ainsi que ses objectifs personnels.
Interrogé sur la pression qui l’entoure, le Turc dit ne pas s’en soucier : "Je n'ai jamais considéré l'agitation qui peut régner autour de moi comme une pression. Ça rendrait mon travail plus difficile. Bien sûr, il y a des responsabilités, mais ce sont des choses qui m'aident à m'améliorer, à monter en niveau. C'est comme si j'en avais besoin. Certains pensent que je suis trop gentil parce que je ne pose pas de problèmes, mais je suis très ambitieux. L'important est de ne pas essayer d'être quelqu'un que vous n'êtes pas."
Le jeune Madrilène, de plus en plus en vue sur coups de pied arrêtés, a aussi expliqué comment il s’était imposé pour tirer les coups francs : "Dernièrement, je pense avoir gagné le respect grâce aux tirs que nous effectuons à la fin des entraînements. Après cela, c’est plus facile de demander le ballon le week-end, lorsqu'il y a un coup franc près de la surface. Mais il faut trouver l'équilibre entre revendiquer des choses et respecter les autres, le club. Si un joueur comme Luka Modric arrive et veut tirer, vous devez le laisser faire sans dire un mot."
Et justement, sur sa relation avec Luka Modric, il raconte : "Je l'ai appelé Luka ‘Abi’ la première fois. Quand on est petit, on nous apprend à ajouter ‘Abi’ (grand frère) au nom des personnes plus âgées. Je ne pouvais pas l'appeler simplement par son prénom..."
Concernant ses débuts compliqués à Madrid et les nombreux pépins physiques, Güler déclare : "Je savais que j'étais dans le plus grand club du monde. Mais dès le premier entraînement, j'ai su qu'il avait les qualités pour jouer. Je n'ai jamais douté que je réussirais ici. Juni Calafat m'a expliqué le plan. Il m'a dit que la première année serait difficile, que c’était normal pour un garçon qui ne connaissait que la Turquie. Il m'a aussi dit que j'arrivais dans l'ère post-Modric et Kroos. Tout était clair, il a été sincère."

Le prodige turc garde aussi une grande estime pour Ancelotti, malgré les périodes où il a peu joué : "Carlo est l'un des meilleurs entraîneurs de l'histoire. Je n’oublie pas qu'il a déclaré que je serais l'un des meilleurs milieux de terrain du monde. Davide (le fils de Carlo) a toujours essayé de m'aider. Je lui en suis reconnaissant. Quand je ne jouais pas, c'était dur, mais ça a nourri mon ambition. J'attendais mon heure."
Sous Xabi Alonso, beaucoup de choses ont changé : "Le premier jour, il m'a dit : "Je sais que tu es instinctif, que tu es un guerrier sur le terrain". Dans son football, on se retrouve souvent en un contre un dans le camp adverse, presque comme un marquage individuel. Il faut du caractère, de l'agressivité. Mais j'ai pleinement confiance en ses plans. Si un jour il me demande de jouer gardien, j'achèterai des gants."
Quant à son duo avec Kylian Mbappé, souvent comparé à celui d’Özil et Cristiano Ronaldo, le Turc explique : "La comparaison est cool, ça fait plaisir. Ils ont accompli des choses extraordinaires. Mais les grandes victoires sont toujours le fruit du travail de toute une équipe, pas seulement de deux joueurs. Ses qualités et les miennes sont complémentaires. Nous nous comprenons très bien, tout se passe naturellement. Parfois, nous discutons un peu avant le match, on se dit : 'Aujourd’hui, on pourrait faire ça ou ça…'. Et il y a des soirs où un simple regard suffit."
Enfin, s’il a déjà soulevé la Ligue des Champions avec le Real Madrid, Güler avoue ne pas la considérer comme méritée, tant il a peu joué cette saison là : "Je ne l'ai pas gagnée, elle n'était pas à moi. Il faut en remporter une autre. C'est l'un de mes principaux objectifs. Je veux que les enfants de mon pays puissent dire : 'Arda l'a fait, moi aussi je peux le faire'."