Le championnat se caractérise par une étonnante fragilité des deux cadors habituels, le Real Madrid et le FC Barcelone. Les équipes ayant la possession ne sont pas forcément celles qui s’en sortent le mieux. Les statistiques de cette saison 2018-2019 sont celles d’une autre époque.
La trêve internationale donne également l’occasion de faire une rétrospective des presque deux premiers mois de championnat. Après 8 journées, des tendances se dessinent déjà. Le Real Madrid et le FC Barcelone ne sont déjà plus invaincus et sont tous les deux au point mort depuis 4 matchs. Certains y voient une perte de vitesse de la Liga alors que d’autres se réjouissent de voir plusieurs équipes capables, pour le moment, de disputer le titre aux deux dominants du football espagnol. Il convient également de relever que lors de la dernière journée, seuls l’Espanyol Barcelone et le FC Séville se sont imposés alors qu’ils avaient la possession de balle.
Élevée au rang de dogme depuis la période de la « Pep
Team », la possession n’est plus considérée comme gage de
succès. Dès lors, il n’est pas rare de voir des équipes laisser
volontairement le contrôle du ballon à leur adversaire et procéder
par contre-attaques. Miguel Angel Gomez,
directeur sportif de Valladolid, parle de la philosophie de son
équipe par rapport à la possession : « En ce qui nous
concerne, nous favorisons la possession uniquement dans le dernier
quart de terrain, pas dans notre camp, car le rival a le temps de
se replacer dans son camp et peut nos prendre par
surprise ».
Cette tendance a également été constatée durant le Mondial en
Russie, lorsque la France a vaincu la Croatie avec 39% alors que
l’Espagne et l’Allemagne ont été rapidement éliminés en quarts et
en poules alors qu’ils avaient en moyenne 70% de possession.
Cela faisait 31 ans que le classement de la Liga ne comportait pas un attroupement caractérisé par le fait qu’il n’existe qu’un écart de deux points entre les six premières équipes. Cependant, il sied de relever que jusqu’à la saison 86-87, les victoires ne valaient que deux points, preuve du caractère exceptionnel de la situation actuelle en Liga. Pour trouver l’événement le plus similaire, il faut remonter à la saison 2006-2007, lorsque uniquement 3 points séparaient le FC Barcelone et le FC Getafe après 8 journées.
Une kyrielle de 1-0
Lors de la dernière journée, quatre matchs se sont terminés sur des 1-0 (Alavés-Real Madrid, Leganés-Rayo, Valladolid-Huesca, Atlético-Betis) et un 0-1 (Getafe-Levante). Ces résultats, ajoutés à ceux comptabilisés depuis le début de la saison portent à 21 le total des matchs qui se sont terminés par une victoire sur la plus petite marge. C’est le nombre le plus élevé depuis 30 ans en Liga, et même le plus élevé actuellement en Europe.
Miguel Angel Gomez a tenté de mettre le doigt sur les raisons du phénomène : "L’analyse de l'adversaire s’est améliorée, tout comme la technologie employée par les équipes techniques. Ces dernières se sont vues renforcées par des spécialistes très bien préparés". Quant à la baisse de régime des deux cadors, Gomez estime que “Les Ligas après les Coupes du Monde sont compliqués pour eux, car il a moins de marge de manoeuvre pour acheter des joueurs que lors des autres mercatos. De plus, les joueurs internationaux mettent plus de temps avant de s’incorporer avec leurs équipes respectives. À cela, il faut aussi ajouter la prudence avec laquelle les championnats commencent”.
Pour sa part, Fran Garagarza, directeur sportif d’Eibar pense "qu’il y a des joueurs qui, en ce moment, n’ont pas le rendement qu’ils pourraient avoir". Et d’ajouter : "Lors des débuts, il y a souvent des surprises de certaines équipes avec une bonne dynamique qui obtiennent plus de points qu’ils ne l’espéraient."
Loin des 100 points
Lors de ces 8 premières journées, Barcelone a concédé 3 matchs nuls et une défaite tandis que le Real Madrid a concédé 2 matchs nuls et 2 défaites. 17 points égarés au total. Si les deux clubs continuent sur la même dynamique, ils termineraient hypothétiquement la saison avec respectivement 71 et 66 points, bien loin des 93 points que le FC Barcelone a atteint la saison dernière ou les 100 que l’un ou l’autre des deux clubs ont atteint durant cette décennie.
La meilleure répartition des droits TV pourrait expliquer que l’écart se soit réduit entre les cadors et le reste. C’est en tout cas l’avis de Gomez : « Il est clair qu’avec une plus grande répartition de l’argent des droits TV, les équipes peuvent mieux se renforcer ». Pour sa part, Oscar Perarnau, directeur sportif de l’Espanyol, affirme que « le travail que nous avons effectué au sein de notre centre de formation trouve son écho dans notre première équipe cette saison ».