Finaliste de la Coupe du Monde au Brésil en 2014, et joueur du Real Madrid à cette époque, Angel Di Maria s'est confessé dans The Players Tribune sur ce moment douloureux de sa carrière.
Homme fort de la sélection argentine en 2014, Di Maria avait dû, de force, abandonner ses coéquipiers dès les quarts de finale. Le joueur, toujours Merengue à l'époque, s'est déchiré la cuisse et ne peut disputer la demi-finale que ses coéquipiers remportent. C'est alors que la finale approche, il raconte...
"Je me rappelle de recevoir la lettre du Real Madrid. Je l'ai déchirée avant même de l’ouvrir. C’était le matin de la finale du Coupe du Monde 2014, à 11h exactement, j’étais assis, sur le point de faire une infiltration dans la jambe. Je m’étais déchiré la cuisse en quarts mais avec les anti-inflammatoires je courrais sans ressentir aucune douleur. J’avais dit aux préparateurs : 'Si mon corps lâche, laissez-le lâcher. Cela ne m'importe pas, je veux seulement jouer'.
Et là, j’étais assis, glaçons sur la jambe, quand le médecin Daniel Martinez est entré avec une enveloppe dans la main et il me dit :
- "Angel, cette lettre vient du Real Madrid"
- "Quoi ? Qu’est-ce que tu me racontes ?", je lui dis.
- "Hé bien, ils disent que tu n’es pas en état de jouer et ils nous
forcent à ne pas te faire jouer aujourd'hui."
J’ai immédiatement compris ce qu’il se passait. Tout le monde a entendu les rumeurs qui disaient que le Real voulait acheter James Rodriguez après le Mondial, et moi je savais qu’ils voulaient me vendre et me remplacer par lui. Ils ne voulaient pas que leur joueur se blesse avant de le vendre. C'est aussi simple que cela. C'est la partie business du football que les gens n'aperçoivent pas toujours.
J’ai demandé à Daniel de me donner la lettre. Je ne l’ai pas ouverte, seulement déchirée en morceaux et je lui ai dit : "Jette-la, le seul qui décide, c’est moi."
Je n'avais pas beaucoup dormi la nuit passée. En partie à cause des supporters brésiliens qui tiraient des feux d'artifices et des pétards. Mais je crois que même dans le silence complet, je n'aurais pas pu dormir. C'est impossible à expliquer, la sensation ressentie avant une finale de Coupe du Monde.
Je voulais sincèrement jouer ce jour-là, quitte à en finir ma carrière. Mais je ne voulais pas non plus pénaliser l'équipe. Ainsi, je me suis levé très tôt et je suis allé voir Alejandro Sabella. Alejandro et moi sommes très proches. Si je lui disais que je voulais jouer, il aurait une pression supplémentaire pour me mettre. J’ai décidé de lui dire honnêtement, une main sur le cœur, qu’il devait mettre le joueur que lui sentirait le mieux.
"Si c’est moi, tant mieux. Si c’est un autre, c’est comme cela. Je veux juste gagner la Coupe. Si tu m’appelles, je jouerai jusqu’à la rupture", je lui ai dit. Après ça, j’ai pleuré. Je n'ai pas pu l’éviter, ce moment m'a dépassé, c'était normal.
Quand nous étions à la causerie d'avant match, Sabella a annoncé qu'Enzo Pérez serait titulaire, parce qu’il était à 100%. Il a bien joué. Je m’étais fait une infiltration avant le match, puis une en seconde période pour être prêt à jouer, au cas où j'aurais la chance d'entrer.
Mais on ne m'a jamais appelé. On a perdu la Coupe du Monde. Ce fut le moment le plus difficile de ma vie. Après le match, les médias ont commencé à dire des rumeurs sur les raisons de mon absence. Mais ce que je dis est la pure vérité.
Je me demande toujours si Sabella a pensé que j'avais pleuré devant lui parce que j'étais nerveux. En vérité, cela n'avait rien à voir avec les nerfs. C'était de l'émotion pour tout ce que cela signifiait pour moi. Nous étions si proche d'accomplir un rêve impossible..."