Toujours dans l'ombre, David Bettoni a été le numéro 2 de Zinédine Zidane durant ses deux passages au Real Madrid en tant qu'entraîneur. Dans un grand entretien accordé à Coaches Voice, il raconte son parcours commun avec Zizou et quelques anecdotes.
La naissance de leur collaboration : "Quand Zidane a cessé de jouer, il m'a invité à plusieurs reprises à Madrid et c'est de là qu'est né le projet de travailler ensemble quand lui déciderait de devenir entraîneur. Mais avant ça, en 2013, il m'a appelé pour me dire qu'il allait devenir l'assistance de Carlo Ancelotti et il voulait que j'intègre le département du scouting de l'équipe, c'est-à-dire analyser les adversaires tout en ayant un petit aperçu de ce à quoi ressemble le club."
Le Castilla : "Une année plus tard est venu le moment où Zidane est devenu entraîneur. Il a pris les commandes du Castilla et il m'a proposé, comme nous en avions parlé, de devenir son second. C'est bien entendu une offre que je ne pouvais pas refuser."
"Je crois que le Castilla a été important pour lui. Il savait beaucoup de choses sur le football, du vestiaire, des joueurs... mais il avait peut-être besoin d'une personne comme moi pour l'aider dans l'organisation. Prendre les commandes des séances d'entraînement, gérer la partie tactique et les principes de jeu. Mais rapidement, car c'est une personne très intelligente, Zidane a appris à développer son travail. Il synthétise beaucoup les choses et il est capable de les argumenter. Il saut aussi changer quand il considère que c'est le mieux."
L'équipe première : "Les choses n'allaient pas bien en équipe première et le nom de Zidane revenait souvent dans les médias comme première option pour entraîner le Real Madrid. Lui, il était à 100% concentré sur le Castilla jusqu'au début de l'année 2016 où tout a changé. Benitez a été remercié et le président, Florentino Perez, a appelé Zizou pour lui demander de prendre la tête de l'équipe. Ensuite, il m'a appelé et m'a interrogé. Je lui ai dit que je le suivrais, que je croyais en lui et que je le soutiendrais. Puis il a accepté..."
Le premier jour : "La première fois que je suis entré dans le vestiaire du Real Madrid, j'étais impressionné par les grands joueurs qu'il y avait. Mais rapidement, on parle finalement le même langage. Nous étions là pour accompagner les joueurs et Zidane est un maestro de la gestion d'un groupe. Il a su créer la connexion dès le premier instant."
La remontada contre Wolfsburg : "Le match après l'aller a été compliqué. Personne ne s'attendait à perdre et surtout pas 2-0. Nous étions tristes, c'est normal, mais Zidane a rapidement eu les mots positifs dans le vestiaire. 'Il reste 90 minutes et une équipe comme Wolfsburg, avec peu d'expérience européenne et un Santiago Bernabeu, peut-être que le doute peut vite s'installer si on marque rapidement."
Cristiano l'avait annoncé : "Après ça, ce qui a retenu mon intention c'est le leadership des capitaines. Cristiano, Ramos, Marcelo et Ramos se sont connectés à l'entraîneur pour rapidement envoyer de l'énergie positive au groupe. Par exemple, Cristiano m'avait prévenu qu'il allait marquer trois buts la veille et je lui ai répondu que seul lui était capable de le faire. Après cette victoire, nous savions que nous pouvions gagner la Ligue des Champions."
La gestion du groupe : "L'idée de Zidane était que tous les joueurs doivent se sentir importants. Et pour cela, un joueur a besoin de jouer. Mais comment le faire ? Bien, nous avons planifié des rotations. On a expliqué aux joueurs qui jouaient le plus qu'ils allaient être mis au repos car ils devaient garder de l'énergie et de la fraîcheur mentale. Au début c'était difficile car les joueurs veulent jouer tous les matchs mais Zizou a réussi à les convaincre pour le bien du groupe et pour gagner le maximum de trophées."
Les raisons de son départ en 2018 : "Les résultats en Liga et en Coupe du Roi n'ont pas été bons et ils ont eu un impact sur Zidane. La presse a commencé à le critiquer très durement et peut-être qu'elles ont eu une influence sur sa décision de quitter le Real en 2018. "Que ça se termine et qu'on commence une nouvelle saison" me disait-il. Cependant, peu de temps avant la fin de la saison, il m'a dit qu'il avait pris une décision. "Que l'on gagne ou l'on perd la finale de Ligue des Champions, j'ai besoin de repos". Je l'ai compris et soutenu. Quelques jours plus tard, on a remporté la treizième. La plus belle de toutes."
Son retour en 2019 : "Dans les plans de Zidane, il allait diriger une équipe en Europe mais en 2019, nous sommes revenus au Real Madrid. Sincèrement, je ne m'y attendais pas car je pensais qu'il voulait entraîner une autre équipe. Ce fut une surprise mais la raison pour laquelle il a pris cette décision était très simple. "Ils ont besoin de nous là-bas. Le club et les joueurs". Zizou a pris cette décision avec le coeur, bien conscient que le défi allait être très difficile."
Le Real sans CR7 : "Ce qu'on a fait, c'est repenser l'équipe tactiquement sur le plan défensif, équilibrer l'équipe pour continuer à gagner sans les 50 buts par saison de Cristiano."
La dernière saison : "Il est vrai que terminer une saison sans titre à Madrid, c'est un échec. Mais pour nous, l'échec est de ne pas essayer. La saison a été compliquée car de mémoire, nous n'avons pas pu aligner deux fois le même onze de toute l'année à cause des blessures. Sur le plan personnel, il y a eu un épisode clé lorsque Zidane a eu le Covid et que j'ai pris l'équipe première pour quelques choses. Ce fut une expérience génial. L'idée de devenir entraîneur a commencé à murir dans ma tête quand Zidane m'a dit qu'il allait prendre du repos. Il a été la première personne a m'encourager dans cette direction et le moment est venu pour moi."