La légende du Real Madrid est éternelle. Hier, la Casa Blanca s’est octroyée la Décimocuarta, la quatorzième Ligue des Champions de son histoire en venant à bout de Liverpool au Stade de France (0-1), quatre ans après avoir disposé des Anglais à Kiev. De toutes, celle-ci portera pour la postérité la marque des trois confrontations inouïes lors de la phase à élimination directe, qui érige le club non plus au rang d’institution légendaire, mais abyssale, éternelle et unique : un club d’exception.
Comment ? Comment expliquer qu’après avoir été menés de deux buts à la 61’ du match retour face au PSG, qu’après avoir été dos au mur face à Chelsea en perdant 0-3 à domicile et qu’après avoir éliminé Manchester City avec deux buts de retard à la 90’ du match retour, le Real Madrid est allé conquérir une quatorzième étoile européenne ce samedi soir à Saint- Denis ? Saint-Madrid ! Annoncé outsider en finale face à Liverpool, le club merengue ne pouvait que montrer que son ADN excluait toute défaite en finale d’une compétition européenne. A Madrid, les finales ne se jouent pas, elles se gagnent. Ce gène de la victoire, l’appât du sacre : sont-ce donc ces qualités innées qui ont conduit le Real à ce succès, totalement illusoire en début de saison ? Il semble bien, tant cette équipe a dégagé une prestance, un calme et un talent naturels.
En sa qualité de phénix tant de fois revenu des abysses, Madrid semblait légèrement en dessous d’une équipe de Liverpool impressionnante de régularité cette saison et forte d’une campagne européenne quasiment sans encoche, hormis une défaite à Anfield face à l’Inter Milan. Cette prédiction s’est bien retranscrite sur la pelouse de Saint-Denis tant les Reds ont dominé les débats, avec 24 tirs contre 3, fruits des multiples attaques dangereuses perpétrées par les vice-champions du Royaume. Nonobstant, les Anglais ont à chaque fois buté sur l’homme de cette finale, le véritable héros du madridisme, le meilleur gardien du monde : Thibaut Courtois. Neuf (!) parades (toutes aussi spectaculaires que déterminantes) en finale de Ligue des Champions. Si le Real est sur le toit de l’Europe, il le doit en très grande partie à son géant belge. Mais également à un réalisme insolent, prenant de court le plan de jeu liverpuldien. Lorsque Ancelotti fait le pari de procéder en contre-attaque et de subir les multiples attaques anglaises, la moindre occasion créée vaut de l’or, d’autant plus en finale de Coupe d’Europe. Cette règle, les champions d’Espagne l’ont parfaitement assimilée.
Alors que Benzema se voyait très sévèrement refuser un but en fin de premier acte, cette action n’était alors qu’un sursis pour des Reds friables défensivement. Mais à l’approche de l’heure de jeu, la fougue de la jeunesse madrilène les condamne définitivement, lorsque d’un puissant centre fusant, le génial Fede Valverde offre le ballon de la gloire à Vinicius (59’). Dès lors, plus aucun obstacle ne pouvait se dresser sur la route du Real Madrid. La défense de fer, soutenue par l’ange-gardien Courtois a repoussé une demi-heure durant les occasions adverses. Liverpool s’en rend compte : rien ne pourra forcer le verrou espagnol. Le temps passe si lentement, les secondes paraissent des heures, mais Madrid tient son doublé entre les mains. Et ne le lâchera jamais. Après une énième offensive, l’arbitre met un terme à cette finale dionysienne et propulse Madrid sur le trône continental. La fin inéluctable d’une épopée homérique avec en point d’orgue Marcelo brandissant le graal dans le ciel dionysien. Une nouvelle soirée pour l’histoire, une histoire éternelle.
Une saison de légende, durant laquelle Karim Benzema aura atteint le paroxysme de sa carrière, se dirigeant sobrement vers un Ballon d’Or qui récompenserait une trajectoire phénoménale. Le milieu de terrain inusable, le plus iconique de l’histoire du football, Casemiro-Kroos-Modric, glane sa quatrième finale en autant de participations. Trois légendes absolues, inusables, intemporelles, qui dirigent les jeunes perles, le présent et l’avenir du club : Fede Valverde, 23 ans, qui aura glané un rôle d’indiscutable et le merveilleux Eduardo Camavinga, 19 ans, véritable joker de luxe lors des rencontres couperets. Dani Carvajal aura réalisé une finale étincelante ponctuant une excellente saison, tout comme ses compères Alaba et Mendy. Nacho, le soldat de toujours, remporte sa cinquième Ligue des champions, discrètement et humblement : la figure du club s’exprime à travers ce joueur, qui mériterait tellement plus de reconnaissance. Mention finale aux virevoltants Brésiliens : le héros du 4 mai 2022 Rodrygo et le tonitruant Vinicius Junior, le buteur du 28. Eux qui ont connu des débuts en dents de scie, les ailiers de 21 ans représentent l’avenir du club.
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— UEFA Champions League (@ChampionsLeague) May 29, 2022
Entre l’éclosion des pépites et l’avènement des légendes incontestées, le Real Madrid aura joui de cet exaltant mélange pour réaliser une saison marquée au fer rouge dans les livres d’histoire. Le futur ne sera que radieux. Merci de nous avoir ébloui à nouveau. Merci.
¡¡¡ Gracias por todo, y Hala Madrid hasta la muerte !!!
Par Wilhem Hallache