Xabi Alonso a accordé un long entretien au magazine L'Équipe, durant lequel son début de carrière en tant qu'entraîneur ainsi que ses inspirations. Extraits.
Vous avez dirigé les moins de 13 ans du Real Madrid
pendant une saison. Qu'y avez-vous appris ?
J'ai commencé avec des enfants, mais ce n'est pas si différent des
joueurs que j'ai aujourd'hui. Tu dois juste essayer de te mettre à
leur niveau et de communiquer d'une autre manière. Au début, tu ne
sais pas comment tu vas être mais je me suis pris au jeu. Ça te
démange, tu ne décroches plus, tu te dis :« Putain ce que j'aime ça
!» Tu vois que jour après jour, avec la répétition, l'explication,
les corrections, tout ce que tu leur dis, ils comprennent petit à
petit. C'est ça, être entraîneur.
À entraîner, les enfants ne sont donc pas différents des
adultes ?
Non, qu'ils aient 15 ou 25 ans, tu dois gagner ta crédibilité.
C'est intelligent, un groupe. Ça te teste, ça croit en ce que tu
dis ou pas. Ta carrière de joueur ne t'apporte du crédit que
pendant une ou deux semaines.
Quelle est la phrase que vous répétez le plus à vos
joueurs ?
Qu'il faut savoir interpréter le rythme du match. Un match n'a pas
un seul rythme, mais plusieurs, et chaque phase a son moment
différent. Les joueurs doivent comprendre quand accélérer et quand
faire une pause, quand il faut faire deux touches de balle et quand
ils doivent en faire cinq.
De votre carrière de joueur, qu'est-ce qui vous est le
plus utile aujourd'hui ?
Tout me sert. J'ai beaucoup appris des très grands partenaires que
j'ai eus. Si j'entraîne un joueur au profil proche de Luka Modric,
je lui dis :« Luka Modric, il ne se met pas ici pour recevoir le
ballon, il attend là. » Je ne lui dis pas qu'il est Luka Modric
mais qu'en se mettant là plutôt qu'ici, il serait plus décisif. Il
y a aussi les entraîneurs que j'ai eus, bien sûr. Et le fait
d'avoir connu différents Championnats. Ça me permet de vite
m'adapter.
Selon vous, qui représente le prototype de l'entraîneur
idéal ?
Il doit être à la fois un bon connaisseur du jeu et un expert en
management. Celui qui a les deux, aujourd'hui... je vois Jürgen
Klopp. Et je ne dis pas seulement ça parce que je suis de Liverpool
! Il a du charisme. Tu le vois à la fin des matches dans la
relation qu'il a avec ses joueurs. Il réussit à ne pas être tant
que ça derrière eux tout en obtenant d'eux des niveaux de
préparation très hauts et très naturels. Le lien émotionnel très
fort qu'il a avec ses joueurs vient aussi du lien qu'il a su créer
avec le club. Avoir ça, c'est de l'or pour un entraîneur. Pep
Guardiola sait aussi faire ça, comme Rafa Benitez ou d'autres.
Mourinho, lui, m'a marqué par sa capacité à lire les matchs et sa
faculté à réagir quand le cours du match l'exige.
Dans le football d'aujourd'hui, qu'est-ce qui fait la
différence entre les équipes ?
Pour moi, c'est la tête. Le physique est évidemment important, mais
la tête... La gestion des émotions, la motivation, mais aussi
l'intelligence au moment de la prise de décision. Plus tu as des
joueurs bons à ces niveaux-là, meilleure sera ton équipe. Quand la
tête veut, les jambes veulent. Mais si la tête ne veut pas, les
jambes ne suivront pas. J'ai joué des matches à quarante-huit
heures d'intervalle et comme ma tête était bien, j'étais bon. Alors
que j'ai joué d'autres matches en ayant une semaine entière pour
les préparer, je me sentais fatigué parce que ma tête n'était pas
bien.