L'entraîneur du Real Madrid a exceptionnellement accepté d'accorder une interview à Christophe Dugarry pour son émission "Team Duga" sur RMC Sport. Extraits :
Quelle est ta journée type en tant qu’entraîneur du Real ?
"J’arrive tôt le matin, je suis là à 8h30. Le truc c’est que moi j’aime bien préparer le matin-même. J’attends la dernière minute. Les joueurs arrivent trois-quarts avant, et moi je veux avoir les sensations des joueurs, c’est important aussi, et on s’adapte si besoin. J’aime aussi être avec mon staff et parler de plein de choses. La vidéo, l’adversaire… Comme tu joues tous les trois jours, tu ne fais que ça, tu étudies tes adversaires. Après ça ne m’intéresse pas de rester trois-quarts d’heure sur l’adversaire quand je parle à mes joueur. Moi je dois prendre toutes les informations, et je dis à mes joueurs les deux-trois choses très importantes à savoir, et c’est ce que nous on va faire ensemble pour mettre en difficulté l’adversaire qui m’intéresse. Ensuite on regarde l’entraînement qu’on a filmé avec mon staff. On regarde si notre objectif a été atteint. Aujourd’hui c’était avec les jeunes, je n’avais que quatre joueurs pro et les deux gardiens. L’objectif, c’était qu’il y ait de la distance, des courses. Souvent quand tu n’es pas nombreux, tu ne fais que des petits jeux, mais les matches c’est pas ça, c’est des courses, c’est de la distance, et ça il faut le travailler."
On t’a vu rester jusqu’à la fin de l’entraînement et travailler le jeu au pied du troisième gardien...
"Moi c’est ça que j’aime. Je me régale. Les jours du match, il y a juste de la tension… Mais ce qui est très intéressant pour moi, c’est la semaine. Et trouver comment travailler avec les joueurs pour les faire progresser. C’est dur de faire que Marcelo s’améliore sur le papier. Techniquement, je ne vais rien lui apprendre. Mais finalement, sur un travail tactique, sur le resserrement d’un bloc équipe par exemple, il y a plein de choses à tous les niveaux. Par exemple aujourd’hui, j’ai pris le troisième gardien. Je veux qu’on reparte toujours de derrière avec le gardien, donc au pied il faut qu’il fasse des progrès. Aujourd’hui je vais rentrer un peu plus tôt, parce que c’est la trêve, mais d’habitude je rentre à 19h-20h. Les trois premières semaines j’arrivais à 8h et je partais à 23h."
Tes prédécesseurs ne sortaient jamais Ronaldo par exemple, et on a pu voir qu’il n’avait pas apprécié quand tu l’as sorti.
"C’est bien qu’il soit énervé quand il sort. C’est normal. Lui ça se voit un peu plus que les autres, mais ce n’est pas grave. Moi je lui explique après, et c’est fini. Le match d’après il marque, on se tape la main, et il n’y a pas de problème. Ça montre que le mec est concerné, qu’il veut toujours apporter quelque chose à l’équipe et voilà, c’est bien."
Comment gères-tu ce premier moment difficile, avec quatre matches nul d’affilée ?
"Il n’y a rien de catastrophique mais ce n’est pas anodin. Quand il y a quelque chose qui ne tourne pas comme je veux, il faut chercher. Je ne pense pas que ce soit physique, même si on joue tous les trois jours. Nous c’est nos débuts de match qui font défaut actuellement. En tout cas sur les trois matches de Liga, sans compter celui contre Dortmund (2-2, ndlr), qui était pour moi un match exceptionnel. Le match reste très bon même si on ne gagne pas. J’étais très énervé, pour les joueurs, pas contre les joueurs, de prendre un but à la fin qu’on ne méritait pas. Mais par contre dans les trois autres matches, on rate notre première mi-temps. Contre Villarreal, on fait une deuxième mi-temps qui est top, mais la première est très mauvaise, et c’est ça qui me fait dire que ce n’est pas physique, vu qu’on termine les matches bien. Donc on cherche la solution. Je ne veux pas mettre ça sur le dos des blessures, même si on a eu trois-quatre joueurs importants blessés en même temps. Mais on va trouver. Et pour répondre à ta question sur le fait que c’est le moment le plus difficile, je te dis que ce n’est pas le plus difficile. Quand j’ai perdu contre l’Atlético à la maison quand je suis arrivé, c’était pire. « C’est quoi ce choix ? » « Qu’est-ce que machin… ? » Ça fait partie de la fonction et surtout ici à Madrid. Je sais où je suis, ça fait 15 ans que je suis là, je connais ce club. Je n’ai pas de souci avec ça. L’important pour moi c’est de trouver les solutions, et je vais les trouver."
Pourquoi n’avoir pris personne pendant le mercato cet été ?
"On a fait revenir Morata, Coentrao et Asensio. Morata qui peut doubler Karim (Benzema) et Asensio qui peut doubler avec Ronaldo. L’idée c’était de doubler les postes. Le seul qu’on n’ait pas doublé, c’est Casemiro. Marco Llorete, qui est très bon et qui jouera ici certainement, on l’a prêté pour qu’il ait du temps de jeu. Je ne voulais pas prendre des joueurs pour prendre des joueurs, ce serait absurde. Il y aurait peut-être pu y avoir quelqu’un mais il fallait que quelqu’un parte, et on ne l’a pas fait."
Quel est l’entraîneur qui t’a le plus inspiré ?
"J’ai appris de tous, mais mais pas que des qualités de chacun. Carlo, son calme légendaire, qui donne beaucoup de confiance… Mourinho pour d’autres choses. Il y a plein de choses, mais moi j’apprenais aussi des défauts, et je notais des choses en me disant que ça ou ça, je ne le ferai surtout pas."
Que penses-tu qu’il manque à Raphaël Varane ?
"Il s’améliore de jour en jour, il est de plus en plus agressif. Mais pour moi, le plus intéressant, ce n’est pas ça. Moi je le sens fort dans ses duels, costaud. Ce sur quoi il doit s’améliorer, c’est ça prestance. Il faut qu’il parle plus, qu’il s’exprime plus, comme un patron. Il le sait, et il est en train de s’améliorer. Le reste, faire une erreur de temps en temps, c’est normal. Sur le dernier but qu’il nous coûte (en tentant une roulette), moi je l’encourage à faire la même chose. Moi je veux qu’il fasse. S’il fait une erreur et qu’on marque trois buts, je n’en ai rien à faire de son erreur. Jamais je ne vais accabler ou culpabiliser un joueur pour ça. Collectivement oui."
Quelle est la forme actuelle de Karim Benzema ?
"Il a été un peu tracassé par plusieurs pépins physiques mais là ça va mieux. C’est dommage parce que le dernier match qu’on a eu à la maison, il s’est fait mal tout de suite. Il a joué 25 minutes avec sa douleur, et c’est compliqué de jouer à ce niveau quand tu n’es pas au top. On a dix jours pour le remettre en selle et j’espère que ses soucis seront pliés."
Tu n’as pas peur d’être viré dans le futur ?
"Aucunement. Ça va arriver, dans six mois, et si ce n’est pas dans six mois, c’est dans un an… Ça arrivera quoi qu’il arrive donc je profite à fond de ce que je fais, c’est ça qui est bon. Tous les jours, de ma voiture jusqu’au vestiaire, je profite… Je contemple même les arbres qui sont là. Je me dis que j’ai une chance inouïe, et je me régale."
L'intégralité de l'interview est à lire sur le site de RMC Sport