Avec l'année blanche qui se profile à l'horizon, ou au coin de la rue tant elle est proche, les prix individuels ont peu de chances d'être décernés à des madrilènes cette année. Et le prix suprême qu'est le Ballon d'Or n'échappe pas à cette logique.
[dropcap]D[/dropcap]ès le moment où Ronaldo a reçu son troisième Ballon d'Or en janvier dernier, le Portugais a connu une baisse de régime. Certains avançaient que ses problèmes aux genoux réapparaissaient, d'autres que l'âge commençait à se faire sentir dans l'organisme de CR7. Quand Cristiano n'est pas au mieux, c'est par la même occasion tout le Real Madrid qui en pâtit. Suspendu trois matchs après son expulsion à Córdoba le 24 janvier il a été privé de compétition pendant quelques jours. Orphelins de leur buteur, ses coéquipiers avaient tristement sombré face à l'Atletico en perdant 4-0 sur la pelouse du Vicente Calderón. Ensuite, le numéro 7 a alterné les bons matchs et les matchs où son influence s'est peu fait ressentir, au point que cela devienne inquiétant. Au fil du temps, il est devenu de plus en plus clair que sa place est au front de l'attaque et non plus sur le côté gauche. Côté qui devrait appartenir à Gareth Bale selon beaucoup de gens.
Néanmoins le madridisme s'est vite rassuré, Ronaldo reste Ronaldo. Qu'il soit au top de sa forme ou dans un mauvais jour, le chemin du but, il ne l'oublie que très rarement. Cristiano sur toute une saison, c'est assurément beaucoup de goals et une bonne douzaine de gestes techniques à vous en décrocher la mâchoire. L'un des moments forts de la saison du désormais deuxième buteur de l'histoire du Real à égalité avec Di Stéfano, a été son quintuplé face à Grenade ou son triplé face à Séville. Deux performances hors de portée du commun des autres joueurs qui lui ont permis de se donner un peu d'air par rapport à Messi au classement des buteurs en Liga.
[dropcap]C[/dropcap]ar à moins d'une surprise majeure, la surprise du siècle même, le pichichi sera le seul titre de cette saison 2014/2015 que le Lusitanien pourra ramener dans sa ville natale de Funchal afin de l'exposer dans son musée. Actuellement, il en est à 42 buts (deux de plus que Messi), ce qui en plus du titre de meilleur buteur de la Liga, lui garantirait un quatrième Soulier d'Or européen. Pour le reste, cela semble d'ores et déjà impossible. Il faudrait que le Barça soit vraiment hors sujet pour qu'il ne réalise par le triplé cette saison au vu de son niveau de jeu actuel. Si les Catalans s'adjugent les trois grands titres, toutes les récompenses individuelles iraient à Lionel Messi, y compris le Ballon d'Or. Certes, en 2013 c'était Ronaldo qui avait remporté le trophée malgré une absence de titres, hormis la Supercoupe d'Espagne. Mais il faut dire que son plus grand et unique rival sur la planète qu'ils occupent conjointement, avait vécu une saison de blessures et que le Portugal venait de se qualifier pour la Coupe du Monde, grâce à quatre buts en deux matchs de son capitaine.
C'est bien connu, la forme du moment est un facteur déterminant au moment de voter pour le gagnant du trophée. Mais quoi de mieux qu'une ribambelle de titres comme arguments à faire valoir ? Bref, ce n'est pas cette année qu'un autre "Siiii" résonnera lors du gala à Zürich. De toute manière, même le principal intéressé le dit, le succès collectif prime sur le succès individuel. Le Ballon d'Or a beau avoir perdu de la crédibilité ces dernières années, cela reste la distinction phare du footballeur. Tous les joueurs vous le diront, qu'ils en aient gagné zéro, trois ou quatre.