Casillas part du Real vénéré par certains, insultés par d'autres et maltraité par les dirigeants. Il aurait pu quitter le Real quand il était au sommet, seulement, son rêve était de rester pour toujours. Résultat, il a été poussé vers la sortie.
[dropcap]L[/dropcap]es mauvaises relations entre Casillas et les dirigeants madrilènes ne datent pas d'hier. Florentino Pérez n'a jamais été totalement convaincu par Iker. Le président aurait voulu Buffon à sa place. L'Espagnol avait déclaré il y a quelques années en guise de pied de nez à ses supérieurs, que si Buffon venait au Real Madrid, il pouvait très bien venir pour être remplaçant. Antonio Romero, journaliste de la Cadena Ser, connaît Iker depuis des années et affirme que Pérez lui trouvait toutes sortes de défauts : "Les ballons lui rebondissent dessus, il les arrête avec la poitrine, il ne sait pas sortir, il est trop petit, il ne progresse pas avec les pieds, etc, etc. Le seul motif pour lequel Iker Casillas a résisté 16 ans dans les cages du Real Madrid, c'est qu'il est très bon. Ils ont voulu le liquider depuis des années et dès qu'il a commencé flancher, le petit nombre de gens qui voulaient le tuer depuis le début ont vu leur opportunité. Cette opportunité à un prénom et un nom : José Mourinho."
Humilié par le Portugais, le gardien fait le dos rond. Il encaisse sans rien dire et espère que'à son retour de blessure, il aura à nouveau sa chance. Celle-ci ne viendra jamais et lors du dernier match de la saison, il n'est même pas convoqué. Face aux attaques répétées du Special One, le club ne l'a jamais défendu. Il aurait très bien pu partir à ce moment-là. Tous les grands d'Europe l'auraient accueilli. Le Real Madrid s'en serait mordu les doigts l'image du capitaine madrilène serait restée intacte. Dans ce monde, tout ce que vous avez c'est votre réputation et rien ne se perd aussi rapidement que celle-ci. Le club aurait alors réalisé son erreur et aurait été le grand perdant. Des Iker Casillas, ça ne se trouve pas à tous les coins de rue. De plus, El Santo avait déjà tout gagné dans sa carrière. Au lieu de ça, il est resté. Resté par amour du Real Madrid.
Entrevoyant une possibilité de récupérer sa souveraineté sous les ordres d'Ancelotti, il a accepté de poursuivre l'aventure. Bien qu'encore une fois relégué deuxième dans la hiérarchie, il n'a pas voulu se séparer du Real. C'est alors que les critiques à l'égard de son niveau se sont intensifiées. Malgré tout, grâce à certains arrêts clés de sa part, le club remportera la Coupe du Roi et la Décima. Là encore, il aurait pu s'en aller. Cette dixième Coupe d'Europe acquise, il ne lui restait plus rien à accomplir avec le Real.
Dans l'euphorie de la victoire, il n'a pas changé d'avis. Par la suite, le mondial brésilien l'a encore fragilisé et les sifflets ont atteint leur apogée cette saison. Honni par son propre public... Encore une fois, c'est une minorité qui fait malheureusement plus de bruit que les autres qui se fait remarquer. D'anciens Ultras Sur notamment, qui souhaitent entre autres son départ, celui de Ramos et la mort de Del Bosque. La honte, pas un sentiment ressenti par tout le monde visiblement. Comme si le recrutement de Keylor Navas n'avait pas été suffisant, les personnes haut placées du club se sont mis en quête de De Gea. Le signal ne pouvait pas être plus clair.
Casillas a répété inlassablement qu'il voulait finir sa carrière au Real, cependant, on ne l'a pas laissé faire. Son niveau descendant aura parfaitement servi de prétexte à ceux qui le voulaient hors du club. Lors des derniers matchs, c'est un gardien pas en confiance qui a défendu le Real, apeuré par la possibilité de commettre une erreur. Steven Gerrard a été l'auteur d'une boulette qui a coûté le championnat à Liverpool et malgré tout, un an plus tard, tout le monde lui a unanimement rendu hommage. Si Ramos n'avait pas sauvé le Real à la 92e minute en finale de LDC, Casillas aurait été traité de tous les noms et pratiquement excommunié.
Et pour clore le chapitre, summum de l'opprobre, le club à cherché à le faire passer pour un grippe-sou et un mercenaire. Pas une seule seconde, les dirigeants ont cherché à lui faciliter la vie en lui donnant l'argent qu'ils lui devaient. Au lieu de ça, ils ont fait capoter le transfert vers Porto plus d'une fois. Cela s'appelle remuer le couteau dans la plaie. "José Angel Sanchez étant aux États-Unis, la fin des négociations se sont faites par WhatsApp", avançait le journaliste Carlos Bustillo vendredi soir. Le club avait même prévu de publier un communiqué expliquant que si le transfert n'avait pas abouti, c'était à cause de questions salariales. Qu'aurait dû faire Casillas ? Accepter les conditions du Real, se faisant marcher sur les pieds une énième fois ? Si votre patron ne voulait plus de vous et cherchait à vous virer depuis des années, partiriez-vous sans broncher et avec le sourire ? Le portier n'a pas refusé l'hommage qui lui était proposé pour rien. Il n'aurait pas accepté que le Real lui fasse une fête alors que durant toutes ces années ils ne l'ont pas respecté. Tout cela n'aurait été qu'une mascarade de feintes émotions.
Ce départ n'est pas un départ joyeux. C'est seul face à la presse que le capitaine s'est exprimé. Personne du club pour l'accompagner. Et comme dans le football tout va tellement vite, dans quelques temps un nouveau gardien débarquera à Madrid et le président dira tout sourire qu'ils ont tout fait pour s'adjuger ses services, que c'est le meilleur pour le Real et que c'était un rêve pour lui de défendre cet écusson. Qu'importe s'il n'a pas été formé au club et qu'il a joué pour l'Atletico, "c'était son rêve".
Au final, encore une légende du club mise à la porte. Del Bosque, Hierro, Guti, ils auront tous donné leur vie au Real et auront été éjectés comme des malpropres, traité d'anti-madridistes. La seule exception est celle de Raúl qui avait senti les choses arriver et qui s'est éclipsé sans faire trop de bruit et sans tâcher son image. Le capitaine éternel, comme il est surnommé, aura été le plus malin à l'heure de passer entre les gouttes amères du reniement.