Le Clasico est le match de tous les superlatifs, mais aussi celui de tous les clichés : la capitale contre la province, le grand contre le petit ou même la liberté contre l’unité. Comme dans toutes les images d’Épinal, il y a une part d'exagération mais aussi de vrai dans ces assertions. Mais comment distinguer le vrai du faux ? Où commence le mythe et où termine la réalité dans la rivalité entre deux équipes que tout oppose ?
Le match Madrid et Barcelone est suivi par près de 650 millions de personnes à travers le monde. Elle déchaîne les passions et déchire les parieurs. Vous aussi, entrez dans l’histoire et misez sur le prochain Clasico avec Betclic. Le site vous fait profiter d’un bonus de 100€ sur le sport si vous ouvrez un compte, le tout sans avoir de code promo à indiquer (voir ici).
Voici une petite rétrospective des drames et des crises qui ont émaillé les relations entre les deux clubs au point de faire du Clasico un enjeu politique majeur et un évènement mondial suivi par les pays du monde entier.
Santiago Bernabéu et la Guerre d’Espagne
L’homme qui a construit le Real et qui lui a donné son identité a pris une part active à la guerre civile espagnole au côté des troupes franquistes. En 1938, Santiago Bernabéu se retrouve sur le front et participe à l’invasion de la Catalogne. C’est un point que les supporters Blaugranas ne lui pardonneront jamais.
Avant de prendre la tête du Real Madrid, Bernabeu était fonctionnaire au ministère des Finances. Pour les Barcelonais, il incarne parfaitement la figure de l’homme du système opportuniste. Même si elle tire ces racines de la réalité, cette idée est exagérée. Bernabeu, au-delà de ses sympathies franquistes, a toujours gradé ses distances avec le Généralissime.
Le stade Chamartin en outre, n’a pas été construit avec les fonds de l’état, mais avec « un prêt et une souscription obligatoire auprès du Banco Mercantil e Industrial » comme le rappelle Paul Dietschy. Si les lignes semblent floues, le club s’est toujours soumis au pouvoir en place. Saporta ajoute quelques mois après la mort de Franco : « Parce qu’il est un club discipliné et qu’il se soumet avec loyauté à l’institution qui dirige la nation ».
Les Barcelonais diront sans doute la même chose de leur club… À la différence que l’institution est différente. L'une œuvre pour l'unité du pays et l'autre, pour en sortir. Quoi qu’il en soit, les deux clubs sont les instruments d’un pouvoir en place. Ils ne sont donc pas si différents.
Rivalités Real-Barca dans les transferts : les affaires Di Stefano et Luis Figo
Le transfert raté de Di Stefano en Catalogne est un psychodrame qui est encore très vif en Catalogne. L’Argentin aurait dû être associé au Hongrois Kubala à la pointe de l’attaque Blaugrana et faire rayonner le FC Barcelone sur la scène nationale. Alors qu’il était en Catalogne depuis plusieurs mois, les Madrilènes ont arraché sa signature à la suite d’une intervention indirecte de Franco.
Par la suite, Di Stefano deviendra l’un des meilleurs joueurs du Real. Il deviendra l'un des symboles de la domination des Merengues sur l’Espagne et sur l’Europe. Sportivement, Barcelone ne s’en remettra pas, mais le fait que le Generalissime se soit immiscé dans le transfert ajoute une dimension politique à la rivalité. Pour les Barcelonais, cela fait définitivement du Real le club du régime en place.
Luis Figo : un cadeau signé Florentino Perez
En 2000, Figo quitte le Barca pour le Real. Pour certains, c’est une trahison de la pire espèce. À première vue, l’affaire en elle-même n’est pas si dramatique. Le Portugais n'est qu'un « transfuge » ayant joué pour Barcelone puis le Real. Il y en a eu plusieurs avant lui : Luis Enrique, Michael Laudrup, Ronaldo, Saviola ou Eto’o.
Le drame Luis Figo est une affaire de symbole. Le Portugais, qui était l’ami de Guardiola le capitaine de l’équipe, quitte le Barca alors que ce dernier dominait le football national. Son départ sera une catastrophe : l’année d’après, Guardiola se blesse et manque la coupe du Monde. Le Barca cédera la Liga au Deportivo et devra attendre quatre ans avant de regagner le titre de champions d'Espagne. La signature de Figo a eu un effet domino et a fait s’écrouler la maison barcelonaise.
Mais ce que les supporters ne pardonneront jamais au Real dans cette affaire, c’est la première conférence de presse de Figo. Le Portugais apparaît avec le maillot du Real à la main, entouré par Florentino Perez et… Alfredo Di Stefano. Perez, qui avait promis d’arracher Figo au Barca s’il était élu président du Real, porte à jamais le sceau de la trahison pour les supporters de Barcelone.
Les Clasicos Madrid/Barcelone qui sont restés dans l’histoire
L’identité du Barca s’est forgée sur le terrain alors que celle du Real s’est avant tout jouée en coulisse. Le quart de finale retour de la Coupe du Roi en 1970 marque pour certains la véritable naissance des Blaugranas. Alors que ces derniers ont perdu 2-0 au match aller, ils prennent les devants au match retour, mais l’arbitre offre un penalty très contestable au Real.
Les Barcelonais, fait assez rare, s’en prennent à l’arbitre et le conspuent. Ils se feront éliminer de la compétition, mais cette image forte marque la naissance d’un mythe. Pour certains supporters toutefois, le fondement de l’identité du Barca remonte au 11-1 que l’équipe a encaissé en 1943 lors des demi-finales retour de la coupe du Generalissime.
En 1974, le Barca de Johan Cruyff inflige une "Manita" au Real (5-0). Le néerlandais remportera le Clasico 20 ans plus tard sur le même score, mais en tant qu’entraîneur cette fois. Ce score est de l’ordre du symbole. À partir de 5 buts encaissés, le sport disparaît et seule reste la honte. Valdano, l’entraîneur du Real en 1994, avouera que ses joueurs se sont arrêtés de jouer lorsque la barre des 5 buts a été franchie. L’année suivante, toutefois, les Merengues s’imposeront sur le même score.
Clasico Real/Barca : une passion au delà de la raison
La rivalité entre Barcelone et le Real revêt une part de fantasme dans l’âme des supporters. Si la réalité est souvent amplifiée sous l’effet de la passion, il existe des ferments sur et en dehors du terrain qui donnent raison aux supporters les plus radicaux. Les deux clubs, pour exister, ont du parfois mettre de côté la moralité. Du côté du Barca, on pourrait par exemple citer l'affaire des embauches de mineurs entre 2009 et 2013, qui a valu au club une interdiction de recrutement très lourde de la part de l'UEFA.
Ce qui donne au Clasico une dimension véritablement intemporelle, c’est qu’il intègre tous les éléments d’une saga : des personnages charismatiques que l’on retrouve époque après époque dans des rôles différents, des philosophies radicalement opposées et surtout deux trajectoires de construction en prises l’une avec l’autre. Pour paraphraser Belmondo dans « Un singe en hiver » : « Le Real sans le Barca, c’est comme Mourinho sans Guardiola, Cristiano Ronaldo sans Lionel Messi, quelque chose qui déplaît à Dieu ». Les deux équipes, au-delà de leurs inimités sont inséparables l’une de l’autre.