Le défenseur du Real Madrid et de l'Equipe de France Raphaël Varane a livré une interview auprès du média Le Parisien. Extraits.
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On ne vous a guère entendu depuis le titre mondial. Comment jugez-vous les huit premiers mois de votre saison ?
Une année post-Coupe du monde ne ressemble à aucune autre. On le savait. J’ai écourté mes vacances pour renouer avec la compétition le 15 août lors de la Supercoupe d’Europe où j’ai disputé 120 minutes. Collectivement, ces derniers mois se sont révélés compliqués avec le Real. Les résultats n’ont pas été bons. Individuellement, j’ai aussi eu un peu de mal à démarrer. J’ai eu besoin de près de trois mois pour redevenir moi-même sur le terrain. Je n’ai rien lâché. À partir de novembre, j’ai commencé à retrouver des sensations positives.
Votre parole est rare. Pourquoi ne vous exprimez-vous pas davantage ?
Ça correspond à ma personnalité, à ma façon d’être. Par le passé, on a parfois trop voulu me changer. Sur cette Coupe du monde, on m’a, entre guillemets, accepté comme je suis. C’est une fierté. On ne peut pas me demander d’être un autre.
C’est une satisfaction d’avoir réussi à imposer votre personnalité ?
Bien sûr. Je ne suis pas un aboyeur, mais j’essaie de transmettre de la sérénité et de la motivation à mes partenaires. Ce serait forcer ma nature de me mettre à crier ou à taper contre les murs. Certains font beaucoup de bruit pour rien et n’ont pas valeur d’exemple pour autant. Quand je prends la parole, je suis écouté. Ça me va très bien ainsi. C’est quelque chose que j’ai appris de Zizou. J’ai pu observer sa manière de procéder. Il suscite un profond respect dans un vestiaire comme celui du Real sans avoir à parler fort.
De l’extérieur, la pression semble glisser sur vous…
Je renvoie peut-être cette image, mais je suis quelqu’un d’assez stressé. J’ai appris à bien gérer la pression. Aujourd’hui, elle est davantage chez moi une source de motivation.
Qu’a Kylian Mbappé de plus ou de différent de tous les autres champions que vous avez côtoyés ?
Il a quelque chose de particulier. J’en veux pour preuve l’attitude de notre public. Quand il prend le ballon, les gens se lèvent et lui demandent d’aller marquer un but. Ça reflète bien ce qu’il peut dégager sur un terrain. J’ai connu quelques extraterrestres dans ma carrière. C’est la première fois que j’en rencontre un aussi doué et aussi jeune. Je suis marqué par son intelligence, sa maturité et son talent monstrueux.
Jusqu’où peut-il aller ?
Là où il en a envie.
L’Euro est le dernier titre qui vous manque. Vous réalisez qu’en 2020, à seulement 27 ans, vous pourriez avoir remporté toutes les distinctions collectives ?
Mon prochain objectif avec les Bleus est clairement identifié. J’ai mal vécu mon absence à l’Euro 2016. Ça restera toujours une cicatrice. J’ai eu du mal à en faire mon deuil, même si avec du recul ça a pu être un mal pour un bien. Ça m’a permis de revenir plus fort. Aujourd’hui, ce caractère-là, il s’est vu, mais je l’ai eu depuis toujours. Quand il y a des moments durs, comme cette saison avec le Real, je suis là.
Gamin, dans votre chambre du centre de formation de la Gaillette à Lens, franchement, vous vous imaginiez un tel destin ?
C’était impossible. Jusqu’à l’âge de 15 ans, je jouais juste pour le plaisir. L’idée de devenir pro ne m’effleurait même pas l’esprit.
Avez-vous le sentiment de bénéficier d‘une aura à la hauteur de votre incroyable palmarès ?
J’aime bien cette question. Si vous me la posez c’est que ça sous-entend que non (il sourit). L’important c’est le regard de mes équipiers, la manière dont je suis perçu. Leur reconnaissance suffit à mon bonheur. C’est pareil quand Michel Platini explique qu’il m’aurait choisi pour le Ballon d’Or, on peut difficilement rêver plus bel hommage.
Champion du monde et vainqueur de la Ligue des champions, vous avez pourtant seulement été classé à 7e place du Ballon d’Or. Était-ce injuste ?
Peut être. Il faut interroger le jury.
Plus généralement, comment cette récompense a-t-elle pu échapper à un joueur français ?
Avec Kylian et Antoine, on était trois en lice. Il y a sans doute eu une dispersion des votes.
Vous êtes lié au Real jusqu’en 2022. Avez-vous engagé une réflexion sur votre avenir ?
Je n’ai pas envie d’évoquer mon avenir. Je n’ai pas pour habitude de m’exprimer publiquement sur mon futur.
Comment avez-vous vécu le retour de Zidane à Madrid ?
Neuf mois c’est court. C’est comme si je l’avais quitté hier. J’apprécie beaucoup l’homme et le technicien. Il a été très important pour moi. C’est marrant, car il existait les mêmes doutes pour lui, avant ses débuts d’entraîneur en janvier 2016, que pour moi avant le mondial 2018. Par rapport au leadership, à sa discrétion dans un vestiaire comme le Real réputé mouvementé. Il a réussi à faire taire les critiques, de fort belle manière et à démontrer son aptitude à entraîner le plus grand club au monde.
source Le Parisien