Sept journalistes européens analysent ce qui se passe au stade Santiago Bernabéu lors des grandes soirées européennes comme celle de ce soir.
Les remontadas du Real dans son antre ont remué toute l'Europe. Jeu, chance, magie ? Le quotidien Marca a fait le tour des journalistes européens et relevé leurs impressions à ce propos.
"Ce n'est pas de la magie. Il y a trois facteurs. Un : Benzema, qui n'a jamais été aussi bon, aussi efficace et aussi leader. Il est capable d'entraîner ses coéquipiers, de les faire revivre. Deux : son adversaire joue peut-être mieux, mais il exploite le moindre signe de faiblesse de l'adversaire. Et c'est tout à l'honneur d'Ancelotti. Et, trois : il conserve un bon nombre de joueurs qui sont quatre fois champions d'Europe. Les Madrilènes ne sont jamais nerveux, même si les choses vont mal pour eux", explique Frédéric Gouaillard du Parisien.
Correspondant en Espagne du Guardian, Sid Low livre son analyse : "Il y a plusieurs explications, dont aucune ne vaut peut-être à elle seule. La première est que le Real Madrid dispose de plusieurs joueurs exceptionnels, capables de sortir du chapeau quelque chose de spécial lorsque leur équipe est en difficulté. La passe de Modric à Rodrygo contre Chelsea était géniale, au dessus de tout. Ils ne sont peut-être pas la meilleure équipe, mais ils ont quatre joueurs qui sont les meilleurs du monde : Benzema, Modric, Courtois et Vinicius. Puis ils embrassent le chaos, et cela fait toujours bouger les choses. C'est le côté illogique, des choses comme l'ambiance le jour du PSG apparaissent. Il y avait de la frustration et soudain, avec un match nul 1-1, l'atmosphère est devenue bouillante, extatique. C'est là qu’arrive le trac et l'état d'esprit. Le Real croit que tout peut arriver, ses adversaires sont terrifiés, car ils savent ce qui s'est déjà passé. Il vaut mieux que City ne marque pas en premier pour ne pas effrayer la bête blanche !"
Giorgia Cenni a parcouru les meilleurs terrains du monde au micro de Sky Sport, mais il y en a un où elle a l'impression que quelque chose est hors contexte : "Le Bernabéu est magique, je l'ai vu de mes propres yeux. Vous ne pouvez l'expliquer que si vous l'avez vécu de l'intérieur. J'ai visité de nombreux stades et il n'y a rien de tel. Dès qu'ils sortent le tifo, le sentiment est très fort. Il n'y avait rien de tel à l'Etihad il y a une semaine. Les fans font la différence. Et, comme le dit Ancelotti, on voit que les joueurs sont des madridistas, que leur cœur est toujours en feu. C'est de la magie totale."
Depuis le pays où les Madrilènes ont le plus souffert dans leur histoire, Jonas Ortmann (Bild) propose une métaphore qui en dit long : "On ne bat pas Madrid sur son terrain avant que son bus n’a pas quitté le stade. Tant que Modric et Benzema sont sur le terrain, tout peut arriver. Le retour contre le PSG a libéré cette énergie supplémentaire, cette magie. Manchester City s'y rendra sans crainte, mais tout spectateur sait qu'à Bernabéu tout est possible."
Le grec Panos Kostopoulos (Gazzeta.gr) décrit : "Ce qui se passe ne peut pas être expliqué par la logique, c'est quelque chose d'impressionnant. Les supporters madrilènes ne sont peut-être pas les plus bouillants, mais tous ceux qui s'y rendent savent que leur équipe peut revenir de tout. Et le rival sait que, quoi qu'il arrive, le favori est cette équipe aux 13 coupes européennes."
À Stockholm, Johana Gara (Forza Football), voit les choses de la même manière : "Bien sûr, il y a une certaine magie entre le Bernabéu et son équipe. Et les adversaires du Real Madrid le savent. Mais c'est aussi une équipe qui a quelque chose de très spécial : ils ont l'air mort et ils reviennent toujours à la vie. Toujours !"
Depuis Lisbonne, Pedro Barata (Expresso) est catégorique : "Si quelque chose se produit autant de fois, ce n'est pas une coïncidence. Les gens à Madrid y croient parce qu'ils l'ont vu se produire tant de fois, c'est pourquoi il ne faut rien pour que l'étincelle s'allume et que la folie commence. Et il y a des joueurs qui ont contribué à accroître cette chose mystique des années 80. L'opposition sait que si vous êtes à 0-2 et que vous en ratez un, Madrid vous tombera dessus. Il est difficile de ne pas tomber dans les clichés quand on parle de ce qui s'y passe".