Le sélectionneur de la Belgique, Roberto Martínez, a accordé une interview à Marca. Il y parle de la Coupe du Monde au Qatar, ainsi que d’Eden Hazard et Thibaut Courtois.
Comment arrive la Belgique à ce Mondial ?
Avec des incertitudes. Nous devons être conscients de ce à quoi nous allons être confrontés : une Coupe du Monde sans période d'adaptation. Nous avons toujours préparé les grands matchs dans le but d'atteindre le point optimal de chaque joueur. Pas ici. Nous avons toutes les informations et les statistiques, mais nous ne savons pas comment chaque joueur va aborder la compétition avec seulement 7 jours pour se réunir avant le début.
Il y a de l'incertitude, mais nous arrivons avec beaucoup de motivation, d'enthousiasme et d'expérience. Nous avons terminé une période très importante. Nous savons où et avec qui nous y allons. C'est peut-être la fin d'un cycle pour de nombreux joueurs, comme on peut s'y attendre, mais c'est la loi de la vie et du football.
La Belgique a terminé troisième en 2018. Pensez-vous qu'il soit possible de gagner la Coupe du monde ?
Gagner la Coupe du monde signifie gagner sept matchs. Nous avons beaucoup d'enthousiasme, d'envie et nous voulons atteindre les sept matchs, mais, pour cela, il faut d'abord mériter de jouer le quatrième. À partir de là, nous savons que les marges seront minimes, mais nous avons l'expérience de 2018 et des gens très enthousiastes qui n'étaient pas en Russie.
Le mélange est très bon, en étant conscient que nous allons jouer une Coupe du Monde avec beaucoup d'inconnues. Je suis sûr que nous allons voir beaucoup de surprises parce qu'il n'y aura pas d'équipes qui pourront tirer le meilleur parti de leurs individualités parce qu'il n'y a pas de période d'adaptation. Les trois matchs de groupe serviront de rodage.
Parlons d’Eden Hazard. Sur les 14 derniers matchs du Real Madrid, il n'a joué que 71 minutes. Êtes-vous inquiet pour sa forme physique ?
La situation d'Eden a beaucoup changé depuis notre examen minutieux. Nous ne suivons pas Eden pour voir son rythme ou son intensité. Nous avons changé la "puce". Nous nous concentrons sur le talent qu'il possède et sur les expériences qu'il accumule avec l'équipe nationale. Il est le capitaine, il a une grande influence sur les autres et il a fait preuve d'un grand engagement. Pour moi, c'est la chose la plus importante. Nous sommes conscients que nous sommes une meilleure équipe quand Eden est dans notre vestiaire.
Le rythme du jeu et les minutes qu'il joue avec le Real Madrid peuvent modifier son niveau physique dans un tournoi où il y a tant de matchs en peu de temps. Nous avons un plan très individualisé pour tirer le meilleur parti d'un joueur qui est très important pour notre équipe nationale. Je sais qu'il y aura toujours un débat et que, dans une sélection, on regarde les joueurs qui ont un bon niveau dans leur club, mais avec Hazard, nous ne valorisons plus cette situation.
Il est l'un des huit joueurs belges qui comptent plus de 100 sélections. Son rôle dans l'équipe nationale va bien au-delà de ce qu'il fait au jour le jour. Nous avons une confiance aveugle et la conviction que son talent, son expérience et son attitude font de nous une meilleure équipe.
Eden a joué son dernier grand match en huitième de finale de l'Euro 2020 contre le Portugal. Pourquoi voyez-vous un Hazard avec la Belgique et un autre avec le Real Madrid ?
Eden a la nature d'être un leader et un joueur important. Nous devons le comprendre et lui donner ce rôle. Pour nous, il est très important. Il a une grande capacité dans les situations de un contre un. Il y a différents environnements, différentes équipes, différentes manières de jouer, différents tournois. Le Real Madrid est un club très exigeant et il prend ses propres décisions.
Pour nous, Eden est un joueur qui nous rend meilleurs et maintenant nous devons lui donner l'opportunité de lui donner le niveau physique maximum pour qu'il puisse utiliser sa qualité pour l'équipe.
Avez-vous été contrarié par la septième place de Courtois au Ballon d'Or ?
C'est une question à double lecture. J'ai toujours considéré Thibaut Courtois, depuis plusieurs saisons, comme le meilleur gardien de but du monde. Même dans les mauvais moments avec le Real Madrid, il a montré comment rebondir après une situation difficile et gagner un rôle comme celui qu'il a chez les champions européens actuels. Il est très important d'avoir un gardien de but avec cette capacité, ce leadership, cette maturité..... Courtois, avec sa présence et sa qualité technique, arrête des ballons que d'autres ne peuvent pas arrêter. Il a été désigné meilleur gardien de la Coupe du Monde 2018 et il vit aujourd'hui un moment encore meilleur.
En ce qui concerne les récompenses individuelles, c'est l'éternel débat. Je ne pense pas qu'un gardien de but doive être comparé à un joueur de champ. Cela semble injuste pour les deux. Courtois a été le joueur le plus influent du Real Madrid lors de la victoire en Ligue des champions. Je ne me souviens pas d'un autre cas dans le football moderne où un gardien de but a été désigné MVP en demi-finale et en finale. Je pense qu'il méritait le Ballon d'Or pour l'influence directe qu'il a eue sur le succès de son équipe. Benzema l'a également mérité, mais c'est le bon moment pour repenser ce qu'il faut faire avec les récompenses individuelles. Il n'est pas normal qu'aucun gardien de but ne l'ait remporté depuis Yashin.
Il termine son contrat après la Coupe du Monde et a été mentionné pour les bancs de Madrid, Barcelone et de l'Espagne. Où se situe l'avenir de Roberto Martínez ?
Ça ressemble un cliché, mais je me concentre sur la Coupe du Monde comme s'il n'y avait pas de lendemain. C'est comme ça que j'ai toujours fait et c'est comme ça que nous ferons. La seule chose qui compte pour moi, c'est la Coupe du Monde. Ensuite, nous devrons nous asseoir avec la fédération et voir à quoi ressemblera le prochain cycle. Ce n'est pas seulement ma décision et je n'ai pas pris de décision. Je laisse la porte ouverte pour voir comment se déroule le Mondial.