Résumons la saison d'Álvaro Arbeloa : un clash exacerbé avec Piqué et huit petits matchs joués. Résumons maintenant la carrière d'Arbeloa : Liverpool, le Real, une Coupe du Monde, deux Euros, une Ligue des Champions, une Liga, deux Coupes du Roi. Hommage contrasté.
Du haut du quatrième amphithéâtre du Bernabéu, on reconnaît les joueurs grâce à trois choses : leurs chaussures fluos, leur coupe de cheveux et leur teint. Comment faisait Arbeloa pour reconnaître ses idoles, quand les chaussures étaient noires et on n'avait pas les cheveux rasés sur les côtés et plus longs sur le dessus ? Car il y était lui, au quatrième amphithéâtre. Il faisait aussi partie de la bruyante foule que le bus fendait, en arrivant au stade. C'est de là qu'est issu Arbeloa. De ce madridisme brut, impoli parfois, spartiate.
Des hommages, il en a reçu beaucoup depuis deux jours. Celui de son vieux pote Granero a particulièrement de valeur. El pirata et Arbe se connaissent depuis l'époque dorée de leur Castilla. Ensemble, ils ont connu la montée en D2 au Bernabéu. Ensemble, ils se font toujours un plaisir de tacler le Barça. "Álvaro est une des seules personnes qui savent ce que signifient réellement les valeurs du madridisme. Un des seuls qui peut agripper l'écusson du maillot par droit, l'embrasser et demander au public qu'il se lève de son siège et crie, sans se mettre en avant. De la même manière qu'il occupe déjà une place dans l'histoire du Real Madrid, le club a besoin, c'est certain, que ces peu de gens comme Álvaro participent à la construction des prochains succès". Arbeloa est un homme qui a fait passer la cause qu'il défend avant sa personne. On ne l'aime pas vraiment, jusqu'à ce qu'on découvre son parcours et son amour du Real. Et même après ça, on témoigne plus de respect et de sympathie que de ferveur.
C'est parfois à en oublier que son activité principale est le football. On ne trouve pas chez lui ce qu'on admire chez un joueur, une fois qu'il a chaussé les crampons. Quand on parle d'Arbeloa, il y a toujours un "mais". Malheureusement pour nous, Arbeloa n'est pas Raúl. Il aime son club plus que les autres, mais il n'a rien d'anthologique. C'est un exemple pour les jeunes joueurs, mais s'il reste sur le banc, ce n'est pas déplaisant. "Mais".
C'est d'ailleurs plutôt injuste comme pensée. Quand on le compare avec Carvajal, forcément, ça ne le met pas en avant. Arbeloa n'est pas nul. Aux dernières nouvelles, pour intégrer le Real Madrid, il faut ne pas être nul. Non, cette atteinte à son niveau est à relativiser. Et en plus, il a gagné des trophées avec l'Espagne, joué pour un beau Liverpool, été souvent titulaire pendant quatre ans au Real. Malgré ces accomplissements, s'il y a un joueur qui subit les dépréciations, c'est lui. "C'est le maillon faible, c'est le joueur le moins prestigieux de l'équipe, on ne sait pas ce qu'il fait là, etc". Est-ce que ça l'affecte ? Développons, reformulons : est-ce qu'un type qui a la moitié des fans de foot du pays à dos et même une partie des fans de son propre club, est affecté par de telles critiques ? Ce qu'on ne veut pas comprendre, c'est qu'Arbeloa n'est pas venu pour faire l'unanimité. Il est venu pour vivre aux côtés de son Real et accessoirement, ne pas se la fermer.
Irrités comme admiratifs, nous te disons merci, Canterano !