Zidane va faire ses grands débuts ce soir. Il amène avec lui sa légende et un nombre important de questions, auxquelles la rédaction de Real-France répond.
L'arrivée de Zidane enthousiasme le Madridisme, mais apporte avec lui son lot d'interrogations. Nos rédacteurs tentent d'y répondre.
1. Zidane est une légende parmi les légendes ? N'a-t-il plus à y perdre qu'à y gagner ? Ca se finit rarement bien avec nos entraîneurs...
Effectivement, Zidane prend un risque. Mais il a décidé de le prendre depuis le jour où il a entrepris de devenir entraîeur. Son choix étant fait, être à la tête du Real Madrid, ça ne se refuse pas.
2. Est-ce que son manque d'expérience est préjudiciable ? Personne n'entraîne le Real sans rien avoir gagné
S'il est capable de mettre en confiance ses joueurs et que ses idées passent, il aura fait les 3/4 du boulot. L'expérience au Real, ça vaut ce que ça vaut, finalement. Être entraîneur à Madrid, c'est surtout mener un groupe. Pour ce qui est de la tactique et de la préparation, il a passé ses diplômes ; il est apte. De plus, un entraîneur est obligé de déléguer une bonne partie du travail à ses adjoints.
3. À quel projet de jeu s'attendre ? Une football offensif mais de quel type ?
Un football de ''jugones'', de joueurs. Je pense qu'Isco et James ensemble, on le verra beaucoup avec lui. Relance depuis derrière, projection rapide vers l'avant, dribbles s'il le faut, pas de possession prolongée. En quelques mots, séduisant car rapide et dynamique. Malgré sa timidité apparente, Zidane a du caractère et de la personnalité. Sans ça, il n'aurait jamais été la légende qu'il est devenu en tant que joueur.
4. Est-ce le meilleur choix possible ?
Oui. Pour le Real mais aussi pour Pérez, qui utilise peut-être sa dernière grosse carte sur le plan sportif. Si ça passe, il est sauvé, sinon, ça va s'avérer difficile pour lui. Mouriho et Heynckes auraient été trop durs à faire revenir de toute façon.
5. La gestion du groupe sera-t-elle le facteur le plus important ? Après tout, les joueurs savent tous jouer au foot...
L'un des facteurs les plus importants oui. On a vu avec Ancelotti que ça fonctionnait, même si l'Italien n'était finalement pas un grand tacticien.
6. Zidane sera-t-il plus épargné par les médias, les supporters ?
Peut-être au début, oui, mais si les résultats ne suivent pas, il subira le même sort, tout Zidane qu'il est.
7. C'est une volonté de Pérez que de voir Zidane à la tête du Real. Une volonté marketing ou un cadeau ?
Il l'a toujours voulu et de surcroît, il n'avait que cette option. Zidane, c'est LE joueur de Florentino. En terme de marketing ça peut être un coup de maître,surtout si Zidane réussit. Les élections approchent et cette décision pourrait renforcer son aura.
8. En faisant cette faveur à Zidane, Pérez ne prend-il pas encore plus le contrôle du club ? Zidane lui est redevable en quelques sortes...
Oui et non. Ce sera une relation réciproque. Il est clair que Zidane ne va pas s'opposer à Pérez. La BBC jouera par exemple. D'un autre côté, Pérez écoutera Zidane car il respecte profondément ses avis. En matière de transferts, il n'en fera pas qu'à sa tête. Une première depuis Mourinho. Le destin du président et de Zidane est lié.
9. Il y aura forcément une période où ça ira moins bien et où l'excitation initiale sera retombée. Est-ce de ça dont il y a matière à s'inquiéter ?
Tout comme d'autres avant lui, il subira les retombées. Lorsque l'équipe aura un coup de mou, il sera comme tous les autres, si ce n'est que la presse devrait être plus tendre. Sa légende et sa discrétion font de lui quelqu'un d'adoré en Espagne, où il vit depuis quinze ans.
10. De quel crédit dispose-t-il ?
Il faut distinguer le crédit auprès de la presse et les supporters, de celui du président. L'engouement autour de son arrivée est monstrueux mais ça va redescendre au fur et à mesure. À partir de là, il sera considéré de la même façon que ses prédécesseurs. À la seule différence que la presse sera très certainement moins dur envers lui en cas de mauvais résultats. Les gens eux, seront plus indulgents je pense. Déjà, car il est arrivé en milieu de saison. Puis ensuite, c'est Zidane, la légende du club. Les Madridistas ne souhaitent pas voir Zidane en échec au Real.
En ce qui concerne le crédit auprès du président, il sera sûrement majeur. C'est un énorme pari de sa part. Si ça se passe mal, Pérez est directement touché. Du coup, il sera plus patient avec Zidane, car son mandat et sa crédibilité sont en jeu.
11. Benítez et Ancelotti ont dû faire face à un effectif complètement déséquilibré. Y'a-t-il un moyen de réussir avec cette équipe ?
Ancelotti a dû faire avec le départ préjudiciable de Di María et d'Alonso lors de sa deuxième saison. Benítez a dû faire avec des joueurs qui n'ont jamais voulu lui donner sa chance. Zidane fascine par ce qu'il a été. De ce fait, l'équilibre et les efforts se feront plus naturellement. Le gros défi de Zidane est d'utiliser sa force de persuasion pour unifier l'équipe sur le terrain. Faire redescendre les membres de la BBC notamment. Ce n'est pas un secret, cette équipe traîne derrière elle les boulets de recrutement incohérents, bien trop souvent tournés vers l'offensif. Mais actuellement, Zidane peut atténuer les déséquilibres en faisant respecter ses directives.
12. En tant que jeune entraîneur et ancien entraîneur du Castilla, Zidane donnera-t-il leur chance à Jesé, Cheryshev, Lucas, etc ?
Je doute qu'il en fasse plus que les autres, d'autant que nous sommes déjà à mi-saison. Il n'a pas beaucoup de temps pour essayer, il doit gagner, tout de suite. Les meilleurs jeunes joueront parce qu'ils méritent de jouer, et non parce que l'entraîneur fera des expériences. Jesé et Lucas s'en sortiront. Pour Cheryshev, ça risque d'être difficile. Et attention à Mariano, le joueur du Castilla. Il devait partir mais Zidane a eu confiance en lui. Résultat, il marque et vient d'être prolongé.
13. Florentino Pérez : 12 années de présidence, 11 entraîneurs. Le limogeage si rapide de Benítez n'est-il pas une preuve des erreurs de gestion sportive du président ?
Pérez est un président hors pair, mis à part sur ce fait. Il manque de patience et cède souvent devant l'avis des socios. S'il était aussi bon sportivement qu’économiquement, le Real aurait le double de palmarès sous sa présidence. Malheureusement on en est loin. Il faut aussi dire que Pérez est un homme particulier. La valse des entraîneurs au Real est en partie compréhensible, quand on connaît un peu son caractère. Il gouverne le Real par l'émotion.