Karim Benzema a accordé un long entretien au magazine France Football. L'attaquant madrilène parle de son nouveau statut de leader et de sa vie de famille.
Vous avez changé votre préparation personnelle ces derniers temps ?
Oui, parce qu’à trente et un ans tu n’as pas le même corps qu’à vingt ou vingt-deux ans. Il faut aimer faire mal à ton corps pour le préparer. Plus tu vas travailler, plus tu vas te sentir bien. C’est pourquoi il est impossible que je prenne un ou deux kilos car je vais le voir tout de suite. Jusque dans la qualité de mon sommeil. Avec les exercices, notamment de gainage musculaire, que je fais au centre d’entraînement et chez moi, j’ai l’impression désormais de voler sur le terrain. Et je suis mieux protégé des blessures.
On vous voit parler comme jamais sur le terrain. Pourquoi maintenant ?
Avant, je ne le faisais pas parce que d’autres personnes s’en chargeaient et que je me sentais peut-être moins en confiance. Aujourd’hui, je me sens vraiment leader de cette attaque et je suis là aussi pour dire à mes coéquipiers qu’un but de l’adversaire ne doit pas nous atteindre. Je dois montrer l’exemple. Je me sens beaucoup plus légitime. Il y a des joueurs qui parlent en dehors du terrain, moi je fais partie de ceux qui s’expriment avant tout sur le terrain.
Partagez-vous votre expérience avec les jeunes ?
Oh oui, c’est important. Les jeunes me font penser à moi à mes débuts à Lyon. Je le vois par exemple avec Vinicius, qui n’a que dix-huit ans. Parfois je lui demande des trucs et après, je me dis : “Attends, il a dix-huit ans, vas-y mollo. Souviens-toi comment tu étais à cet âge...” Mais je lui parle comme ça parce que je sais qu’il peut le faire. Il est très fort.
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Vous disiez souvent que Zidane était votre grand frère. Qu’est-ce qu’il vous a apporté ?
Les personnes qui t’aiment, tu les reconnais dans les mauvais moments. Et lui a toujours été à mes côtés, il m’a toujours soutenu. Du début à la fin. On est toujours très souvent en contact.
On sent la même confiance avec Santiago Solari, votre coach actuel...
Ils ont un peu le même style, car ils ont été tous deux de grands joueurs. Solari parle football et écoute football. Moi aussi, j’ai confiance en lui car il me met dans les meilleures conditions.
Quelle est la différence entre le Real de vos débuts et le Real actuel ?
On est montés en puissance pour devenir la meilleure équipe du monde. Au départ, il y avait beaucoup de nouveaux joueurs mais peu à peu nous avons grandi. Cela a commencé avec l’arrivée de Mourinho (en 2010), qui a mis dans nos têtes que nous avions la capacité de devenir, justement, la meilleure équipe de la planète.
Vous disiez au début de cet entretien que votre bien-être dans le football trouvait sa source dans votre bonheur familial...
La famille, c’est ce qu’il y a de plus important. La famille, elle sera toujours là, ce ne sont pas les potes. Aujourd’hui, j’ai des enfants (une fille de cinq ans et un garçon d’un an) et je peux passer tout un après-midi à regarder des dessins animés avec eux ou aller faire du trampoline ou du toboggan. Peu importe, l’important c’est d’être avec eux. Ces choses simples sont en fait exceptionnelles. Comme aller chercher ma fille Mélia à l’école.
Il y a de nombreux centres éducatifs très chics à Madrid, des écoles internationales où les footballeurs mettent leurs enfants, mais vous avez choisi de scolariser votre fille dans le système public, à l’école française de Madrid...
Le privé, c’est bien, mais je voulais que ma fille voit ce qu’est l’école publique. Quand je l’emmène à l’école je me revois à son âge. Et puis surtout, c’est l’éducation française. On vit à l’étranger mais on est français, et il faut que ma fille sache que sa première langue, c’est le français.
Dans ce bonheur qui est le vôtre, n’avez-vous pas tout de même le regret de ne pas être champion du monde ?
Je me dis que c’était écrit comme ça. Des regrets ? Oui, sur le coup, parce que tu te dis que tu aurais pu. Mais dans le fond, non, pas de regrets car je joue au Real Madrid et que j’ai tout gagné. Alors, ça cache la déception.