La spécialiste en physiogénomique (nutrition pour athlètes) qui s’occupe de Carvajal et Rodrygo a accordé une longue interview au quotidien Marca.
Itziar González de Arriba est physiothérapeute, ostéopathe, maître en nutrition et santé, maître européen en nutrigénomique, diplômé en thérapie régénérative, expert en immuno-nutrition de l'Université catholique de Valence et diplômé en nutrition de l'Université de Burgos. Un CV qui en impose.
Deux joueurs du Real Madrid, Carvajal et Rodrygo, désespérés par des blessures musculaires, ont eu recours à ses services. L'alliance avec Itziar a changé leur vie, et a fait d'eux des pièces essentielles des titres remportés par le Real Madrid la saison passée. Elle s'est exprimée auprès de Marca.
Pour commencer, qu'est-ce que la physiogénomique ?
En tant que physiothérapeute, je sais qu'il y a beaucoup de patients qui ne s'améliorent pas avec les techniques manuelles. Dans ma quête pour améliorer la qualité de vie des patients souffrant de problèmes chroniques, je constate que le changement des habitudes alimentaires est ce qu’il y a de plus efficace, parvenant, par exemple, à faire disparaître en quelques jours une douleur dont ils souffraient depuis des années, et cela simplement en modifiant leurs habitudes alimentaires.
Quel est l'élément clé de votre travail ?
Ce qui différencie mon travail des autres, c’est tout d'abord qu’il est complémentaire du travail d'autres professionnels (y compris des nutritionnistes du club). Ensuite, je recherche un ensemble de nutriments qui agissent comme des sirops pour atteindre une santé optimale d'abord et une performance optimale ensuite, de manière personnalisée. Trouver son régime idéal nécessite une étude exhaustive qui prend beaucoup de temps, différents tests et l'analyse de votre évolution. Il n'y a pas deux personnes identiques, et il n'y a pas deux directives identiques. Il arrive même que les directives soient inversées. Il y a par exemple un joueur à qui on interdit le maïs et un autre qui ne s’alimente quasiment qu’avec ça. Au final, les deux réalisent les meilleures performances de leur carrière avec des schémas presque opposés.
Comment était-ce de commencer à travailler avec Rodrygo et Carvajal ?
Aussi difficile que de travailler avec des athlètes de football d'élite. Ils étaient très désireux d'apprendre et de s'améliorer, et ont donc rendu les choses bien plus faciles que prévu. Je dois remercier les services médicaux du Real Madrid qui m'ont soutenu à tout moment, m'ont aidé, m'ont complété et cela a également rendu les joueurs plus confiants. Parce que le principal problème dans mon travail est que les joueurs soient performants. Améliorer leur santé et leurs performances est assez facile, mais la difficulté est de les sensibiliser suffisamment pour qu'ils suivent les directives que je leur impose. C'est dur pour eux, mais c'est dur pour le reste de l'humanité... Personne n'aime ne pas être autorisé à manger ce qu'il aime. Ils ont tous deux été très professionnels et, dès le début, ils étaient prêts à faire des sacrifices.
Il s'agit de deux cas de blessures graves au cours des dernières saisons. Est-ce lié à leur régime alimentaire ?
Le régime alimentaire ne fait pas tout, mais il y a des gens qui en sont très dépendants. Ils n'ont pas mal mangé. En fait, ils ont toujours essayé de prendre soin d'eux afin d'être plus performants, ils avaient des habitudes que n'importe qui considérerait comme saines, mais qui dans leur cas ont directement endommagé leur musculature.
Cela a-t-il changé beaucoup de choses pour eux ?
Tout leur régime alimentaire ! [rires]
Carvajal a reconnu que le changement avait été radical. Tant de choses lui ont été interdites ?
J'insiste sur le fait qu'il s'agit d'un régime très personnalisé et qu'aucun régime n'est identique à un autre. Dani s'inquiétait de ses blessures et il essayait de prendre soin de lui. Il avait pris des habitudes qui, en théorie, étaient saines, mais qui ne lui convenaient pas. Ce que nous avons trouvé le plus difficile, c'est de l'amener à résister et à manger ce qu'il pensait être mauvais pour lui. Au début, nous avons même dû lui donner des suppléments, car il était incapable d'en manger, parce qu'il avait intériorisé le fait que c'était mauvais pour lui. J'ai été désespérée et ce que je n'ai jamais fait avec mes enfants... je l’ai fait avec lui. Chaque jour je lui demandais s'il avait mangé ce que je lui avais prescris.
Qu'est-ce que c'était ?
Les glucides. Il ne voulait pas manger de pain, de pâtes ou de riz. Il était obsédé par le poids et le pourcentage de graisse. C'était difficile pour lui de manger quand il était blessé. Je lui ai dit : on va voir de quoi il s’agit. Si c’est juste une question de prendre du poids ou plutôt récupérer et ne plus se blesser, oublier la balance, ne plus se peser. Je lui ai assuré que s'il mangeait ce que je lui disais, il gagnerait du muscle et perdrait de la graisse. En un mois, il était super heureux, il ne s'était jamais senti comme ça dans sa vie. Et il avait pris du muscle !
Le programme est-il différent pour un ailier et pour un attaquant ?
C'est différent en raison de la biochimie individuelle de chaque personne, plus que pour sa position sur le terrain. Pour vous donner un exemple, vous ne pouvez pas donner des directives en matière d'alimentation et de supplémentation à un attaquant pour le faire courir davantage s'il souffre de diarrhées fréquentes. S'il a des problèmes gastro-intestinaux, il ne va pas assimiler ce que vous essayez de lui prescrire, il est donc plus important de résoudre son problème gastro-intestinal que de lui donner un supplément qui lui donne de la vitesse.
J’imagine que vous aimez beaucoup le football ?
Pas du tout ! Je ne regarde que les matchs où il y a des joueurs avec lesquels je travaille. Lorsque j'ai rencontré Dani et Rodrygo, on m'a présenté plusieurs d'entre eux et ils ont été surpris que je leur dise que je ne savais pas qui ils étaient…