Élection truquée, intimidations de Perez : les vérités de Ramón Calderón

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Photo Aldo Liverani / Icon Sport

En milieu de semaine, Ramon Calderon, président du Real Madrid de 2006 à 2009, a accordé un long entretien au journal El Confidencial. L'ex-boss de la Casa Blanca règle ses comptes avec Florentino Perez, homme avec lequel il entretient une relation houleuse depuis plus de 10 ans. Extrait n°2.

📎 Extrait 1 : Calderon prouve qu'il a recruté CR7

"El Confidencial : Votre victoire électorale a fait polémique, un tribunal a annulé le vote par courrier.
Calderón : Quand j'étais directeur du club, un jour, je suis entré dans une salle et j'ai vu des gens avec des feuilles de papier et des photocopies, ils glissaient des choses dans des enveloppes. J'ai demandé ce qu'ils étaient en train de faire et personne ne m'a répondu. J'ai regardé et vu qu'ils étaient en train de falsifier le vote par courrier : ils imitaient les signatures des socios et glissaient un bulletin pour la candidature de Villar Mir [candidat soutenu par Florentino Perez]. C'est pour cela qu'avant les élections, mon obsession était de faire annuler le vote par courrier, car je savais qu'ils étaient truqués. Je l'ai dénoncé publiquement et vous savez ce qui s'est passé ? Ce sont eux qui m'ont dénoncé devant le juge, m'accusant de ces faux votes pour nuire à sa candidature. J'ai gagné proprement dans les urnes en faisant annuler le vote par courrier car je le savais défectueux. C'est à partir de là qu'on commencé mes problèmes.

Et que s'est-il passé ensuite ? 
Hé bien, l'affaire a été portée devant un juge, Sanz Altozano, qui était le cousin du PDG d'ACS [entreprise de Florentino Perez] et qui avait été fait socio du Real Madrid, lui et son fils, en sautant la liste d'attente.

Ce juge a insisté sur le fait que c'était moi qui avais falsifié le vote... Mais heureusement, l'affaire est arrivée jusqu'à la Cour Provincial et elle a condamné une personne du club à plus d'un an d'emprisonnement. Le vote par courrier a été annulé et j'ai remporté les élections.

Il y a aussi eu une polémique avec l'annonce de votre victoire. 
Ce qu'il s'est passé c'est que Florentino n'a pas donné son approbation. Tous les candidats m'ont appelé pour me féliciter, sauf Villar Mir, évidemment. J'ai appelé le club pour les informer que j'allais rendre ma victoire publique, mais ils m'ont dit que non, je devais attendre. Je ne savais pas ce qui se passait, jusqu'à ce que finalement, j'apprenne officieusement par des employés du club qu'ils essayaient d'appeler Florentino qui ne répondait pas parce qu'il était à un mariage à Paris.

C'est curieux parce que, en théorie, Perez avait quitté le club plusieurs mois avant.
Oui, mais ils ont retardé au maximum l'échéance car ils avaient encore de l'espoir. Cela m'a fatigué et j'ai fini par annoncer ma victoire, en disant que le Real Madrid refusait de le faire. J'ai accordé un entretien à MARCA, j'ai tout expliqué et Florentino m'a appelé le lendemain en me disant que cela ne s'était pas passé comme ça. À ce moment, il a vu qu'il n'allait pas me contrôler et il m'a compliqué la vie.

Et c'est là que les coups de pression ont commencé ?
Les attaques ont commencé dès mon arrivée à la présidence. Ils m'ont accusé de tous types de vols. Ce fut une campagne de déstabilisation pour me faire quitter le poste. C'était terrible. Durant les assemblées, je voyais les fils de Florentino au premier rang en train de crier que j'étais un voleur et que je devais démissionner. Et Florentino me disait "Mes fils ont fait ça ? C'est très mal, très mal", comme s'ils étaient venus sans l'accord de leur père !

Ce n'est pas facile à expliquer car il est difficile de croire à un tel niveau d'impunité. Pour couronner le tout, ces messieurs passent pour des gens honorables et moi pour un voyou. Le harcèlement a été très dur et désagréable. Nous avons vécu un calvaire durant les deux années et demie de mandat que je ne souhaite pas à mon pire ennemi. Ma plus grande fille a dû être mise sur protection durant 4 mois à cause des menaces et on a tous été suivis, pendant un an, par des détectives privés engagés par le candidat de Florentino : Villar Mir.

Les premières pages du dossier sur Calderon, elaboré par les detectives privés de l'agence MIRA.

Pourquoi ont-ils fait appel à des détectives ? 
Florentino et Villar étaient déterminés à me mettre à la porte car ils voyaient que les choses grandissaient. Villar Mir a engagé des détectives qui ont été au magasin de ma femme, ils ont suivi ma fille dans la rue... Nous avons tous eu très peur.

Il y a peu de temps, quand Interviu [un journal espagnol] a fermé, l'un des rédacteurs m'a appelé et m'a donné le rapport complet des détectives. Villar Mir a reconnu devant un juge avoir payé pour ce rapport. Il avait laissé des choses à l'agence et les détectives ont revendu cela à Interviu.

Savez-vous si Florentino payera pour cela ? 
Non, Villar Mir a payé pour cela, il l'a reconnu devant le juge. Des années plus tard, on s'est assis ensemble avec Villar Mir durant une corrida. Vous pouvez imaginer la tension. On est longtemps resté silencieux jusqu'à ce que je dise : "Tu pourrais me passer les photos que tu as sur ma fille, je pourrais compléter l'album familial". Il est devenu très nerveux et est parti.

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