Actuellement réuni avec la sélection belge, Eden Hazard enchaine les interviews. Après sa première avec un média espagnol (Marca) depuis qu’il a signé au Real, il s’est cette fois exprimé auprès de L’Equipe. Extraits choisis.
Comment il a vécu ses trois années au Real : "Bien sûr que je l'ai vécu comme un échec. Ce n'est pas habituel. Il y a eu beaucoup de blessures, le Covid. Je n'ai jamais pu montrer ce que je pouvais faire. Je n'avais connu qu'une sérieuse blessure en sélection. Et encore, elle n'avait duré que trois mois parce que, derrière, il y avait eu les vacances estivales. Pour moi, c'était dur de comprendre le pourquoi de la chose. Qu'est-ce que j'avais fait de mal ? Après, il m'a fallu revenir au moment du confinement. C'est le coeur du problème. Je n'ai pas pu revenir en pleine forme. Et j'ai traîné ça jusqu'à l'opération à ma cheville droite l'an dernier."
Une période difficile : "En Espagne, le confinement était strict. À titre personnel, je l'ai très bien vécu. Mais pas sur le plan physique. Je n'ai pas pris de poids. Mais j'ai travaillé tout seul à la maison alors que je sortais d'une grosse opération. On ne pouvait pas se rendre au centre d'entraînement. Personne ne venait à la maison, ni kiné, ni préparateur physique. J'ai entrepris ma rééducation tout seul. Quand je suis revenu, j'ai forcé et je me suis reblessé. La première saison, au tout début, je n'avais fait que quelques bons matchs. La deuxième, c'est là où j'ai e le plus de blessures. Je ne vois pas d'autre raison que des éléments corollaires de la plaque que l'on m'a posée à cette cheville. J'ai enchaîné les pépins musculaires. Je travaillais, ça allait mieux pendant deux jours. Et les quinze suivants, non. Je voulais me faire réopérer. On n'a pas voulu."
A-t-il été bien soigné à Madrid ? "Ce n'est pas le problème. Je ne vais pas rejeter la faute sur quelqu'un d'autre. Ce serait trop facile. Je n'ai pas pu me faire opérer. J'ai accepté la situation. Et je me suis reblessé. La troisième saison, j'ai commencé par soixante bonnes premières minutes sous les ordres de Carlo Ancelotti. Puis un ou deux mauvais matchs. Et j'ai de nouveau été blessé. En fin de saison, une infection à ma cheville m'a permis de me faire opérer (en mars). Depuis que je n'ai plus ma broche, je n'ai plus de blessure. Je joue moins mais je m'entraîne tout le temps."
Les critiques sur son hygiène de vie : "Oui. Les gens parlent de mon hygiène de vie. Pensez-vous que l'on peut faire tous les matchs pendant dix ans sans interruption au plus haut niveau sans hygiène de vie ? Là, je suis passé pour le mec toujours blessé. Quand je suis arrivé au Real, j'avais pris du poids. Comme souvent les étés. Après la finale de C3 Chelsea-Arsenal, j'ai profité de mes congés. Mais après deux ou trois semaines de préparation, je perds tout. Est-ce que j'en avais trop profité ? Sûrement.
Son niveau en 2018 : "Pour être honnête, ce niveau de 2018, je ne l'ai plus. Je ne le montre pas, mais j'ai trop souffert, mentalement et physiquement. Je n'ai pas honte de le dire. En 2018, j'étais peut-être dans les dix meilleurs du monde. Est-ce que je vais y revenir ? Je ne pense pas. Mais si mon corps me le permet, je peux encore faire des super trucs."
Eden Hazard vs Brazil (2018) pic.twitter.com/NbyZRJpINt
— AboVardy (@iskaholic) November 10, 2022
L’âge n’aide pas non plus : "J’ai moins d'explosivité, mais ça va de pair avec l'âge. Le fait d'être blessé déclenche une forme de peur. Je suis un joueur qui aime rentrer dedans. Peu de joueurs me prenaient le ballon. J'ai réfléchi à mon style. Si je continuais comme ça, est-ce que mon corps n'allait pas dire stop… C'était plus psychologique. J'ai gardé la même technique mais j'ai perdu de la confiance. Si tu ne joues pas pendant trois ans, même avec tout le talent du monde, le manque d'enchaînement est préjudiciable."
Le président Perez et les 100M€ qu’il a mis sur lui : "Quand je le vois, on ne parle pas de ça. Avec lui, j'ai toujours eu une bonne relation. Pour lui, c'est compliqué. Il voit que je m'entends bien avec tout le monde. Les joueurs et le staff m'apprécient. J'ai beaucoup de respect pour lui. Si demain, il me dit c'est difficile, j'accepterai, je le comprendrai."
Cette volonté de vouloir rester au Real malgré tout : "J’aime ce club et cet environnement. Je ne vais pas être prêté en cours de saison. Je veux de la stabilité. En fin de saison, ce sera différent. On peut repartir sur autre chose. Là, je sens qu'il ne me manque pas beaucoup de choses. C'est difficile de rentrer dans une équipe qui gagne. Mes concurrents sont très forts. Si on me donne un peu et que j'arrive à faire vingt bonnes minutes, je peux apporter. C'est pour ça que je n'ai pas envie de partir."
A-t-il été invité à partir ? "Jamais quelqu'un du club n'est venu me dire '"tu es bien gentil, mais il faut que tu partes". Et moi, je ne voulais pas partir. Il n'y a jamais eu d'ouverture de discussion."
Les titres remportés avec le Real Madrid sont-ils les vôtres ? "Pour moi, je n'ai pas vraiment gagné la Ligue des Champions. J'ai disputé des matchs… Je suis entré en 8es de finale à Paris. Mais, comme en Liga, je n'ai pas senti que j'avais de l'impact. Alors qu'à Chelsea, j'avais toujours été le meilleur. Au Real, j'avais fait quelques bons matchs avec Zinédine Zidane. On a parlé quand il est parti. Il était triste pour moi que cela ne se soit pas passé comme il l'espérait. Avec Carlo, je ne discute pas énormément. Une fois cinq minutes en début de saison. Mais je n'ai jamais beaucoup parlé avec un entraîneur. Je ne suis pas du genre à aller voir un coach pour lui dire qu'il doit faire ci ou ça.."