Au terme d’un troisième scénario rocambolesque en autant de matchs à élimination directe, le Real Madrid est revenu d’entre les morts en accomplissant un nouveau miracle qui perpétue sa légende face à Manchester City (3-1 a.p), après avoir été en déficit de deux buts à la 90ème minute. Le 28 mai prochain, le club merengue aura l’occasion de marquer un peu plus l’histoire de la Ligue des champions face à Liverpool.
Aucun studio hollywoodien n’aurait pu imaginer tel script. Après avoir renversé le PSG (3-1) en dix-sept minutes grâce à un triplé de Karim Benzema et après un retour épique contre Chelsea (2-3 a.p), le Real Madrid a une nouvelle fois fait de l’écrin du Santiago-Bernabeu le décor d’un film qui vient conclure une trilogie phénoménale et à coup sûr légendaire.
Après le court, mais non moins spectaculaire revers 3-4 subi à l’Etihad Stadium, et fort d’un trente-cinquième titre de champion d’Espagne glané triomphalement samedi dernier, le Real Madrid pouvait aborder cette manche retour avec une once de confiance acquise lors des deux dernières sorties continentales. Seul absent à noter, et non des moindres, le roc David Alaba, blessé et remplacé par le soldat historique du club, Nacho.
Cependant, après une première mi-temps laborieuse marquée par plusieurs déchets, notamment dans la finition, et face à une équipe de Manchester City entreprenante, le Real Madrid se montre friable et exposée aux assauts mancuniens. Mais quelques secondes après le retour des vestiaires, Vinicius Jr. manque une occasion en or de ramener les deux équipes à égalité sur l’ensemble des deux matchs, laquelle aurait été préjudiciable si le match avait pris une tout autre tournure... Peu d’occasions à signaler alors, jusqu’à la fatidique soixante-treizième minute. Tout juste entré en jeu à la place d’un Kevin de Bruyne en manque d’inspiration, Ilkay Gündogan sert Bernardo Silva qui lance un Riyad Mahrez esseulé et qui ouvre le score d’une frappe limpide au premier poteau. 3-5 en cumulé à 16 minutes de la fin, face aux Champions d’Angleterre en titre et finalistes de la dernière édition, la tâche s’annonce ardue, si ce n’est impossible. Mais il ne faut pas oublier un facteur majeur : nous sommes au Santiago-Bernabeu...
Le tableau d’affichage indique 89 minutes et 16 secondes. C’est alors qu’un jeune virtuose brésilien de vingt-et-un ans décide de s’ériger en héros local. Sur un long ballon d’Eduardo Camavinga, Karim Benzema offre l’égalisation au remplaçant Rodrygo. A l’entrée des six minutes de temps additionnel, c’est tout un peuple qui reprend espoir. Ce n’est alors que le prélude de deux minutes qui marqueront à jamais les mémoires des supporters madrilènes. 90’+1 : Dani Carvajal distille un amour de centre sur le crâne de ce même Rodrygo, qui inscrit un doublé et fait chavirer de bonheur le Santiago-Bernabeu. De 0-1 à 2-1 en à peine deux minutes : le miracle se répète derechef. Le Real Madrid arrache la prolongation et s’octroie le droit de rêver d’une dix-septième finale de C1.
L’histoire était écrite, il ne pouvait en être autrement. 94’ : Ruben Dias fauche Karim Benzema dans la surface. Penalty converti par le génial numéro 9, auteur de son quinzième but dans cette campagne et de son quatre-vingt-sixième dans la compétition reine. 3-1 pour Madrid. L’euphorie est totale, elle n’en étonne même plus. Madrid est immortel, seulement on le croit mort. Mais les gênes de club sont atypiques, c’est dans l’impossible qu’il puise ses ressources et qu’il mate son adversaire, emportant avec cette fougue les illusions de centaines de milliers de supporters. Au bout de la nuit, Dnaiele Orsato signe la fin de cet énième récital. Les fans anglais ne peuvent qu’applaudir : enterré trois fois, promis à un quatrième échec consécutifen C1, le Real Madrid est remonté à la surface, par la seule force de son caractère et de son génie. Ni le PSG, ni les champions d’Europe en tire, ni Manchester City n’ont pu fermer la tombe.
Le 28 mai prochain, au Stade de France, l’ultime obstacle se dressera face aux Immortels, le géant Liverpool, en quête de revanche après le douloureux revers 1-3 encaissé en 2018. Mais aussi abyssal soit-il, n’est-il pas à lui de s’imprégner d’effroi face au titan espagnol, fort de ses trois résurrections ?
Quelle que soit l’issue de cette formidable aventure, longtemps l’on se souviendra de ces moments uniques où la folie s’est emparée de notre cœur de Madridista. Du phénoménal, magistral Karim Benzema, au génial Luka Modric, en passant par les soldats de toujours Nacho, Lucas Vazquez, Casemiro, Dani Carvajal, Toni Kroos, le Real Madrid s’est bâti une équipe à la hauteur de sa grandeur. Benzema est en route pour s’offrir le Graal absolu, le Ballon d’Or, qui récompenserait une carrière phénoménale sous les couleurs blanches. Peu étaient ceux qui auraient misé sur un titre de Champion d’Espagne agrémenté d’une finale de Champions League en début de saison. Mais le Real est la parfaite illustration de l’adage : « Les grands clubs ne meurent jamais ». Y hoy, más que nunca, podemos decir : ¡Hala Madrid y nada mas !
Cette saison est déjà magistrale, faites-nous vibrer une dernière fois, la quatorzième étoile vous tend les bras...
¡ Hala Madrid !
Wilhem ALLACHE - 5 mai 2022