Il a officiellement raccroché les crampons il y a quelques semaines à peine. Sami Khedira, 34 ans, a accordé un long entretien au média Marca.
Comment se sent-il suite à l’annonce de sa retraite footballistique le mois dernier ?
C’est un processus, ça prend du temps. Ce n'est pas une décision du jour au lendemain, j'ai quitté ce que j'aime le plus et je dois l'assimiler petit à petit. Mon corps n'était plus prêt à continuer à jouer au plus haut niveau et à ce stade, il faut partir, c'est la meilleure chose à faire. Si je ne peux pas tout donner, il vaut mieux se retirer. C'est une chose à laquelle je pensais depuis longtemps, en parlant à ma famille… Pour l'instant, les sensations sont étranges. D'un côté, vous êtes triste parce que vous savez que vous ne jouerez plus, mais de l’autre, vous regardez ce que vous avez accompli et vous vous sentez très heureux et fier. J'ai eu une carrière fantastique.
Pensait-il aller si loin dans le football ?
Je voulais être footballeur et mon rêve était de jouer un match en première division. J'ai joué pour l'équipe de ma ville natale et j'ai gagné la Bundesliga. Mais ensuite le Real Madrid est arrivé, imaginez.. Le Real a tout changé dans ma vie, je n'aurais jamais pu imaginer jouer pour un si grand club. J'ai côtoyé les meilleurs joueurs du monde, j'ai eu les meilleurs entraîneurs, nous avons gagné des choses incroyables… C'était une autre dimension.
Se rappelle-t-il des détails de sa signature ?
Parfaitement. Avec l’Allemagne, nous venions d'être éliminés du Mondial en Afrique du Su. J’étais dévasté. Nous étions tous très tristes car cette génération méritait une finale. J'étais en état de choc, je n'arrivais pas à me le sortir de la tête et puis soudain, j'ai reçu un appel. "Sami, le Real te veut et Mourinho va t'appeler". C'est une putain de blague, j'ai pensé. Je ne suis pas d'humeur pour ces choses-là en ce moment. "Il va t'appeler", a-t-il insisté. "Tu vas aller au Real Madrid !" Tout a soudainement changé dans mon corps. J'étais très nerveux et mon plus gros souci était l'anglais, car à l'époque je ne le parlais pas. Et avec le stress en plus… Alors Mourinho m'a appelé et je lui ai demandé si nous pouvions parler par SMS ! Il a ri et a dit "bien sûr". Il m'a dit qu'il me voulait au Real, que je ne devais pas hésiter. Cette conversation a changé ma carrière. José Mourinho est la meilleure chose qui me soit arrivée.
Et avec José Mourinho, quelle saison ensuite…
Incroyable. Mes premières années à Madrid ont été incroyablement intenses. Les Clasicos de la première saison font partie de l'histoire.
Le Real de Mourinho aurait même mérité une Ligue des champions.
Nous sommes passés à côté, oui. Cette équipe était incroyable, avec beaucoup de qualité, de passion, d'ardeur. Nous avons gagné la Liga de manière merveilleuse, impeccable, et en Ligue des Champions nous avons manqué de chance…
Et puis Carlo Ancelotti est arrivé…
Il était complètement différent de Mourinho. Personnellement, il m'a aidé à continuer à progresser, à jouer d'une manière différente. Il m'a donné beaucoup de confiance, il m'a conseillé de plus m’immiscer dans la surface adverse, me disant que je pouvais marquer plus de buts. Il considérait l'équipe et le Real comme une famille et il s'occupait de nous tous.
Et voilà qu’Ancelotti est aujourd’hui de retour à Madrid !
C'est une bonne nouvelle. En dehors des titres, je me souviens que nous avons joué de très bons matchs, du très bon football. Ce n'est pas facile de faire un deuxième passage, mais je suis sûr qu'il peut réussir. Je trouve que c'est une très grande idée de la part du Real Madrid.
Quels souvenirs gardez-vous du Bernabéu ?
Pour moi, c'est le meilleur stade, il est incroyable. Les fans sont très proches, presque au dessus de vous et parfois ce n'est pas facile. Je sais que le Bernabéu aimait les joueurs les plus élégants et parfois ce n'était pas simple à gérer, mais à la fin ils ont valorisé mon jeu, mon travail, mon professionnalisme et je leur en suis très reconnaissant. Quand vous avez besoin du Bernabéu, il est là. Je n'oublierai jamais la soirée du Borussia. Nous ne sommes pas allés en finale, mais c'était l'atmosphère la plus incroyable que j'aie jamais connue.
Et pourquoi avez-vous quitté le Real Madrid ?
C'était triste de quitter le Real, je savais que j'étais dans le meilleur club du monde. Je vivais aussi dans une ville incroyable, je gagnais des titres. J'ai tout donné jusqu'au dernier jour, mais le moment est venu de partir. Vous savez quand ce moment arrive et personnellement, c'était bien de changer de club et de pays pour avancer. J'aime le Real Madrid et j'ai pleuré quand je lui ai dit au revoir. Je me souviens d'avoir marché dans Madrid le soir, seul, en me remémorant tout. C'était difficile. Mais la Juve m'a appelé et j'ai senti que c'était un changement qui me ferait grandir.
Un message à faire passer aux Madridistas maintenant que vous avez pris votre retraite ?
Que je suis très fier d'avoir porté leur écusson, que je serai toujours un Madridista, que je reviendrai voir les matchs au Bernabeu et que j'ai tout donné dans chaque match. J'espère que les gens se souviendront de moi avec affection.