Toni Kroos, retraité du football professionnel depuis la fin de saison dernière, a accordé une longue interview à Marca.
Comment va-t-il ? "Je vais très bien, pour être honnête, je suis heureux, même si la vie est différente. Mais je vais bien, je suis heureux comme avant. J'ai des projets intéressants et j'ai une très belle vie. Ma vie est différente, mais je pense que je travaille plus qu'avant [rires]. C'est un travail différent, qui consiste davantage à réfléchir, à lancer des projets et à s'en occuper. Je veux que les choses se passent bien et pour cela, il faut travailler. Dans l'école de football, par exemple, j'ai beaucoup d'enfants que je veux faire progresser et pour cela, il faut établir un plan d'entraînement pour les enfants et un autre pour les équipes. C'est ainsi que ma vie a changé. Avant, je m'entraînais, je jouais et c'était tout. Maintenant, je dois réfléchir. Et puis il y a la Fondation, qui a maintenant dix ans et où nous essayons d'aider les enfants malades ou très malades."
Fait-il encore du sport ? "Oui, presque tous les jours. Je n'ai jamais arrêté. A la fin du Championnat d'Europe, je ne me suis juste arrêté que deux ou trois jours. Il y a quelque chose qui me pousse à bouger et à faire du sport. Je ne joue pas au football tous les jours, non, mais je suis actif. Je fais un peu de tout. Je cours, je joue au tennis, j'ai des choses à faire à la maison pour me dépenser.... J'aime le sport, mais je le fais d'une manière différente."
Sa signature au Real Madrid : "Je me souviens que Carlo m'a appelé pendant la Coupe du monde en Allemagne et m'a dit : “Je veux que tu viennes à Madrid”. Je lui ai répondu : "Moi aussi, mais tu viens de gagner la Ligue des champions, tu es sûr ? Il m'a dit qu'il me voulait ici, qu'il allait améliorer l'équipe... et ça m'a donné beaucoup de confiance avant mon arrivée. Et j'ai commencé différemment, avec un titre dès mon premier match. En dix ans, je n'ai jamais pensé à partir. Et cela ne peut jamais être planifié, parce que vous pouvez vouloir rester ici toute votre vie et, à un moment donné, ils ne veulent plus de vous ou ne vous prolongent pas, mais ça n'est pas arrivé non plus. La meilleure chose c’est que la relation n'a jamais changé et que le club n'a jamais douté de moi, même dans les mauvais moments."
Son arrivée au club : "Tout a été spécial depuis la première minute. Je suis arrivé l'année où Madrid a remporté la Ligue des champions, en 2014, et ce n'est pas facile. L'équipe avait connu beaucoup de succès sans moi et il n'est pas facile de montrer qu'on a besoin de moi dans cette équipe, mais dès le premier instant, ils m'ont montré qu'ils voulaient de moi ici. Et je parle de tout le monde : le club, l'équipe d'entraîneurs et les supporters. Ça m'a donné beaucoup de confiance et c'est ce que je dis dans la vie, c'est du donnant-donnant."
Les soirées : "J’ai participé plusieurs fois à des dîners d'équipe au cours des premières années. Vous êtes le nouveau et vous ne voulez pas vous faire remarquer. Mais ensuite... Mes coéquipiers me connaissaient déjà très bien et ils savaient que je n'étais pas irrespectueux, mais que je n'aimais pas sortir le soir. Certains aiment plus ça, d'autres moins.... Je leur ai dit : "Je t'aime, je t'aime vraiment, mais tu vas à tes dîners tout seul". Et ils ont compris. Et à la fin, quand il y avait un dîner, ils ne me demandaient même plus, parce qu'ils connaissaient déjà la réponse. Ils ont été des compagnons spectaculaires, avec lesquels j'ai partagé dix ans et beaucoup de choses. Et avec les derniers venus aussi, comme Jude, Aurélien ou Camavinga. Ce sont de très bons gars et ces dernières années ont été parmi les meilleures en termes de vestiaire. Le vestiaire est incroyable."
La décision d’arrêter : "La vérité est que cela n'a pas été difficile pour ma femme, car il s'agissait d'une décision commune. A la maison, ce n'était pas une surprise, car nous en parlions depuis des mois. Ma femme était heureuse que je sois plus présent à la maison. J'ai eu plus de mal à l'annoncer à mon fils aîné, car je savais qu'il aimait beaucoup me voir à la télévision et dans le stade. Il a vécu beaucoup de choses, il a assisté à quatre finales de la Ligue des champions et, enfant, il ne l'oubliera jamais ! Ça a été difficile pour mon fils, oui… Et j'ai eu beaucoup de mal à le dire à Carlo, parce qu'il s'attendait à ce que je continue et parce que nous avions et avons toujours une très bonne relation. Il a été mon premier entraîneur ici et ce n'était pas facile de lui dire, mais tout les bonnes choses ont une fin dans la vie."
Le moment opportun : "Ce n'était pas facile. Je savais qu’il (Carlo) ne serait pas en colère, mais qu'il serait un peu triste. Ce n'était pas non plus un moment facile pour moi, parce que c'était la fin de quelque chose de très spécial. J'ai essayé de choisir le bon moment. Et j'ai eu la chance que nous ayons gagné la Liga avec une marge et j'ai dit "maintenant ". Parce qu'il y avait le moment idéal entre la Liga et la finale de la Ligue des champions. Cela aurait été plus difficile si nous avions joué la Liga, parce que je ne voulais pas que cette question passe avant tout le reste."
Son dernier match : "Les adieux seront toujours dans mon cœur. Le jour du Betis, avec la victoire en Liga, a été très spécial, parce que j'ai senti que 85 000 personnes étaient allées au Bernabéu ce jour-là pour me voir, pour me dire au revoir. C'était un très beau moment, simple, mais qui venait du cœur. Je n'ai pas vu de replay de ce moment, mais j'ai vu des images individuelles et c'était impressionnant. Ce que je dis, c'est que j'ai gagné beaucoup de choses, un titre lors de mon premier match et un autre lors de mon dernier, mais ce moment sera toujours dans mon cœur."