La saga Ramos est promise à une triste fin. Elle remet en lumière la question de la suprématie du club aux dépends de la volonté de joueurs de prestige.
Florentino Pérez est un président généralement intraitable. Bien que dans le coeur des supporters, les Di María, Ramos et Cie soient des joueurs occupant une place majeure, il n'a pas cherché à les retenir au-delà d'un certain point. Quand le Real met une proposition sur la table, elle est à prendre ou à laisser. Di María n'a pas accepté la meilleure offre que le Real puisse faire, il est maintenant en train de croupir sur le banc non-couvert d'Old Trafford.
Pas prêts de céder aux exigences jugées disproportionnées de Ramos, les dirigeants ne vont pas suer sang et eau afin de lui offrir tout ce qu'il désire. Se mettre à genoux et supplier un homme de rester ? Jamais. La logique est la suivante : le Real sans un joueur reste le Real, mais un joueur sans le Real n'a plus le même statut. Rares sont les stars à avoir quitté la Maison Blanche et à avoir eu plus de succès ailleurs. Celui qui quitte Madrid est toujours perdant. Pérez à cette volonté de faire de la marque un symbole d'excellence. Ne pas tutoyer l'excellence c'est valider son départ, plus particulièrement quand on est entraîneur. Une saison blanche et c'est la fin. Pellegrini et plus récemment Ancelotti ont fait les frais de cette politique. Le passé ne compte pas. Être l'entraîneur de la Décima, être le plus grand gardien de l'histoire du Real ou être le meilleur buteur de tout les temps n'est pas un critère susceptible d'être pris en compte.
Casillas est en train d'être mis à la porte tout comme Raúl l'a été en son temps. Pas d'adieux en grande pompe. C'est un honneur pour tout professionnel d'avoir vêtu le maillot merengue et non un honneur pour le club d'avoir pu compter sur le joueur. Telle est la position du club à l'égard de ses légendes. Le Real est-il une machine insensible, n'éprouvant pas la moindre gratitude ? Aux yeux des capitaines du vaisseau, personne n'est irremplaçable. Finalement, Raúl l'a eu son hommage. Un match de gala dans un Bernabéu toujours amoureux de son enfant prodige. Il faut bien l'avouer cette rencontre était un mélange d'excuses et de reconnaissance. C'est comme si Casillas partait demain et qu'une fête lui était organisée en 2019, se disculpant de ne pas y avoir pensé plus tôt. Verra-t-on un jour à Madrid des adieux à la Gerrard ou à la Xavi ? Andrea Pirlo avait été remercié de 10 ans de bons et loyaux services par Milan qui lui avait offert...un stylo. Choquant oui, grotesque tout autant.
Pour en revenir à Ramos, certes le Real Madrid est peut-être au-dessus de tout mais il n'empêche qu'en cas de départ les deux parties seront à plaindre. Le héros de la Décima ne trouvera pas meilleur club et le Real ne trouvera pas meilleur défenseur central. Le Sévillan est né pour être capitaine et le vestiaire devrait se trouver un nouveau leader. N'est pas chef de meute qui le veut. À vouloir préserver sa grille salariale et la souveraineté de la maison, le président est sur le point de se défaire de bien plus qu'un footballeur. En contrepartie, à vouloir jouer avec le feu et sonder les réactions à l'évocation d'un départ, Ramos est en train de se faire larguer par l'amour de sa vie et dire adieu à son rêve de retraite au Real. Cependant, il existe une exception à cette intolérance présidentielle.
Le seul à avoir obtenu gain de cause auprès des hautes instances madrilènes est Cristiano Ronaldo. Son "je suis triste" a fait paniquer tout le monde dans les bureaux madrilènes. Le Real s'est alors rangé de son côté et lui a offert ce qu'il voulait. Et pour cause, sans Ronaldo, le Real perd de l'argent, des buts et son meilleur représentant en termes d'image. CR7 et Mendes ont fait craquer Florentino mais cela n'a que très peu de chances de se reproduire, même s'il est vrai que les Galactiques ont toujours eu les faveurs du président. Le Bernabéu lui, ne s'est pas gêné pour le siffler, preuve que les madridistas sont partagés. Pour certains, le club est intouchable et ne doit pas s'abaisser au niveau des joueurs. Pour d'autres, il y a quelques éléments indispensables dont il faut prendre soin quitte à briser cette image de suprématie que cherche à véhiculer l'institution. Et vous, qu'en pensez vous ?