Cette saison, Cristiano Ronaldo est en panne de buts en Liga, et cartonne en Ligue des Champions. Comment est-ce possible ?
Cristiano Ronaldo a un problème cette saison : la Liga. Oui, car en ce qui concerne la Ligue des Champions, c'est la routine. Il marque but sur but, sans que personne ne s'en émeuve particulièrement. Cette bonne habitude européenne, il l'a gardée. Groupe de la mort ou pas, Ronaldo plante de toute manière. Huit buts en cinq matches de groupes ! Un but contre Dortmund et un nouveau record tomberait dans son escarcelle : il serait le premier joueur à marquer dans chaque match de la phase de groupe de la Champion's.
Oui mais voilà, dans la vie d'un Merengue, il n'y a pas que la Coupe aux grandes oreilles. Il y a aussi un titre de Liga à défendre, et c'est là que les choses se compliquent. Un seul petit but en huit matches. Ça s'explique une chose pareille ? Réponse : oui, mais pas totalement.
Il ne suffit pas que de tirer
Soyons clairs dès le départ. Trouver une raison à pourquoi le Portugais loupe des occasions toutes faites en Liga, ce n'est pas possible. Soupçon de maladresse, certes, mais ce genre de choses-là demeurent un mystère. Ce qu'on peut tenter d'éclaircir, ce sont les raisons de cette panne généralisée en attaque du Real en championnat. Comme le dit Zidane, il y a un manque de précision à la finition. Il y a également un autre facteur : la position de tir des attaquants. Offrez à un attaquant des ballons dans les cinq mètres, et pour peu qu'il maîtrise son sujet, il marquera incessamment. À contrario, balancez des centres aléatoires dans la surface contre trois défenseurs, et votre pauvre attaquant sera en perdition (sauf s'il fait la taille de Peter Crouch).
Le problème du Real est là. Autant la saison passée les attaquants étaient servis dans de bonnes dispositions, autant cette saison, c'est plus poussif. Ajoutez aux problèmes des latéraux dans l'animation offensive le fait que les équipes défendent mieux contre les Madrilènes, et le manque de buts apparaît.
L'exemple contre l'Atlético
Un examen des tirs tentés par Ronaldo montre qu'il tente autant hors de la surface que les autres saisons. Une fois dans les seize mètres, on constate qu'il reçoit moins de bons ballons. Plus particulièrement, là où de bonnes passes lui étaient adressées dans la gauche de la surface, surtout par Isco, Marcelo ou Kroos, il ne reçoit presque plus rien cette saison. Le côté gauche reste le côté fort du Real en attaque. La différence, c'est que les défenses savent comment défendre sur les ballons provenant de cette zone.
Contre l'Atlético, Isco et Marcelo ont souvent réussi à rentrer dans la surface et centrer, mais la zone où arrivait leurs centres était complètement bouchée. Face à cela, soit Isco a servi en retrait un milieu, qui lui aussi a vu sa ligne de tir obstruée, soit un renversement de jeu a été fait de l'autre côté. Sauf que de l'autre côté, le problème était similaire. Ces embouteillages ont conduit Ronaldo a devoir tirer depuis des positions excentrées. De cette façon, difficile de marquer.
Un mal récurrent
En Ligue des Champions, le Real n'a pas à faire au même type d'adversaires. De base, il est difficile que Nicosie pose des problèmes au Real, mais si en plus les Chypriotes défendent mal, pas surprenant qu'ils se fassent corriger. Concernant Dortmund et Tottenham, ce sont là deux équipes qui doivent chercher à marquer. Elles ne passeront pas tout le match à défendre comme de plus petites équipes, ce qui crée inévitablement des déséquilibres profitables.
Voilà pourquoi, entre autres, le Real est une machine à gagner en Ligue des Champions ces dernières années. Donnez-lui un adversaire qui doit prendre des risques, et la troupe à Zidane est à l'aise. Donnez-lui un adversaire qui peut se permettre de défendre la plupart du temps (et qui en plus le fait bien), voilà que ZZ fait les cents pas le long de son banc. Et pas que lui d'ailleurs. Le problème pour Benitez et Ancelotti lors de sa deuxième saison était le même.
Dominer sans être stérile, c'est le nouveau défi des grandes équipes ces dernières années. Et ce défi, c'est aux entraîneurs de le relever. Pour le moment, Zidane peine.