Le grand projet imaginé par Florentino Pérez se poursuit. Les Galactiques règnent sur l'Europe.
L'histoire commença un soir de mai 1998, à Amsterdam. Ce soir-là, dans la ville de Cruyff, un solitaire goal de Mijatovic fit tomber la meilleure équipe du monde, la Juventus de Capello. Le Monténégrin, cheveux plaqués en arrière, doigt pointé vers l'avant, se chargea de faire rentrer le Real Madrid dans une nouvelle ère : l'ère moderne. 32 ans après, le Real Madrid régnait à nouveau sur l'Europe. Une Europe qui avait bien changé. La Coupe d'Europe des clubs champions s'appelait maintenant Ligue des Champions. Des oreilles avaient poussé au trophée. La formule n'était plus la même non plus : une phase de groupe avait été ajoutée, précédant la phase à élimination directe.
Quand on rencontre une personne nouvelle, on devient des êtres calculants. On mesure ses rires, son humour, ses manières. On n'est pas vraiment soi-même. Mais quand le Real rencontra pour la première fois cette nouvelle Coupe d'Europe, rien de tout ça. C'est comme si les deux ne faisaient que de reprendre le fil d'une relation déjà existante. "Au-travers de ton père, j'ai l'impression de déjà te connaître. Je l'ai côtoyé souvent ton père, il y a longtemps. Vous vous ressemblez d'ailleurs", aurait-il pu dire le club merengue. Et ajouter : "Mais ne t'inquiète pas. Je vais apprendre à te fréquenter davantage que lui encore". Les mauvaises langues dirent à cette époque que le Real venait de gagner sa première Ligue des Champions, que les autres ne comptaient pas. C'étaient toutes des vieilleries, qui dataient du football en noir et blanc. Eh bien soit ! Fidèle à sa promesse, le Real ferait de cette coupe sa plus fidèle conquête. Puisque c'était ainsi, il en gagnerait cinq encore.
Restait encore à déterminer comment réaliser cette promesse. Une idée derrière la tête, le Real fit appel à ceux qui répondaient au nom de Galactiques. Des gens qu'on disait venus d'un coin de la Voie lactée, et qui en cet honneur, se vêtiraient tout de blanc. Le temps de trouver ce plan, le Real avait déjà remporté l'Octava. Il y avait en ce temps-là un jeune homme qui s'appelait Raúl. Lui, on nous disait qu'il venait bel et bien de chez nous. Les doutes étaient cependant permis. Le ballon volait dans les filets au rythme de son pied gauche et les stades se taisaient sous ses ordres. Néanmoins, sa tignasse suait le dur travail, comme celui qu'accomplissaient pères et mères de famille chaque jour. Sa rage de vaincre rappelait que tout se gagnait à force de caractère. Et pour finir, son sourire, d'oreille à oreille, signifiait qu'on pouvait se relâcher, une fois le labeur accompli. Tout ça faisait de Raúl un homme de chez nous.
Les Galactiques finirent finalement par atterrir à Madrid. Puis par repartir, pour revenir sous une nouvelle forme, des années plus tard. Ils gagnèrent quand on leur assigna des entraîneurs pacifiques comme Del Bosque, Ancelotti, ou Zidane. Ils explosèrent au-devant des incendies générés par des magnats de la discipline, du type Mourinho ou Benítez. Car les Galactiques, il faut les laisser en paix. Ils savent ce qu'ils font. Ils gagnent, et répartissent de la joie. Et au final, les Galactiques, ce ne sont pas ceux qui coûtent des millions de millions. Ce aussi sont les Carvajal, Ramos, Marcelo, Kroos, Modric. Pourquoi ? Parce qu'ils gagnent presque à chaque fois. C'est ça, être galactique.