Interviewé sur la radio française RMC hier soir, Raphael Varane s'est exprimé sur l'actualité madrilène, sa progression en tant que joueur ou encore l'Equipe de France.
Vous avez 23 ans, deux Ligues des champions (2014, 2016) un championnat d’Espagne (2012), une Coupe du Roi (2014) à votre palmarès. Vous vous rendez compte que c’est déjà exceptionnel à votre âge ?
"Je m’en rends compte, oui, mais je pense que je m’en rendrai encore mieux compte plus tard. J’essaie de garder les pieds sur terre, de réaliser tout ce que j’ai fait. C’est vrai que j’ai eu un début de carrière à 2000 à l’heure, où les choses se sont passées très, très vite. J’espère en gagner beaucoup d’autres."
Comment on arrive, à 18 ans, à digérer un transfert au Real Madrid ?
"Je suis resté moi-même. J’étais là, les yeux grands ouverts, j’essayais d’écouter, d’apprendre, de voir comment les choses se passaient. Petit à petit, il faut essayer de saisir les opportunités qui se présentent à nous. J’essaie en tout cas de progresser et de gommer les petites erreurs."
Quand on joue avec des stars et qu’on gagne autant de trophées, cela ne donne pas la grosse tête ?
"Non, non. L’entourage et l’éducation, c’est la base. Je n’ai pas envie de changer, je suis bien comme je suis. Je n’ai pas envie d’être un autre. J’essaie d’évoluer avec mes valeurs. L’éducation, c’est important. Mon entourage me correspond. Chacun a besoin de son équilibre. Les proches sont super importants dans ce domaine. Après, je n’utiliserai pas le mot exemplaire. Je n’ai pas à donner de leçon à qui que ce soit. Mais c’est vrai que je suis bien comme ça."
Comment avez-vous réussi à vous imposer parmi les stars du Real Madrid ?
"J’ai commencé par observer. C’est vrai que c’est assez impressionnant quand on débarque dans un grand club aussi jeune. Petit à petit, j’ai essayé de m’imposer. Par le jeu, par ma personnalité, montrer que j’étais présent. J’ai essayé, sans surjouer, sans vouloir trop être dans la démonstration, de montrer que je faisais bien partie de ce groupe."
Dans quels domaines pouvez-vous encore vous améliorer ?
"Je peux progresser partout, je pense, dans tous les domaines. Je suis quelqu’un d’assez perfectionniste. J’aime bien travailler sur ce que je fais moins bien et sur des petites erreurs que je pourrais gommer. Dernièrement, je pense avoir progressé et je me sens plus complet."
Zinedine Zidane préfère que ses joueurs tentent des choses. C’est sa façon de gérer son groupe et en particulier ses jeunes ?
"Dans son idée, il veut faire en sorte que les joueurs tentent des choses, quitte à faire des erreurs. C’est beaucoup mieux que de se cacher, de jouer trop simple, de jouer la sécurité. Même s’il y a des attentes au très haut niveau, il ne faut pas rester dans sa zone de confort et aller chercher la difficulté. C’est le meilleur moyen, je pense, pour progresser."
On a parlé de vous récemment, en vous reprochant de manquer un peu d’agressivité, de vice. Comment essayez-vous de remédier à cela ?
"J’ai mon style de jeu, bien à moi, avec mes qualités, des qualités naturelles de vitesse. J’essaie de jouer sur l’anticipation. J’ai un bon jeu de tête. J’essaie de jouer sur mes forces. Je pense que je suis plus complet aujourd’hui. Je pense aussi avoir progressé dans ce domaine-là dernièrement. Pepe, Sergio Ramos, c’est plus dans leur registre. A force de les côtoyer, j’essaie d’apprendre d’eux. Ce sont des points sur lesquels ils sont performants et sur lesquels j’ai progressé ces dernières années."
Comment ça se passe avec Zinedine Zidane au Real Madrid ?
"Au tout début, j’étais très impressionné par le joueur, par ce qu’il représente. Au fil du temps, on a appris à se connaitre. Aujourd’hui, il est là pour me donner des petits conseils, pour ne pas me laisser me reposer sur mes lauriers, me faire sortir de cette zone de confort pour me faire progresser. J’ai besoin de ça aussi pour avancer, d’être stimulé pour aller chercher la performance et gommer certaines erreurs. Il a un côté assez formateur. Pour lui, il y a toujours une marge de progression."
Vous avez une relation particulière avec lui ?
"Il essaie d’être proche de tous ses joueurs. Il n’y a pas de traitement de faveur à Madrid. Le fait d’être français et de m’avoir fait venir à Madrid, cela ajoute un petit tout à notre relation. Il n’y a pas de non-dits avec lui, on est franc, on est sincère. C’est bien, il y a pas mal de communication."
Vous avez désormais 33 sélections. Comment jugez-vous votre carrière avec les Bleus ?
"Je suis content. Il y a beaucoup, beaucoup de points positifs. C’est vraiment du bonheur de faire partie de cette sélection. Il y a l’Euro, auquel je n’ai pas participé. Pour moi, c’est le bémol. Mais sinon, je suis très content. Je me sens de plus en plus à l’aise dans ce groupe, pour participer à la vie de groupe, faire part de mon expérience et exprimer au maximum mes qualités."
Vous faites partie des cadres de cette équipe de France. Les guider, les aider, c’est un rôle qui vous plait ?
"C’est vrai que je fais partie des anciens, malgré mon jeune âge. J’essaie de bien intégrer les nouveaux qui arrivent. C’est quelque chose que j’aime bien dans le football. J’aime bien apporter aux autres. C’est pour ça que j’ai choisi un sport collectif à la base étant jeune, c’est pour partager des moments avec les coéquipiers et dès que j’ai l’occasion, j’essaie de les aider, d’apporter un plus. Je suis vice-capitaine et je suis très heureux d’avoir ce rôle-là. C’est une grande marque de confiance du sélectionneur."
Manquer l’Euro a-t-il été le plus gros regret de votre carrière ?
"Clairement. Pour moi, c’était très difficile à vivre. Maintenant, c’est derrière moi et j’espère bien me servir de cette expérience comme une force, pour que ça me serve dans le futur pour être plus fort, que ce soit toujours un rappel de ce que c’est de vivre les moments qu’on a la chance de connaitre comme footballeur."
Gagner la Coupe du monde 2018 est un objectif collectif mais aussi individuel non ?
"C’est clairement un objectif. Maintenant, j’ai appris à ne pas voir à trop long terme. On va déjà voir match par match et essayer de se qualifier."
Après une finale à l’Euro et avec un réservoir de jeunes de qualité, vous comprenez qu’il y ait autant d’attentes autour de cette équipe ?
"Je comprends. C’est un groupe qui a beaucoup de qualités, qui continue à mûrir. Après un bon résultat, on espère toujours plus. On peut faire de très belles choses. C’est normal qu’il y ait cette attente. Tant mieux, cela veut dire que le groupe est de plus en plus performant."
Alors que certaines nations vieillissent un peu, l’équipe de France est peut-être la prochaine équipe à suivre dans les dix prochaines années. Ce n’est pas pesant pour un groupe assez jeune ?
"Si on peut réussir au plus haut niveau sur les prochaines années, tant mieux. C’est un bel objectif pour nous. On ne se fixe pas de limites, on verra jusqu’où peut aller ce groupe. Il faut se remettre en question quotidiennement pour progresser. Si on peut devenir, dans les prochaines années, l’équipe à battre, ce sera une pression positive. On ne va pas se prendre la tête avec ça."
source : RMCSport