Le Brésilien Vinicius Junior s’est effondré en conférence de presse en parlant des insultes racistes dont il est victime.
Vinicius s'est présenté en salle de presse à Valdebebas. La première question a tout de suite porté sur les insultes qu'il reçoit quand il joue et même quand il ne joue pas.
"C'est quelque chose d'assez triste, c'est quelque chose qui arrive ici à chaque match, chaque jour. Chaque plainte me rend très triste. Mais c'est comme pour tous les 'noirs' qui existent dans le monde. C'est triste. C'est quelque chose qui arrive. Pas seulement en Espagne, mais dans le monde entier... C'est arrivé à mon père aussi, ils ont choisi une personne blanche plutôt qu'une personne noire. C'est quelque chose que je remarque, et je me bats parce qu'ils m'ont choisi... Je me bats pour que, dans un avenir proche, ça n'arrive plus à personne", a déclaré le joueur, qui porte dans son dos le slogan de l'équipe nationale : "Une seule peau".
Après 20 minutes, Vinicius a fondu en larmes en parlant de sa famille et de ce qu'il ressent face à tout ce qui se passe. Quarante secondes de silence, accompagnées des larmes du joueur, avant que la salle ne lui témoigne son soutien par des applaudissements.
Vinicius en larmes en conférence de presse :
« Tout ce que je veux c'est jouer au football et que les noirs ne souffrent pas »
Ça brise le cœur sérieux...... pic.twitter.com/ZqSDdj3x9P
— Gio CR7 (@ArobaseGiovanny) March 25, 2024
Soutien des joueurs : "Je me sens soutenu par mes coéquipiers et par les joueurs. J'espère et je souhaite que le racisme diminue de plus en plus. Il ne reste plus qu'à travailler et à poursuivre le chemin déjà entamé. Les joueurs m'envoient des messages de soutien. Je dois m'améliorer sur le terrain. J'ai seulement 23 ans et c'est une progression naturelle. On quitte le Brésil très jeune sans avoir appris beaucoup de choses. Je vois ça depuis longtemps et je me sens de plus en plus triste, chaque jour j'ai de moins en moins envie de jouer au football…"
Famille : "Ma famille me soutient, ainsi que les supporters qui m'encouragent et me disent de continuer à me battre. J'aspire à l'égalité dans un avenir proche. Je veux qu'il y ait l'égalité et que la vie soit normale pour tout le monde."
Endrick et son rêve : "Je suis très heureux d'accompagner Endrick en équipe nationale. Il va faire de grandes choses dans le football. Il mûrit et accomplit déjà de bonnes choses. Venir ici si jeune est important, car c'est le meilleur club du monde, mais c'est aussi compliqué à cause des critiques et de la pression. Mais nous serons là avec lui pour l’aider."
Evolution : "Beaucoup de mes coéquipiers m'aident. Nous travaillons, pas seulement pour l'Espagne, pour que cela ne se reproduise pas dans le monde entier. J'insiste, de nombreux collègues et organisations m'ont témoigné leur soutien. Il est essentiel d'évoluer en tant qu'être humain. Ils sont déjà allés trop loin avec moi à plusieurs reprises, avec ma famille.... Je veux que ça change, que chaque fois que je viens ici, on ne me pose pas de questions à ce sujet."
Absence de sanction : "L'absence de sanction est ce qui me frustre tous les jours. Il serait important de punir. Les gens auraient peur et on pourrait faire comprendre aux enfants ce qu'il ne faut pas faire."
Jouer au Bernabeu avec le Brésil : "C'est un rêve qui se réalise de jouer à domicile avec le Brésil. C'est un match très important. J'espère battre l'Espagne. Nous jouons aussi contre de grands joueurs, avec mes coéquipiers.... C'est un match très spécial que nous essaierons de gagner."
Une solution compliquée : "À chaque plainte que je formule, ça semble s'aggraver. Je ne me bats pas contre les supporters espagnols, mais contre le racisme dans le monde. J'ai parlé à beaucoup de gens qui voulaient m'aider.... Il y aura des gens qui diront du bien de moi et d'autres qui diront du mal. Mais je dois m'y habituer. J'ai toujours l'intention d'aider toutes les organisations à lutter contre le racisme. J'ai parlé avec l'UEFA, avec la FIFA, avec la LaLiga et il est vrai que ça s'améliore, que ça fonctionne, mais c'est aussi compliqué, parce que le racisme n'est pas un crime. La défense contre le racisme n'est pas assez forte pour le combattre. Peu de gens savent ce que nous vivons avec les racistes."
Soutien de la Fédération brésilienne : "Je dois remercier le président et tous les footballeurs brésiliens. Sur le terrain et en dehors. Le président a également appliqué les lois brésiliennes et s'est efforcé d'éliminer le racisme au Brésil. J'espère que d'autres fédérations dans le monde y travailleront également, que cela servira de précédent. Je remercie également ma famille pour son soutien, même si elle souffre aussi. Maintenant je comprends mieux le racisme, c'est pour cela que je parle avec autant de bienséance. Mohamed Ali était un exemple et je suis ici pour parler au nom des Brésiliens."
La force de continuer : "Ma famille, tous ces gens qui souffrent tous les jours m’apportent cette force. D'autres personnes n'ont pas de telles perspectives d'avenir. J'aime être ici pour représenter tout ce que je représente, ma famille, le Brésil.... Je sais que d'où je viens, il n'y avait pas beaucoup d'avenir. Je suis déjà gagnant d'être là où je suis. Je veux être meilleur et aider mon équipe."
Le Real Madrid et son soutien : "J'ai si souvent pensé à partir d'ici.... Mais si je pars, je donnerai raison aux racistes. Je veux rester ici, dans le meilleur club du monde, pour qu'ils puissent continuer à voir mon visage. Je continue à évoluer pour ces choses, pour être la joie de tous les gens qui vont au stade. Les racistes sont une minorité, et ça n'arrive pas toujours. Mais parce que je suis audacieux, que je suis du Real Madrid, le meilleur club du monde, c'est compliqué. Mais je vais continuer, parce que le président me soutient, le club me soutient. Si je pars, ce sera le triomphe du racisme".