Le départ de Toni Kroos à la retraite laisse un vide au Real Madrid bien difficile à combler. Le quotidien Marca illustre le problème à l'appui de chiffres éloquents.
Un être vous manque et tout est dépeuplé. On se rend d’autant plus compte de la valeur d’une personne après l’avoir perdue. Et c’est aussi véridique dans le monde du football. En effet, le fantôme de Toni Kroos hante l’entrejeu madrilène en ce début de saison. Le Real se retrouve face à des équipes regroupées derrière qui laissent peu d’espace entre les lignes, ce qui demande une capacité à aérer le jeu par des longs ballons comme le faisait si bien l'Allemand.
Pour illustrer ce problème, il faut noter que le Real Madrid n’est que la 9ème équipe de Liga en termes de passes filtrées (passes précises entre les lignes de défenses resserrées) avec un total de 11 passes de ce type par match, loin des 27 du FC Barcelone par exemple. De plus, selon les données de Comparisonator via Wyscout, le Real Madrid réalise 37 passes longues en moyenne contre 40 la saison dernière. En revanche, le club merengue fait plus de passes en zone d’attaque cette saison avec 73 passes contre 61 la saison précédente. Le jeu du Real Madrid manque globalement de verticalité.
Allons maintenant un peu plus loin dans l’analyse statistique en prenant l’exemple de certains matchs et de séquences de possession significatives du manque de déstabilisation généré par le Real Madrid. Contre Majorque, on retrouve une possession longue de 98 secondes avec 34 touches de balles et 32 passes réalisées, en grande partie dans le camp rival mais pas de changement de jeu marquant qui permettrait d’ouvrir des espaces et de mettre en difficulté le bloc bas adverse.
Face au Real Valladolid, on dénote le même problème. 76 secondes de possession, 25 touches de balle et 20 passes réalisées, en majorité des passes courtes et horizontales qui sont inoffensives pour l’adversaire. Aucune passe ne pénètre la ligne défensive adverse et il n’y a toujours pas de changement d’orientation à la Toni Kroos...
En résumé, le jeu du Real Madrid est stéréotypé, facilement prévisible et peu déstabilisant d’autant plus face à des équipes qui acceptent le fait de jouer avec un bloc compact et bas sur le terrain. Et c’est précisément là que la vision du jeu et les passes millimétrées de Toni faisaient la différence à maintes et maintes reprises. L’Allemand, positionné sur le côté gauche du milieu de terrain, trouvait avec une facilité déconcertante la zone de Valverde et Carvajal sur le côté opposé.
À titre d’exemple, la saison dernière, Toni Kroos a fait 0,98 tentative de changement d’orientation du jeu pour 0,78 de réussite quand Jude Bellingham en fait 0,25 tentative pour 0,22 de réussite. En 2022-2023, Kroos a connu des chiffres similaires avec 0,98 tentative de changement de jeu toutes les 90 minutes et 0,82 de réussite. Ceballos suit derrière l’Allemand avec respectivement 0,69 et 0,64. En 2021-2022, Toni était même monté à 1,65 tentative pour 1,29 de réussite. Modric, à titre de comparaison, était à 0,26 (toutes ses tentatives ont été sans échec). En 2020-2021, Kroos a essayé 1,13 renversement de jeu pour une réussite de 0,85 quand Sergio Ramos, bon dans le domaine, réalisait respectivement 0,93 et 0,53.
Cette saison, personne n’arrive à assumer ce rôle à la hauteur de ce que réalisait Toni Kroos. En effet, Aurélien Tchouaméni, qui a de plus grandes responsabilités depuis le départ de l’Allemand notamment dans ce domaine, se montre trop neutre et plutôt frileux dans la réalisation de ce type de passes. C’est Federico Valverde qui, pour le moment, est le plus actif et adroit dans ce domaine : il réalise 0,54 tentative avec un taux de réussite de 0,43 mais on est encore loin des références de l’ancien numéro 8 du Real Madrid, repris d’ailleurs par Valverde. Enfin, Militao est celui qui en a le plus essayé avec 0,69 tentatives mais il manque de précision avec un taux de réussite à 0,35.