Après la victoire du Real Madrid ce mercredi et une nouvelle "Remontada", Santillana s'est exprimé sur les plus célèbres retours de situation vécus par le plus titré des clubs européens.
Comment est née la légende des "Remontadas" ?
"C'était lors d'un match face à Derby County durant la saison 1975-1976. On avait perdu 4 - 1 là-bas et avions réalisé l'exploit d'égaler le score de l'aller à Bernabéu. En prolongations on a marqué le 5ème but. A l'époque il y avait 120 000 personnes à Bernabéu, les supporters te poussaient pour que tu ailles au bout de toi-même, on donnait notre âme à chaque match. Et qu'on joue bien ou mal, on intimidait toujours l'adversaire. Maintenant il se passe des choses similaires, on (le Real) a une relation particulière avec la Ligue des Champions et ça se voit..."
Ce Real là vous rappelle t-il le votre ?
"Il faut valoriser l'effort et l'attitude montrés par les joueurs jusqu'à la fin dans le match face au Sporting malgré le fait que ce n'était pas un match aller-retour à élimination directe et que la tension était moins intense."
Quel était le secret de vos remontées constantes dans les années 80 ?
"On avait une confiance énorme au Bernabéu. Lorsque l'on perdait d'un écart important à l'extérieur, on se jurait de remonter. Au départ avec Amancio, Pirri, Velázquez... Ensuite avec Juanito, Camacho, Stielike, San José, et moi-même. L'envie et la rage que nous avions nous faisait réagir."
Comment y parveniez-vous ?
"On avait une très bonne équipe pour jouer à domicile. Les côtés étaient ouverts avec Míchel et Gordillo qui centraient très bien ou encore Valdano et moi bons dans le jeu aérien. Pour pénétrer dans l'axe nous disposions de Buitragueño, Míchel, Martín Vázquez ou encore Juanito."
Dans quelles circonstances Juanito a t-il parlé des fameuses ‘90 minuti’?
"(Rires) C'était lors des demies de la Coupe UEFA en 1985-1986 (3 - 1 à l'aller pour les Intéristes à San Siro et 5 - 1 pour les madrilènes après prolongations à Bernabéu). Vous savez bien qu'à San Siro il y avait un tunnel énorme d'au moins 50 mètres ou plus. C'était le chemin pour rentrer aux vestiaires. Et ici, les italiens riaient, se moquaient. Juanito, qui était aussi énervé que tout le monde, s'est approché d'eux en leur disant «Riez, riez, 90 minutes au Bernabéu c'est très très long» et tout ça dans un italo-espagnol parfait. La vérité c'est que dans ces matchs nous avions beaucoup de chance parce qu'on jouait tout de même notre survie"
Dans cette même Coupe UEFA, vous avez vécu une autre nuit similaire face au Borussia Moenchengladbach...
"Pour moi, c'est sans aucun doute, avec celle de Derby County, la plus émouvante. On avait perdu 5 - 1 en Allemagne et on devait donc gagner minimum 4 - 0 chez nous. Le stade était en ébullition. Il nous manquait un petit but à quelques minutes de la fin et c'est là que j'ai marqué dans les derniers instants (90'). Imaginez 120 000 personnes qui braillent. Aujourd'hui encore, je dis toujours que ce but c'est le public qui l'a mis."
Rappelez-nous l'action ?
"C'était un ballon mort dans la surface suite à une touche, un cafouillage, et je l'ai mise au fond ! Je ne me suis pas demandé comment. J'avais déjà inscrit le but précédent, celui-ci était magnifique. Une volée !"
Et comment l'avez-vous célébré ?
"Un truc de fou ! Tout le monde s'est jeté sur moi. Ce match a crée une atmosphère particulière. Ces allemands si forts qui nous avaient marché dessus chez eux... La préparation psychologique était différente de celle actuelle qui est très professionnelle mais je vois que ce Real là a un gêne de gagnant..."