À partir d'aujourd'hui, la saison du Real Madrid rentre dans une phase décisive. Tout comme la campagne présidentielle.
Comment désendetter un pays ? La politique d'austérité propose de réduire les investissements, de licencier des ouvriers, de dépenser moins d'argent, par conséquent d'économiser, et ainsi, de rembourser sa dette. "Austérité". Un mot qui s'est imposé comme un incontournable du jargon politique. Cette idée de faire des sacrifices maintenant, d'en subir les contrecoups durant un moment qui s'annonce difficile, puis d'espérer pouvoir en tirer les bénéfices dans des temps susceptibles d'être lointains.
Croire en les bienfaits de l'austérité, c'est faire une sorte de pari. Le pari que tout bonheur est précédé d'une souffrance, ou que rien ne s'obtient sans privation. En définitive, l'austérité se traduit par un présent sacrifié, pour un possible futur meilleur. Et ce futur, il s'évalue par un résultat. L'implacable bilan supplante toute autre considération. Aucun patron ne se félicitera d'avoir fait de son mieux, mais d'être toujours endetté. Et pour le fan du Real Madrid, c'est la même chose. Il est austère. Le résultat est trop important pour lui.
Aimer, c'est excessivement dur
Supporter le Real est-il plus facile que de supporter un petit club condamné à ne jamais gagner ? Les meilleurs joueurs, le plus grand palmarès, une exposition immense, des luttes pour tous les titres... Certes, tout cela est mirifique. Mais de ces avantages découle une attente indiscutable : gagner encore et toujours. On en revient au résultat. Le Real n'est pas un club qui s'autorise à se contenter d'avoir perdu en faisant le maximum. Même quand l'adversaire est meilleur, il doit gagner.
À partir de 16 heures 15 cet après-midi, les madridistas rentrent dans une période d'austérité. Ils vont pâtir du stress, de l'angoisse. Subir maintenant, se réjouir plus tard. Mais à tout moment, ils auront en vue un dénouement heureux. Sans ça, ils ne seraient pas supporteurs. L'espoir, l'optimisme, c'est également de ça dont il est question. Une seconde signification d' "austère" mentionne le fait de suivre des règles rigides, rigoureuses. La règle que se donnent les passionnés du Real est précisément d'être plein d'espoir. L'espoir nous détourne du présent. Et comme le présent est austère, c'est tant mieux. Quand son équipe gagne 1-0 à la 90e, l'immédiat est insupportable. Alors, dans son esprit, on se projette à la fin du match. Là, tout va déjà mieux.
L'économie des émotions
Personne n'apprécie l'austérité sur le moment. Elle fait trop souffrir. Mais si on changeait de politique ? Si on optait pour la relance ? Investir massivement son capital (ses émotions) immédiatement, ne pas être sans cesse obnubilé par l'issue finale, voir des postes se créer (des occasions de but), valoriser le plan économique (le plan de jeu), et à l'échéance du mandat (à la fin du match), faire les comptes. Car ce qu'on apprécie aussi dans le football, c'est le jeu. Si tel n'était pas le cas, on ne regarderait pas les matches. Austérité, relance. Peuple du football, faites votre choix. Votez !