Dans son édition de la semaine, France Football a, sans surprise, nommé le Real Madrid comme étant le plus grand club du monde. À cette occasion, le président Perez a accordé un long entretien au magazine français. Extraits.
➤ Les confessions de Marcelo
(1)
➤ Les confessions de Marcelo
(2)
FF : Président, qu’est-ce qu’un grand club ?
Perez : Un grand club, c’est d’abord celui qui est
l’héritier d’une grande et belle histoire. Mais aussi celui qui se
base sur un grand palmarès, une culture de grandes valeurs et sur
ce qu’on appelle en Espagne une grande “masse sociale”,
c’est-à-dire sur de nombreux êtres humains qui le soutiennent.En ce
sens, nous pouvons dire qu’au Real, nous sommes bien lotis car nous
comptons aujourd’hui plus de cinq cents millions de supporters de
par le monde.
Le plus grand club est-il forcément le plus riche
?
Soyons clairs, le football se doit d’être une adéquation
économico-sportive et le plus important désormais est de rechercher
sans cesse un équilibre entre ces deux aspects. Je peux vous parler
de ce que nous avons fait et de ce que nous faisons toujours au
Real Madrid. Nous appliquons la politique que notre président
Santiago Bernabeu (NDLR : de 1943 à 1978) avait mise en place à son
époque et dont la recette fonctionne parfaitement.
D’abord, essayer de recruter les meilleurs joueurs du monde et
les meilleurs joueurs d’Espagne pour qu’au-delà de la réussite dans
les résultats sportifs, le club puisse générer de plus grosses
recettes. À cela nous ajoutons un important centre de formation, ce
qu’on appelle chez nous la “cantera”, où l’équipe première puise
des talents. Une école de football où sont inculquées les valeurs
et tout ce qui fait l’identité du Real Madrid. C’est donc ce
mélange de qualité sur tous les plans et ce sentiment qu’on
nomme “madridisme” qui nous ont permis de devenir le club le plus
admiré et le plus prestigieux du monde.
À certains moments de son histoire le Real a aussi connu
des moments difficiles, notamment au niveau
institutionnel…
Oui, mais nous sommes parvenus à unir tous les supporters de notre
club derrière un projet solide et nos récents succès sportifs ont
aussi été la conséquence d’une stabilité institutionnelle
exemplaire. Nous avons travaillé dur pour doter le Real d’une
solidité et d’une solvabilité essentielles pour que ce club reste
la propriété de ses “socios” (membres-supporters) et donc demeure
indépendant. Ainsi, en 2018, et pour la douzième année, nous avons
réussi à être le club ayant eu, d’après l’étude de Deloitte, les
plus grosses recettes du monde.
[better-ads type="banner" banner="52755" campaign="none" count="2" columns="1" orderby="rand" order="ASC" align="center" show-caption="1"][/better-ads]
Impossible donc de séparer le sportif et le financier
?
Non, car c’est cette stratégie qui nous a permis d’être leader sur
le plan sportif, économique, social et aussi solidaire, à travers
notre fondation. Et tout ceci repose sur ces piliers fondamentaux
pour notre club que sont nos valeurs, celles-là mêmes qui ont été
transmises de génération en génération et qui ont permis au Real
Madrid d’avoir une vocation universelle
Quelle est la grande force du Real ?
C’est simple, la meilleure chose que possède le Real Madrid, ce
sont ses socios et ses supporters.C’est grâce à leur force, leur
loyauté, leur implication et leur passion que notre club possède le
plus grand et le plus beau palmarès de l’histoire du football. De
par son statut associatif, le Real n’a pas d’actionnaires, mais
exactement 93 606 socios qui sont les vrais et uniques
propriétaires de ce club. Et le président que je suis est un
socio parmi les autres, que ces mêmes socios ont élu. Quand je
passe devant le stade Santiago-Bernabeu, je me dis toujours qu’il
n’appartient à personne parce qu’il appartient à tous ceux qui
aiment le Real Madrid. Tous ensemble nous sommes ce que nous sommes
parce que nous sommes restés fidèles à ces valeurs qui se
transmettent de père en fils depuis cent seize ans. Des valeurs
comme le respect, le travail, le dépassement de soi, le fair-play,
la solidarité…
Peut-on dire que les socios sont les gardiens du temple
?
Exactement, les socios et les supporters du Real en général ne
permettraient jamais que se fassent des choses qui iraient à
l’encontre de notre histoire. Je respecte les autres clubs qui
n’ont pas la même structure mais le fait d’être au service de nos
“aficionados” nous aide à toujours chercher la bonne voie.
Le Real a-t-il besoin d’exister davantage sur le marché
des transferts pour continuer à asseoir sa suprématie
?
J’insiste, nous possédons le meilleur effectif du monde et les
derniers trophées remportés l’attestent. Nous n’allons quand même
pas dépenser pour dépenser ! Par exemple, j’ai lu et entendu dans
les médias durant des années que le Real avait besoin d’acheter un
numéro 9 alors que la réalité montre clairement que Karim Benzema
est le meilleur numéro 9 du monde ! Notre stratégie, tout en tenant
compte du marché des transferts, de l’ordre nouveau qui s’y est
installé ces dernières années, est de passer devant les autres dans
le recrutement des stars du football mondial qui émergent. Et c’est
ce que nous faisons désormais avec des joueurs très jeunes qui
seront les protagonistes du futur. Comme Vinicius Junior ou
Rodrygo, par exemple.
Que peut envier le Real à d’autres grands clubs
?
Tous les clubs connaissent de grandes réussites et nous savons
apprendre des autres. Chaque club a sa personnalité, son histoire,
et le Real Madrid a les siennes. Et je crois que le Real est ce
qu’il est parce qu’il a toujours été conscient de ce que devait
être son propre destin. Envier quelque chose aux autres ? Je ne le
formulerais pas comme ça. Je dirais que le Real est grand aussi
parce qu’il a eu de grands adversaires
Savez-vous déjà à quoi ressemblera le Real de 2030
?
Le Real Madrid a été désigné par la FIFA comme le meilleur club du
XXe siècle et nous travaillons pour qu’il soit aussi le meilleur du
XXIe. Nous possédons une puissance économique et une stabilité
institutionnelle qui nous permettent de regarder l’avenir avec
espoir et tranquillité, avec la conviction que nous pourrons
continuer d’alimenter ce mythe qu’est le Real Madrid.Le Real de
2030 sera un club totalement adapté à l’ère numérique, qui
permettra une plus grande expansion et une meilleure connexion avec
nos millions de supporters de par le monde. Ce sera aussi un club
avec de plus grosses recettes et, comme stade, une icône
architecturale, qui nous aideront à être plus forts. Mais, surtout,
à travers sa fondation déjà présente dans plus de quatre-vingts
pays, le Real Madrid sera encore et toujours au côté des plus
faibles."