Fin 2019, un film-documentaire en trois parties, du nom de "Varane, destin de champion", retraçant la vie du Madrilène et Champion du Monde sera proposé sur la plate-forme Amazon Prime. Le Français a accordé une interview au Parisien à ce sujet.
Comment est née l'idée de ce documentaire ?
J'y songeais depuis quelque temps. À 26 ans, je suis à la croisée des chemins entre jeunesse et expérience. J'arrive à un moment de ma carrière où j'ai déjà vécu beaucoup de choses. Je me suis dit pourquoi attendre. J'avais peut-être acquis, aussi, la maturité nécessaire pour me lancer dans ce projet destiné à retracer mon chemin de vie. J'ai rencontré Théo Schuster pendant la Coupe du monde (ndlr : un des deux réalisateurs du film « Les Bleus 2018, au cœur de l'épopée Russe »). On a pas mal échangé pendant la compétition. Un bon feeling s'est vite installé entre nous.
Bénéficiez-vous d'un droit de regard sur les différents rushs ?
Avant le début du tournage, j'ai juste répété à Théo mon désir d'authenticité. Je veux que ce documentaire me ressemble vraiment. Je ne me mets pas en scène pour jouer un rôle. Je ne suis pas un acteur. Ce n'est pas mon métier. Je ne sais pas faire. Concrètement, j'accorde une totale confiance à Théo. Il a carte blanche. Je ne lui mets aucun bâton dans les roues, ça c'est une évidence. Il m'a montré quelques images, ça a renforcé ma confiance.
En êtes-vous parfois arrivé à oublier que vous étiez filmé ?
C'était un tournage en petite équipe avec un maximum de deux personnes (ndlr : cameraman et réalisateur). Je ne voulais pas que ça soit gênant, ni pour moi, ni pour mon entourage. Lors de discussions informelles chez moi, notamment, j'oubliais totalement la présence de la caméra. Je me comportais comme à l'accoutumée sans rien changer à mes habitudes.
Dévoiler des pans de votre vie privée est-ce aussi une façon de vous démarquer de votre image de champion si discret ?
Je n'entends, d'aucune manière, améliorer ou modifier mon image. Ça ne m'est même jamais venu à l'esprit. Je souhaite juste que les passionnés de foot, ceux qui suivent ma trajectoire et ceux qui, tout simplement, ont vibré pendant le Mondial 2018 puissent me connaître davantage. Et pour cela, ils ont besoin de savoir d'où je viens, qui je suis et de découvrir aussi mon entourage. Après, il est toujours difficile d'anticiper la réaction des gens. Ce qui est sûr c'est que ce film va éclairer l'homme que je suis sous un jour nouveau.
C'est aussi l'occasion de montrer comment vous vous êtes construit, loin des trajectoires habituelles des autres footballeurs ?
Ma trajectoire est, il est vrai, un peu atypique. Je n'ai pas de référence de footballeurs confrontés aux mêmes choses aussi tôt. Regarder derrière moi est une façon intéressante pour remettre tout à plat et dresser un premier bilan. Tout a été tellement fou, parfois irrationnel, durant ces années. D'où l'intérêt de rembobiner un peu le film de ma carrière. Pour en arriver là, où je suis aujourd'hui, tout n'a pas été simple. Dans la vie, on se construit aussi dans la difficulté.
On va découvrir votre fils Ruben. La paternité a-t-elle changé quelque chose chez vous ?
Dans ma carrière, non, sauf que les mises au vert me semblent plus longues ! Elle m'a fait mûrir et franchir des caps au niveau personnel. Ça change un homme et les priorités aussi, on relativise plus. J'étais prêt pour ça depuis un moment. Aujourd'hui, j'ai envie d'être le meilleur père possible. Dans 10 ou 15 ans, Ruben pourra visionner ce film. Les années passent tellement vite...
Était-il important de mettre en lumière des gens, qui ont participé à votre réussite ?
Bien sûr. Il me semblait nécessaire et pertinent que certains de mes proches (ndlr : Zidane, Deschamps, Modric, Benzema, Mourinho, Mbappé, Pogba, Martel…), des membres de ma famille comme sa femme et mon frère, s'expriment à mon sujet. C'était même indispensable pour crédibiliser ce documentaire, lui offrir davantage d'intimité.