Le footballeur allemand Mesut Özil a mis un terme à sa carrière à l’âge de 34 ans. Il a accordé une interview à Marca. Extraits.
Un magicien prend sa retraite.
C’est vous qui le dites... Même maintenant que j'ai pris ma retraite, je n'oserais pas dire cela, mais merci, j’apprécie. C'était mon style, j'essayais toujours de faire des passes et des actions auxquels personne ne pouvait s'attendre. Je pense que c'est de là que vient le surnom. Et cela signifie que les supporters ont pris du plaisir avec moi, probablement de la même manière que lorsqu'ils assistent à un spectacle de magie. Je suis heureux de l'entendre, vraiment.
Vous prenez votre retraite à l'âge de 34 ans, pourquoi si tôt ?
Après mûre réflexion, je suis sûr que c'est la bonne décision. Au cours de ma carrière, je n'ai pas eu beaucoup de blessures et j'ai toujours été en forme, mais les derniers mois (il a subi une grave blessure au dos pour laquelle il a dû se faire opérer) ont été très lourds et très durs. Je ne pouvais plus aider mon équipe sur le terrain comme je le souhaitais. J'ai donc dit à Basaksehir ce que je pensais et nous avons trouvé une solution rapidement.
Qu'est-ce que vous allez faire maintenant et y avez-vous pensé ?
Pas encore. Honnêtement, je ne sais pas à cent pour cent ce qui va se passer dans les mois et les années à venir. Mais pour l'instant, je vais me concentrer sur ma famille, ici en Turquie. J'ai une femme et deux belles filles. Ce que j'attends avec le plus d'impatience, c'est de voir mes filles grandir, elles sont les deux plus beaux cadeaux que j'ai reçus dans ma vie. Je savoure chaque seconde passée avec elles.
Pour l'instant, je n'ai pas l'intention de devenir entraîneur ou de rester dans le football, honnêtement. Je fais partie du football depuis près de 17 ans et, pendant la majeure partie de cette période, j'ai pris beaucoup de plaisir à jouer. J'en suis très reconnaissant et je me sens béni. Ceux qui ont suivi ma carrière savent que je n'aime pas vraiment être devant les caméras, donner des interviews et être au centre de l’attention du public. Je vais donc pouvoir profiter d'un peu plus de calme dans ma vie.
Vous souvenez-vous de la façon dont vous avez été recruté et qui a été la première personne du Real Madrid à vous appeler ?
C'était une décision entre le Real Madrid et Barcelone. Et à la fin, ce n'était pas une question d'argent. Je ne sais pas si c'est connu, mais j'ai visité Madrid et Barcelone à l'époque et la différence, c'était José Mourinho. Mou m'a offert une visite VIP au Real Madrid. Il m'a emmené voir le stade et tous les trophées qu'ils avaient gagnés. J'en ai eu la chair de poule. La visite à Barcelone a été moins enthousiaste et le plus décevant, c'est que Pep Guardiola n'a même pas pris la peine de me rencontrer. Avant ce voyage, j'aimais beaucoup le style de football du Barça et je m'imaginais très bien jouer pour eux, mais le Real a mis le paquet. José Mourinho a donc été le facteur le plus important dans ma décision. Après mes visites, ma décision était claire à 100% : je voulais être un madridista.
Quels sont vos souvenirs du jour de votre présentation ?
À l'époque, je n'avais que 21 ans. J'avais déjà participé à la Coupe du monde 2010 avec l'Allemagne, j'avais de l'expérience en Europe avec le Werder.... Mais je n'avais jamais vécu ce jour-là. Avoir autant de photographes et de journalistes braqués sur moi, c'est quelque chose que je n'avais jamais vécu auparavant. Ce n'était pas une journée facile, j'étais très nerveux. Mais c'était un jour très spécial, il n'y a pas d'autre club que le Real Madrid en ce qui concerne les présentations. Ce jour-là, vous vous rendez compte que vous êtes à un autre niveau.
Le Bernabéu est tombé amoureux de vous dès la première minute...
Les supporters madrilènes sont vraiment incroyables. Même dix ans après avoir quitté Madrid, je reçois toujours un soutien et une affection spectaculaires de la part des supporters. C'est vraiment incroyable. Je pense que nous avons passé trois très bonnes années ensemble, trois années au cours desquelles les supporters ont apprécié et vu que je donnais tout pour le club. Pour être honnête, je ne m'attendais pas à ce que ce soutien perdure aussi longtemps, je ne peux donc que remercier les madridistas.
À Madrid, à l'exception de quelques matchs avec Ancelotti, toujours avec Mourinho comme entraîneur : quels souvenirs gardez-vous de Mou ?
Tout le monde connaît mon anecdote dans le vestiaire avec lui [rires]. Mais nous avons quand même eu une très bonne relation. Il a toujours su me motiver, faire de moi un meilleur joueur chaque jour. C'est un entraîneur incroyable et je suis très fier d'avoir pu jouer pour lui.
Avec Cristiano Ronaldo, vous avez formé une grande association. Il dit toujours que c’est l'une de ses meilleures associations. Avez-vous formé l'un des meilleurs duos offensifs au monde ?
J'ai pris beaucoup de plaisir à jouer avec Cristiano Ronaldo, qui est pour moi le meilleur joueur de tous les temps. Nous nous comprenions très bien sur le terrain, c'était parfait. Je faisais des passes décisives et il marquait des buts. Faire une passe à un joueur qui ne rate presque jamais sa cible était un cadeau.
Dans le vestiaire, vous avez noué une grande amitié avec Sergio Ramos. Êtes-vous toujours amis ?
Sergio Ramos est le meilleur défenseur avec lequel j'ai jamais joué. Et celui qui a le plus de caractère. Il était encore très jeune à l'époque, mais il avait déjà une mentalité très forte. Il était incroyable. Il était évident que tôt ou tard, il conduirait le Real Madrid à remporter la Ligue des champions. C'est un vrai patron. À l'époque, c’était l'un de mes meilleurs amis. Nous nous amusions beaucoup ensemble et passions beaucoup de temps ensemble en dehors des entraînements. Il a joué un rôle clé dans mon adaptation rapide au Real Madrid, il m'a beaucoup aidé. Même plus de dix ans plus tard, nous sommes toujours en contact : nous nous envoyons des messages de temps en temps et, bien sûr, je suis toujours sa carrière.
Quels souvenirs gardez-vous des Clasicos contre Barcelone ?
Je pense que j'ai vécu la meilleure époque des Clasicos, Real-Barça à leur apogée, et même les demi-finales de la Ligue des Champions ! C'était des matchs où il y avait tout. C'était Mou contre Pep, Cristiano contre Messi... Aujourd'hui, le Clasico a perdu de son intensité et de son intérêt. Battre Barcelone à l'époque, c'était comme un orgasme, parce que c'était des matchs incroyablement durs. Je dois aussi dire que notre défaite 5-0 en Liga en 2010 a été l'un de mes plus grands cauchemars sur un terrain. J'ai joué beaucoup de matchs, beaucoup de derbys, mais je pense qu'il n'y aura jamais rien de comparable à ces Clasicos.
Ils ont gagné la Liga, la Copa del Rey, la Supercopa.. La Ligue des champions est l'épine dans votre pied ?
Gagner la Ligue des champions a toujours été un de mes rêves, oui. Mais la vie est ce qu'elle est. On ne peut pas tout avoir. Et je ne l’échangerais pas contre une Coupe du monde. De toutes les demi-finales que j'ai jouées avec Madrid, je dirais que celle contre Dortmund est celle qui m'a fait le plus mal. D'une part, parce que je viens de Schalke, le grand rival du Borussia Dortmund [rires]. D'autre part, parce que ça nous a échappé de peu.... Nous avons perdu le contrôle au match aller et ils nous ont beaucoup punis, mais le match retour était.... Nous avons été incroyablement forts au match retour, avec un Bernabéu unique, mais il nous a manqué un but... Cette équipe méritait une Ligue des champions.
Et puis, il y a eu votre départ de Madrid.. Dites-nous maintenant comment vous vous êtes senti ?
Mal, j'étais très triste quand j'ai quitté Madrid. Je me souviens qu'à l'aéroport... buff. J'ai passé trois années formidables au Real Madrid et dans cette ville. J'étais vraiment heureux. Mais il s'est passé des choses. Soudain, au début de la saison, je n'ai pas eu beaucoup de minutes de jeu et il y a eu un conflit entre Florentino Pérez, mon père et mon agent. Nous avons dû chercher un nouveau club. C'était difficile pour moi. Au moment où l'avion a décollé et s'est envolé, je me suis mis à pleurer. C'est à ce moment-là que j'ai compris que c'était fini.
Si vous pouviez remonter le temps .... changeriez-vous cette décision ?
À l'époque, je me sentais bien, parce qu'après le conflit entre mon père et M. Perez, j'avais peur de ne plus avoir de temps de jeu si je ne partais pas. C'est donc difficile à dire. Mais, bien sûr, j'aurais aimé que nous puissions gérer la situation différemment à ce moment-là.
Avez-vous revu Florentino après son départ ? Que lui diriez-vous si vous le revoyiez ?
Mon départ date d'il y a longtemps. Je n'ai plus de problèmes avec personne, je suis sûr que nous pourrions nous parler à nouveau normalement. Il n'y a pas de problème.
Thank you for everything, Mesut Özil ❤️
— William (fan account) (@OzilThings) March 22, 2023
Reviendrez-vous un jour au stade et n'aimeriez-vous pas un petit hommage ?
J'ai assisté à la finale de la dernière Ligue des champions à Paris, pour soutenir le Real Madrid, bien sûr. Malheureusement, il ne m'a pas été possible de revenir au Bernabéu ces dernières années en raison de mon propre agenda. Je n'ai pas encore de projets, mais j'espère qu'ils se concrétiseront dans un avenir proche. Ce serait un plaisir pour moi de revenir un jour au Bernabéu.
Quel effet cela fait-il de jouer et de remporter la finale de la Coupe du monde ?
J'ai connu beaucoup de victoires incroyables au cours de ma carrière, mais celle-là, c'est autre chose. Pendant les célébrations, il est très difficile de réaliser ce qui vient de se passer. La nuit de Rio a été la plus belle de ma carrière de footballeur. Aujourd'hui encore, quand j'en parle, je souris et j'ai la chair de poule. Quel beau souvenir !
Si vous deviez choisir un seul coéquipier... Qui choisiriez-vous ?
En tant que meilleur joueur individuel, je choisirais Cristiano Ronaldo. Le meilleur leader : Sergio Ramos. Le meilleur attaquant : mon gars Benzi !
Un entraîneur ?
Pour moi, José Mourinho est le meilleur entraîneur de ce siècle. Sa compréhension tactique est une autre chose, mais aussi la façon dont il parle dans le vestiaire ? Et la façon dont il protège toujours son équipe devant les médias ! C'est vraiment un entraîneur de classe mondiale.
Le meilleur stade ?
Je suis désolé, mais je dois choisir le Bernabeu, l'Emirates et le stade de Fenerbahçe. Les trois [rires].
Le meilleur adversaire contre lequel vous avez joué ?
Messi. Je pense que tout le monde sait pourquoi.
254 matchs pour Arsenal, 159 pour Madrid, 108 pour le Werder Brême, 39 pour Schalke, 37 pour Fenerbahçe.... Quel est le club de votre cœur ou de votre vie ?
Je pense que je dois répondre à cette question d'un point de vue personnel. En Allemagne, j'ai toujours été un fan de Schalke 04 et en Turquie de Fenerbahçe. Ce sont mes deux clubs préférés depuis l'enfance et c'est un grand honneur pour moi d'avoir joué pour les deux.