Arbeloa s'est longuement exprimé dans les colonnes de l'Indepedent. Les propos relatés par le journal ne tournent qu'autour de José Mourinho.
Si Arbeloa actuellement fait profil bas en raison de son temps de jeu pratiquement nul et de sa dernière sortie ratée, les déclarations du latéral espagnol ne vont pas passer inaperçues. En ces temps de tourmente pour Mourinho, l'un de ses plus fidèles disciples l'a défendu sur toute la ligne.
"Il était comme un gilet pare-balle pour l'équipe. Si quelqu'un était choisi par les critiques, il était le premier à le défendre. Il s'est battu contre le calendrier, contre les heures de coup d'envoi ou contre les arbitres qui avaient été injustes à l'encontre du Real. Il se bat pour les intérêts de l'équipe sans se soucier du fait qu'à la fin, son image est écornée à cause de ça et qu'il soit catalogué comme un râleur."
Le joueur formé au Real rappelle qu'à l'heure de juger le bilan du Special One à Madrid, il faut tenir du compte des performances exceptionnelles du grand rival à cette époque-là : "Ce que personne ne prend en compte quand ils évaluent l'époque de Mourinho en Espagne, c'est que s'il n'était pas venu au moment où il est venu, Guardiola aurait peut-être continué à gagner avec le Barça. Nous faisions face à une équipe que beaucoup de monde considère comme étant, l'une des meilleures équipes de l'histoire, sinon la meilleure. Et il était contre un coach comme Guardiola, qui aurait pu être au club durant 25 ans, comme Ferguson -c'est dire combien il convenait parfaitement au Barça-, mais Mourinho a été capable de les faire descendre de la montage. On ne lui accorde pas assez de crédit pour ça."
Cette troisième saison de Mou à Chelsea est souvent comparée à sa dernière saison à Madrid. Débâcle en championnat, influence réduite sur son vestiaire, relations toujours plus conflictuelles avec la presse, problèmes personnels, le Portugais a avoué ne s'être jamais trouvé aussi mal dans sa carrière. Arbeloa dresse un parallèle entre cette saison et la saison 2012/2013 : "Voyant combien il avait été dur de prendre le meilleur sur Barcelone et de gagner la Liga, pour ensuite, en faire cadeau si rapidement, n'a pas été quelque chose que José a bien pris. Il en exigeait tout le temps davantage de notre part. Et quand il y a beaucoup d'exigences et qu'à la fin il y a des frictions, cela épuise un peu le vestiaire. Je me souviens le voir avec des cernes sous ses yeux et je me disais 'ce gars ne dors pas, il ne se repose pas'".
"Mourinho n'est pas capable de dire “Comment ça va ? Qu'est-ce qui se passe ? Comment tu te sens ?” à un joueur qui n'essaie pas. S'il a un joueur qui ne se donne pas à 100 %, alors il n'est pas capable de passer un bras autour de son épaule. Si tu donnes tout mais ce n'est pas ton jour, il ne va jamais venir te critiquer. Mais s'il voit qu'il défend publiquement un joueur et que rien ne change, alors il pense : 'Bon, peut-être vais-je le réveiller d'une autre façon'".
Et cette méthode se vérifie. Hazard, Matic (remplacé une fois 25 minutes après être rentré), Fabregas et Terry (très souvent sur le banc)en ont fait les frais à Chelsea. À Madrid, il s'en était pris à Ramos, Casillas et Ronaldo, les cadres du vestiaire.
Pour l'Espagnol, il est normal que des conflits apparaissent : "Quand un entraîneur passe beaucoup de temps dans un club, il y a toujours des accrochages. C'est arrivé avec Mourinho, mais regardez l'incident de Ferguson et de Beckham, avec la chaussure. Chaque entraîneur peut dire quelque chose qui fait que le joueur se dresse et répond, mais avec José, ce n'est pratiquement pas arrivé en trois ans".
De plus, il ne croit pas à la théorie selon laquelle le technicien vient à bout de ses joueurs après trois ans : "Nous devrions être capables d'endurer le maximum qui nous est demandé. Si les joueurs s'épuisent après trois saisons, ce n'est pas le problème de Mourinho."
Arbe, comme l'appellent ici ses coéquipiers, n'est pas non plus prêt à concéder que le Portugais soit un entraîneur défensif : "Tout le monde est étiqueté. Ici, ils disent que Benítez est très défensif et jusqu'à présent, nous sommes l'équipe qui tire le plus au but. Vous ne gagnez pas la Premier League de la façon dont Chelsea l'a gagnée la saison passée, en ne jouant qu'en contre-attaque. Ils ont des joueurs top qui peuvent parfaitement jouer face à des équipes repliées. Vous ne pouvez pas me dire que Matic et Fabregas ne savent pas jouer."
Mou pourrait-il revenir à Madrid ? "On me l'a déjà demandé avant et je réponds toujours “Pourquoi pas ?” Il est très direct et il parle aux gens franchement, ce qui en énerve certains. Il y a beaucoup de gens qui espèrent qu'il va échouer mais il y en a beaucoup plus qui attendent qu'il renverse la situation. Je ne pense pas que la porte à Madrid lui soit fermée."
Enfin, Le Madrilène n'a aucun doute que Mourinho mérite le surnom qu'il s'est auto-attribué en 2oo4 : "Il n'a pas l'habitude de perdre. Ça le consume de l'intérieur. Mais je pense surtout que c'est cette énergie interne qui lui permet de changer les choses. S'il acceptait mieux la défaite, s'il se contentait d'être le second, s'il disait “On ne peut pas toujours gagner”, il serait juste un coach comme les autres. Peut-être c'est ce qui le distingue du reste. Il a gagné le championnat en Angleterre, en Italie, en Espagne et au Portugal et a deux Champion's League avec deux clubs différents. Vous ne pouvez pas avoir le moindre doute à son sujet. Il est toujours une garantie de succès. Le problème c'est qu'il a habitué les gens à ça. Chaque club qu'il a pris en charge, il l'a fait gagner. Il pourrait se retirer aujourd'hui et être considéré comme l'un des meilleurs de l'histoire. Alors imaginez ce qu'il peut encore accomplir dans le futur."
Ce qui est certain, c'est que si le José le plus connu au monde revient un jour au Real, Arbeloa aura perdu son rôle d'antan sur le terrain.