"En général, le Real Madrid ne trébuche pas deux fois de suite, sauf s’il est en crise…"

L'entraîneur du Shakhtar Donetsk, Igor Jovicevic, s'est présenté en conférence de presse au stade Santiago Bernabéu accompagné de Mudryk, l’un des joueurs de l'équipe ukrainienne. 

Le Shakhtar arrive au stade marqué par le mauvais moment que traverse son pays, en pleine invasion russe, mais avec l'élan que lui confère le fait d'avoir pris quatre points sur six dans la compétition avant de rencontrer le Real Madrid. Jovicevic a d'ailleurs passé cinq ans à la Cantera du Real Madrid.

Il revient à Madrid en tant qu'entraîneur et voudra gagner…
Nous sommes enthousiastes et prêts pour le match. Je pense que le dernier match de championnat nous a libéré l'esprit et donné de la force. Tout est possible en football et nous cherchons la victoire. Nous avons quelques blessés, mais tous les autres sont prêts.

Que signifierait pour le Shakhtar de battre Madrid en ce moment délicat pour l'Ukraine ?
Un match est toujours important pour beaucoup de gens, le football procure beaucoup d'émotions, et avec toutes ces personnes qui nous soutiennent à l'intérieur et en dehors de l'Ukraine, nous ressentons cette énergie, cette interaction entre la société et nous, cela nous donne envie de nous battre, de croire que tout est possible. Ces émotions nous ont amenés à avoir déjà quatre points. Nous savons contre qui nous allons jouer, mais en football, la meilleure équipe ne gagne pas toujours.

La victoire donnerait-elle de la force à l'Ukraine en ce moment ?
Nous sommes tous responsables avec cette situation. J'aime tellement l'Ukraine que je me sens redevable envers elle et c'est pourquoi je suis revenu après l'invasion, même si je savais toutes les difficultés que j'allais rencontrer. Le Shakhtar est le Real Madrid de l'Est, je suis très fier d'appartenir à ce club. Nous parlons aux joueurs, nous surmontons les obstacles, nous sommes des personnes avant tout. Face à toute avancée des forces armées ukrainiennes, nous avons envie de nous battre. Le moins que l'on puisse faire est de se battre dès la première minute, pour qu'ils soient fiers de nous. Nous voulons toujours gagner.

Êtes-vous divisé dans votre cœur à cause de votre passé madrilène ?
Mon cœur n'est pas divisé, seulement au Shakhtar. Mon cœur et ma tête. Mais il y a des émotions, je retourne dans le stade où j'ai fait mes débuts, contre Figueres. Demain, je vais représenter le plus grand club d'Ukraine et nous voulons être compétitifs. Nous avons nos armes pour gagner le match. Ancelotti a dit que c'était un accident (le nul face à Osasuna). Ils ne sont généralement pas ponctionnés deux fois de suite... Sauf s'ils traversent une crise. Nous verrons si c'est le cas.

Comment font-ils pour voyager autant, ils se donnent tant de mal à jouer chaque match…
C'est la première fois que nous sommes confrontés à cette situation. En Croatie, je n'ai pas vécu la guerre, maintenant nous devons nous adapter et nous entraider. Mais quand tout commencera, personne ne pensera à ces problèmes. Aujourd'hui Madrid, demain Varsovie, le jour suivant à Lviv. Nous sommes plus fatigués que les autres, quand les autres se reposent, nous voyageons. Mais nous sommes fiers, nous sommes très motivés pour représenter le Shakhtar contre les meilleurs. Nous ne sommes pas favoris, nous prenons du plaisir, et nos rivaux ont la pression pour gagner.

À quoi vous attendez-vous au Bernabéu ?
Le public merengue est souverain, ils savent juger et soutenir, mais je sais aussi que lorsque quelque chose ne va pas, on les entend gronder. J’espère entendre ce rugissement, cela signifierait que le match va dans notre sens. C'est un stade agréable pour tout le monde. Nous avons six joueurs qui ont déjà battu le Real Madrid, ce ne serait pas la première fois. Il y a une motivation et un enthousiasme que personne ne peut nous enlever. Je vais en profiter au maximum.

Suivez-vous Vinicius Tobias au Castilla (le jeune joueur appartient au Shakhtar et est prêté au Real cette saison) ?
Nous sommes au milieu des matchs et avec les voyages, nous n'avons pas beaucoup de temps pour regarder le Castilla en direct. Mais nous avons des rapports sur son état de santé, nous le suivons et nous verrons ce qui se passe, quelle décision le Real Madrid prendra avec lui (le Real dispose d’une option d’achat). C'est un joueur très talentueux, il a participé à la pré-saison avec Madrid. On verra, s'il reste au Castilla, il est en de bonnes mains avec Raúl. Je suis sûr qu'il va progresser.

Raúl a-t-il les qualités requises pour entraîner l’équipe première, selon vous ?
Il a toujours été plus avancé mentalement que nous tous. On pouvait voir sa personnalité innée, on l'admirait à l'entraînement. Je n'ai pu jouer qu'un seul match avec lui, ou plutôt lui avec nous, car il était plus jeune... Je l'admire en tant que personne et en tant que professionnel. Il est un représentant infaillible et unique du madridisme.

Luka Modric est prêt pour le match de demain…
D'un côté, je suis content pour lui, avec la Coupe du monde qui approche, il est essentiel qu'il soit avec la Croatie. Ils ont besoin de lui. Mais de l’autre, j'aimerais qu'il ne joue pas demain, qu’il se réserve pour le Clasico…

Que pensez-vous de la Super League et des récents propos de Florentino Perez ?
Je ne veux pas décevoir avec ma réponse, mais je n'en ai pas. C'est aux hautes instances de décider. Moi Je veux pouvoir jouer sur cette scène si vous êtes un champion, et non avoir un tournoi parallèle. Je voudrais le garder tel qu'il est maintenant, c'est ce que je voudrais. Il n'est pas nécessaire d'inventer l'eau chaude quand elle a déjà été inventée…

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