Le 8 septembre 2009, le Real Madrid décide de se payer les services de Carlos Megía Dávila, ni joueur, ni agent, ni chef de presse.
"Je suis dans la liste de ceux qui se font punir s'ils parlent des arbitres, alors je n'en parle pas". On vous laisse reconnaître l'auteur de cette phrase, mais comme elle ne concerne que lui, faisons des arbitres un sujet. Plus précisément, faisons d'un arbitre, LE sujet.
Été 2009, le championnat est sur le point de reprendre en Liga. Florentino Pérez vient de lancer son projet de Galactiques 2.0, Raúl est encore au club, à la différence de Salgado, qui s'en va finir sa carrière outre-Manche. Le mercato estival est clos depuis une semaine, un mercato durant lequel le Real a signé à tout-va. Pourtant, un nouvel élément intègre le club de Chamartín : Carlos Megía Dávila, 43 ans, 14 années d'expérience en première division. Profession ? Arbitre. Parti pour une quinzième année au plus haut niveau, la Fédération doit se résoudre à lui refuser le droit de siffler cette saison. En cause, des tests physiques non-réussis. Le madrilène traîne une fracture du péroné depuis deux ans, et cette fois, c'est son dos qui lui cause des douleurs. Megía Dávila doit mettre un terme à sa carrière du jour au lendemain. Pour cet homme en noir qui baigne dans le milieu depuis tout petit, son père et son frère ayant aussi étés arbitres, c'est un coup dur.
Megía Davila reçoit alors un appel de la part du Real Madrid. Fan des merengues, qu'il n'a jamais pu arbitrer à cause de ses origines madrilènes, il accepte l'offre immédiatement. Dès que l'information est rendue publique, les avis se déchaînent, accusant le club de vouloir se mettre les arbitres dans la poche. D'autres clubs de Liga ont leur propre conseiller en la matière, mais quand il s'agit du Real, la nouvelle est automatiquement amplifiée.
Au-delà des polémiques, on se demande la cause d'une telle signature. La raison, est que depuis le licenciement de José Luis López Serrano, après 50 ans au club, il manquait un intermédiaire entre les instances sportives telles que la FIFA, l'UEFA, ou encore la Fédération espagnole, en charge des arbitres. Afin de faire la liaison entre le club et le corps arbitral, Megía Dávila intègre l'équipe de Butragueño, chargée des relations institutionnelles : "J'apporte quelque chose, dans la mesure où sont requises mes connaissances du monde du football, et de l'arbitrage en particulier. Je suis à disposition des arbitres qui viennent siffler au Bernabéu, et au niveau international, j'accompagne le délégué de l'UEFA", déclarait-il à Marca en 2009.
Au même titre que l'équipe rivale est accueillie au Bernabéu, Megía Dávila prend en charge le quatuor arbitral dès son arrivée au stade. Il a aussi un rôle auprès des joueurs de l'équipe première, comme auprès des jeunes du centre de formation. Il leur explique comment s'adresser à chaque arbitre, en fonction de ses particularités, afin de s'éviter quelques cartons. Il lui est arrivé de rédiger des rapports détaillés sur les arbitres qui allaient diriger le Real : nombre de cartons distribués, nombre de matchs du Real arbitrés, tolérance, facilité à dégainer le carton jaune (d'ailleurs Megía Dávila est le recordman de cartons rouges en Liga, avec 125), etc.
Depuis 2009, l'ex arbitre mène une vie plutôt discrète, loin des terrains. Tout ce qu'on sait, c'est que Mourinho avait recours à ses services pour les traditionnels matchs hebdomadaires entre le Castilla et l'équipe A. Les seules fois où il apparaît publiquement sifflet en bouche, c'est lors des rencontres entre les légendes du Real Madrid et d'autres clubs. Sinon, il a été vu dans un restaurant avec l'arbitre hongrois Viktor Kassai, qui venait de diriger le match Real-Liverpool. À part ça, pas grand-chose à signaler.
Reste encore un domaine qui pourrait lui incomber, celui des changements de règlement et des sanctions. Et là, on est en droit de se demander s'il y est pour quelque chose dans le cas Cheryshev... Cette question restera sans réponse, car le rôle de Megía Dávila au sein du Real est tout de même vague.