"À quand un nouveau président ?" Real-France répond à cette question qui ronge certains supporters.
Pour la première fois depuis qu'il est président du Real Madrid, Florentino Pérez a eu droit à un chant unanime de la part du Bernabéu : "Florentino, dimisión, Florentino, dimisión". Cette revendication du public a eu lieu à la mi-temps du dernier match contre le Barça, le 25 novembre passé. Rapidement couvert par une sono poussée a plein tube, ce cri a témoigné de l'exaspération du peuple madridista à l'encontre de son président. Jamais repris depuis, ce début d'insurrection illustre une division au sein des fans. Et à la frange des indignés de se poser sûrement la question suivante : Florentino, jusqu'à quand ?
En théorie, des élections en 2017
Les prochaines élections sont prévues pour 2017. Celles-ci doivent avoir lieu au moins tous les 4 ans. Si Pérez le décide, il pourrait tout à fait les anticiper. Néanmoins, il a récemment rejeté cette possibilité. Assis sur ce siège depuis 2009 de manière ininterrompue, ce serait un petit événement qu'il ne se présente pas pour la sixième fois à la tête du club. Élu en 2000, réélu en 2004, élu en 2009 et conforté en 2013, Pérez briguerait là un cinquième mandat.
Sous sa houlette, les conditions pour pouvoir se présenter à la présidence se sont durcies. Autrefois fixée à dix ans, la période durant laquelle il faut avoir été socio a été prolongée à 20 ans. Par exemple, Vicente Boluda, ancien président des Merengues en 2009, ne pourrait pas s'aligner en 2017. "Dans ce pays, on peut être président de tout, y compris du gouvernement, mais pas du Real", déclare-t-il amer.
Déjà débattue, cette mesure n'est pas aussi contraignante que la deuxième réforme qu'a introduite Pérez. Les statuts du club stipulent désormais ceci : pour être candidat à la présidence du Real Madrid, il faut pouvoir se montrer garant d'un aval de 15 % du budget du club. Autrement dit, il faut trouver un accord à la hauteur de 90 millions avec une banque espagnole. S'il s'avérait que le club n'était pas en mesure de payer ses dettes dans les délais, c'est cet accord qui sauverait la Casa Blanca de la faillite. La banque prendrait en charge la dette, et permettrait au Real de ne pas disparaître. Mais comment convaincre une banque de se porter garante de 90 millions ? Posséder soi-même un compte bancaire aux multiples zéros constitue une partie de la réponse à la question...
Le vote à main levée lors de l'assemblée des socios, une autre mesure qui fait débat.
Les opposants de Florentino mettent en avant un durcissement des critères de candidature, dans le but de minimiser le nombre d'aspirants. Ainsi, la longévité du presi est favorisée . Ces voix discordantes parlent même de séquestration du Madrid. Les meilleures idées du monde sont invalides, tant qu'elles ne sont pas drapées de billets. Par le biais de ces mesures, Florentino entend protéger le club d'un hypothétique dirigeant, un peu trop attiré par l'idée que les revenus du Real pourraient se joindre à sa fortune personnelle. Supposé que tel était le cas, le Real courrait le risque d'être transformé en société anonyme. Il n'appartiendrait alors plus à ses membres. Non-content de ces modifications, un groupe de quinze affiliés a porté l'affaire devant les tribunaux. La justice leur a donné tort.
Président de Plataforma Blanca, un groupe de socios créé en 2006, Eugenio Martínez Bravo a dû se résoudre par deux fois à renoncer à être candidat, faute de moyens. Au-devant de l'impossibilité de se présenter, il propose une autre manière de légitimer un candidat : "Pour moi, il suffirait de récolter des signatures de socios pour pouvoir se présenter". Au Barça par exemple, on procède de la sorte.
Des candidats liés
Qui peut se targuer de remplir ces pré-requis ? Peu de gens riches et fidèles au Real, ont envie de se lancer dans une bataille si compliquée. Juan Villar Mir, lui, aspire probablement au poste. Et pour cause, il a de qui tenir ! Son père, Juan Miguel, a un CV long comme son bras : ancien ministre en charge de l'économie, entrepreneur, ingénieur et vice-président du Real pendant la première moitié de l'année 1995. Faut-il encore préciser qu'il est le troisième homme le plus riche d'Espagne ? Postulant à la présidence en 2006, il est battu par Ramón Calderón, sur un immense fond de polémique. Une partie des votes en sa faveur, envoyés par courrier, n'avait pas été comptabilisée, suspectée d'irrégularités. Deux ans après la défaite de son paternel, son fils a repris le flambeau. Il se murmure qu'il aurait sérieusement étudié la possibilité de se présenter en 2017. La supposée proximité de son père avec Florentino ne joue cependant pas en sa faveur. À l'époque, Villar Mir était le favori d'un Pérez pas très ami avec Calderón.
Sinon, il y aurait Manolo Sanchís, ancien joueur du Real pendant dix-huit ans, à partir de 1983. La possibilité qu'il fasse partie d'une candidature composée d'ancienne gloires du Real, comme Hierro et Raúl, a été évoquée. Malgré les propositions qui lui ont été faites pour qu'il revienne à Madrid, Raúl refuse de s'incorporer au Real tant que Pérez sera président. Poussé vers la sortie en 2009, le différend entre les deux hommes s'étend également sur la vision qu'ils entretiennent quant à la gestion du club. Le capitaine éternel pourrait donc revenir chez lui par une autre porte. Pourvu qu'une telle candidature soit présentée, le plus gros défi serait de trouver les fonds nécessaires pour garantir l'aval bancaire. Sans oublier que pour espérer être élu, il faut pouvoir s'appuyer sur une campagne suffisamment convaincante. Là encore, des millions y passent.
Toutefois, difficile d'établir la probabilité que cette ébauche de projet voit le jour. Certains médias se risquent à avancer une telle éventualité, fantasmant à l'idée d'un Real à fort accent espagnol. Sans vouloir être adepte du complotisme, ce dessein correspond parfaitement à celui voulu par les Ultras Sur.
Le sportif, juge de paix
Il y a fort à parier que les prochaines élections verront au moins un opposant se présenter. Le projet de Pérez a été entamé depuis longtemps ; il n'est plus tout neuf. Le Florentinisme est peut-être en fin de cycle. La nomination de Zidane est un gros pari pour le président. Si cela se passe mal, il aura vraisemblablement abattu toutes ses cartes. La voie sera alors ouverte au changement.
À l'inverse, et si ça se passe bien ? Un Zidane titré propulserait Florentino en position de force. Car ce qu'exige le socio, c'est par-dessus tout, que son Real gagne. Les exemples du Barça et de la sélection espagnole vont en ce sens. Fragilisés par des accusations de corruption, leurs présidents respectifs ont été réélus uniquement grâce aux bons résultats de leur équipe. Les suspicions pèsent moins que les coupes argentées.
En résumé, le noeud de cette problématique réside en la personne de Florentino Pérez. Sa présentation ou non, sera le facteur décisif. Après tout, il a déjà un certain âge, sans compter qu'il dirige une autre entreprise. En attendant 2017, seul le Bernabéu peut le décider à se retirer prématurément. Et présentement, le stade n'est pas enclin à instaurer une révolution.