Quatre défaites et un match nul lors des cinq derniers matchs, le Real Madrid traverse une période de turbulences qu’on n’avait pas connu depuis longtemps. On aurait pu penser que la trêve internationale permettrait aux hommes de Lopetegui de repartir sur de meilleures bases, mais il n’en a rien été.
Le déroulement du match contre Levante est symptomatique de ce qui arrive aux pensionnaires de Chamartin depuis un mois. Au-delà de l’aspect footballistique, l’impression qui se dégage est que rien ne joue en faveur des Merengues. La main de Varane ou le but annulé par la VAR d’Asensio en sont les exemples les plus probants. Sans oublier le fait que Levante a tiré deux fois au but et a marqué…deux fois.
Quoi qu’il en soit, le Real Madrid se trouve en très mauvaise posture avant d’aller affronter le FC Barcelone chez lui, dans un match qui a déjà le goût d’une finale. Une défaite verrait le Barça prendre le large au classement, alors qu’une victoire permettrait presque de rejoindre le leader de la Liga. Au-delà du résultat, une mauvaise image affichée mettrait sérieusement en péril l'avenir de Lopetegui.
Mais comment a-t-on pu en arriver là ? Dans de telles situations, l’entraîneur est toujours le premier pointé du doigt. S’il est vrai, comme nous l’avons déjà évoqué, qu’il existe certaines lacunes tactiques, l’entraîneur n’est certainement pas le seul responsable de la débâcle actuelle. La victoire en Ligue des Champions l’année passée a permit d’occulter la triste saison du Real Madrid dans les compétitions nationales. Ces revers étaient pourtant les prémisses de ce qui arrive aujourd’hui. Et l’on aurait pu penser qu’ils aient été suffisants pour que la sonnette d’alarme soit tirée du côté de la direction du club.
Hélas, la 13ème Ligue des Champions n’a pas eu un effet bénéfique sur le plan sportif. En effet, après celle-ci, on pouvait voir Florentino Perez déclarer que l’équipe n’avait pas besoin de beaucoup de retouches. Le retour à la réalité est pénible car ladite réalité est toute autre : les cadres vieillissent et sur les deux dernières saisons, le Real Madrid a perdu Pepe, Danilo, James, Morata, Cristiano et Kovacic. Ces deux derniers ont été remplacés par Mariano et Valverde. D’ailleurs, les supporters ne s’y sont pas trompés, dans un sondage du journal AS, ils sont 80% à considérer que le Président madrilène est plus responsable de la situation actuelle que l’entraîneur.
Julen Lopetegui a demandé au moins deux joueurs lors du mercato estival, mais ne les a pas eus. À titre comparatif, José Mourinho avait non seulement obtenu les joueurs qu’il désirait, mais il avait également obtenu la destitution de Jorge Valdano, lorsque ce dernier se refusait à lui fournir un attaquant. Cependant, il convient de souligner qu’à l’époque, le prix des joueurs était bien moindre qu’actuellement. Si on peut comprendre les velléités du club qui cherche à éviter, dans la mesure du possible, d’entrer sur un marché des transferts aux prix exorbitants, il faut alors revoir les ambitions générales à la baisse et ne pas exiger de l’entraîneur qu'il fasse des miracles.
Récemment, comme nous l’avions relaté, le directeur sportif de Fluminense n’a pas hésité à affirmer que le Real Madrid était prêt à payer la clause de Pedrinho qui s’élève à 50 millions. Il ne s’agit donc pas d’un problème de liquidités. La politique actuelle du club consiste donc à ne pas vouloir dépenser des sommes avoisinant le prix de Pedrinho sur des joueurs qu’il considère comme moyens. En revanche, il n’existe aucun problème à l’heure de débourser de telles sommes pour de jeunes joueurs prometteurs, mais qui n’ont pas, ou très peu prouvé au haut niveau. Si cette stratégie peut effectivement s’avérer payante sur le long terme, elle ne permet pas de résultats sur le court terme. Dès lors, encore une fois, il nous paraît incongru d’exiger des titres à quelque entraîneur que ce soit.
Sans compter que malgré les déficits de l’effectif actuel, on aurait pu penser que des joueurs tels Bale ou Asensio auraient tiré profit du départ de Cristiano pour s’affirmer comme les fers de lance de l’ère post-Cristiano. Force est de constater que pour l’instant, ils en sont bien loin.
Toutefois, il nous paraît possible de mieux exploiter l’effectif actuel. Les blessures sont trop fréquentes pour pouvoir travailler sereinement. Le pressing haut caractéristique du jeu de Lopetegui n’est plus qu’un lointain souvenir. Le niveau des cadres tels que Ramos, Varane et Modric est quant à lui plus que préoccupant. Est-ce dû inconsciemment à un manque de motivation après avoir tant gagné ces dernières années ? Certains appellent cela une fin de cycle. Nous y sommes peut-être.