Parmi les 20 présidents des clubs de la Liga (18 hommes et 2 femmes), on retrouve 17 hommes d’affaires qui voient les clubs comme des modèles économiques dans un football moderne qui brasse de plus en plus d’argent.
L’étude de LALIGA Stock Market 2023 montre qu’un club espagnol de la Liga a une valeur moyenne de 174,5 millions d’euros, ce qui a de quoi attirer les investisseurs en tout genre. Le football espagnol séduit à nouveau économiquement après avoir vécu une période difficile avec les départs des grandes stars du Barça et du Real (Messi, Suárez, Neymar, Bale, Benzema, Cristiano...).
Il est à noter que 4 clubs appartiennent encore à leurs socios (supporters membres du club) : le Real Madrid, le FC Barcelone, l’Athletic Bilbao et Osasuna. Par ailleurs, 4 clubs appartiennent à des investisseurs étrangers : Valence avec Peter Lim (Singapour), Majorque avec Andy Kohlberg (USA), Leganés avec Jeff Luhnow (USA) et l’Espanyol avec Chen Yansheng (Chine). Que l’homme d’affaires soit espagnol ou étranger, l’objectif du président est le même : construire un modèle économique le plus viable et efficient possible. Le club de football devient une sorte de produit ou de service qu’il faut rendre le plus rentable économiquement. Les hommes d’affaires jonglent entre leur travail quotidien pour leur club et le travail qu’ils font dans leur domaine d’investissement spécifique.
On les retrouve dans des domaines divers et variés comme le conseil financier et juridique, le cinéma, la construction, le droit, les assurances, la technologie, l’éolien, le carrelage ou encore la gestion et le développement de communautés pour personnes âgées. Seul un président, Delfí Geli, se consacre corps et âme aux tâches de son club qui est le Girona FC.
L'exemple Florentino Perez
Prenons l’exemple du président Florentino Pérez qui illustre parfaitement le lien évident entre capitalisme et le football moderne. Diplômé de l'école technique supérieure d'ingénierie de l'université polytechnique de Madrid avec un diplôme d'ingénieur des ponts et chaussées, Florentino Pérez n’était pas forcément destiné à devenir le grand président du Real Madrid qu’il est aujourd’hui. Il commence sa carrière professionnelle en 1971 dans le secteur privé et devient dirigeant de l’Association Espagnole des Routes à seulement 26 ans. C’est peut-être ce qui lui aura permis de tracer une route royale au club du Real Madrid avec le temps.
Entre 1976 et 1982, il occupe plusieurs postes dans l’administration publique auprès de l’Union du Centre Démocratique (UCD). En 1983, il revient au secteur privé en tant que dirigeant et principal actionnaire de “Construcciones Padrós”, une entreprise d’activités de construction et de services comme son nom l’indique. En plus d’être un des trois plus grands employeurs nationaux, elle figure parmi les 100 plus grandes entreprises de construction au monde.
Florentino Pérez débarque au Real Madrid, comme un symbole, au début de 21ème siècle, en 2000. Depuis, il a remporté 36 trophées à la tête de l'entité madrilène et a fait de ce club une véritable machine économique. En effet, le Real Madrid a marqué l'histoire en devenant le premier club de football à dépasser le milliard d'euros de chiffre d'affaires en une saison.
Pour l'exercice 2023/24, le club a atteint un chiffre d'affaires de 1 073 millions d'euros, excluant les transferts de joueurs, ce qui représente une augmentation de 27% par rapport à l'année précédente. Cette croissance est le fruit d'une série de succès sportifs, notamment le titre de la Ligue des champions et plusieurs victoires nationales, tant en football qu'en basketball. Le Real Madrid de Florentino Pérez est autant un leader sur le plan sportif que sur le plan économique, les deux formant un cercle vertueux.