Symbole de la conquête de la Décima, la BBC est intouchable. Même si elle ne convainc plus, elle n'a pas été démantelée pour autant. Voici pourquoi.
La BBC est devenue une marque
Depuis sa formation en 2013, la BBC n’a réalisé qu’une seule bonne saison, mais quelle saison ! Dévoreuse d’espaces, rapide, buteuse, elle a servi de figure de proue à un Real Madrid historique. La BBC s’est transformée en symbole de la puissance du Real Madrid sur tous les fronts : économique, sportif, médiatique. À peine Bale arrivé au club, un surnom avait déjà été trouvé à cette ligne d’attaque.
Quand ce sont les deux joueurs les plus chers de l’histoire qui sont alignés, avec pour les assister, un serviteur de classe mondiale, on a tendance à croire qu’il est impossible de ne pas marquer. Impossible ne pas tout rafler sur son passage. Aucun club au monde ne pouvait se vanter de compter dans ses rangs de tels cracks. Contrairement à la période des Galactiques, cette superposition d’individualités avait porté ses fruits et gagné une réputation éternelle. Le buzz et les succès ont été tels que la BBC fait partie de l’image récente du Real Madrid. Elle en est devenu un symbole.
Pour la première fois de son mandat, les millions de Florentino ont ramené la tant espérée Ligue des Champions. Ce trio est aussi un succès personnel pour le président madrilène. En son temps, il avait fait des pieds et des mains pour attirer ces trois joueurs à Madrid. Ronaldo est à la base de son projet. Bale en est l'héritier. Benzema bénéficie d'une grande admiration de la part du président. Il ne jure donc que par ce trio. Si les performances de ses joueurs ont amené tant de buts par le passé, il ne semble pas y avoir de raison à ce qu'elle ne soient pas rééditées.
La comparaison avec la MSN
Depuis la saison passée, la BBC n’est plus seule au monde. Le Barça s’est donné les moyens de posséder à son tour un trio fantastique, en recrutant Luis Suárez. Les médias ont sauté sur l’opportunité en affublant ce nouveau groupe du surnom suivant : la MSN. Portées par la rivalité Real-Barça, des dizaines de comparaisons ont été faites entre les deux trio. Malheureusement pour le Real, la MSN marche très fort, empilant les buts et les titres, à tel point que le président du Barça en a fait le slogan de sa campagne de réelection. Sur comme en dehors du terrain, Messi, Neymar et Suárez s’entendent à merveille, donnant l’impression d’être des camarades et non de simples coéquipiers. Renoncer à la BBC, ce serait admettre la défaite face à la MSN, et ça, c’est inconcevable pour certaines personnes à Madrid.
La réalité n’est plus la même
Il y a deux raisons qui expliquent le fait que le Real ait pu aligner ces trois joueurs avec succès lors de la saison 2013/2014. La première est qu’un milieu plein d’abnégation compensait leurs efforts défensifs inexistants. Alonso et Di María se chargeaient de contenir les adversaires au milieu de terrain. La clé de la réussite de cette équipe était dû au travail énorme de l'Argentin, tant présent pour accélérer le jeu que pour faire le sale boulot. L’équilibre de l’équipe était maintenu grâce à cette formule. La deuxième, est que le Real jouait majoritairement en contre-attaque. Bale et Ronaldo sont des joueurs d’espace. Faisant partie des attaquants les plus rapides du monde, ils sont inarrêtables une fois lancés. Être plus rapides que tout le monde fait partie de leur quotidien.
Désormais, les choses ont changé. Depuis la saison passée, la BBC est inefficace car le Real ne joue plus en contre, préférant les possessions plus longues et surtout, les milieux n’ont pas le volume défensif de leurs prédécesseurs. Que ce soient Isco, James, Kroos ou Modric, tous ont été reculés d’un cran par Ancelotti, ce qui fait que le Real joue sans vrai milieu centre. Sans parler du poste de milieu défensif laissé vacant. La meilleure période du Real ces dernières années a eu lieu quand la BBC n’était pas sur le terrain, Bale étant blessé.
L’entraîneur a essayé de changer la donne en positionnant Casemiro au poste de milieu défensif. Ainsi, l’équipe a retrouvé un certain équilibre. Cependant, face au Barça, les pressions venant du haut ont eu raison de ses principes. Dès la parution du onze de départ, certains supporters ont vu que quelque chose n’était pas conforme aux idées du Mister. À la place du Brésilien, c’est James, une autre recrue au prix d’or qui a été alignée. L’équilibre était alors complètement perdu. Et cela s’est vu sur le terrain. Défendre avec six joueurs à vocation offensive contre le Barça est voué à l’échec, avant même le début du match. Il est vrai que l’image glamour que le Real transmet aux 600 millions de téléspectateurs est un facteur important. Néanmoins, l’illusion n’a duré que dix minutes. De plus, aucun des membres de la BBC n'est actuellement en forme. Vázquez et Jesé eux, le sont.
Benítez est maintenant confronté à un choix crucial. Soit il fait la part belle aux idées du président, avec le risque d’une absence de résultats et une aventure courte à Madrid (ce qui est arrivé à Ancelotti), soit il se bat pour ses convictions et en assume les possibles conséquences. S’il choisit la deuxième option, il aura à répondre de ses choix si le Real ne gagne pas, mais il décrochera le respect des fans. Caché derrière la volonté de Pérez, il a été relativement épargné par les sifflets du Bernabéu ce week-end.
La situation est dans tous les cas loin d’être facile pour lui, car au final, Pérez est son patron et celui qui le paie. Très peu d’entraîneurs se sont opposés au président durant ses douze années de mandat. Entre relations froides avec les joueurs, confiance du vestiaire limitée, c’est un autre problème qui vient s’ajouter à ceux du coach merengue.