Marca est allé chercher Luka Modric sur ses terres en Croatie pour une interview exclusive. Le milieu de terrain madrilène a passé en revue l'actualité du club et de nombreux autres sujets.
Qu'est ce que ce Madrid a de différent des autres années ?
"Une équipe avec de la profondeur. Tout le mérite revient à l'entraîneur. Il su tirer le meilleur de chaque joueur. Cela nous a aidé à être dans la meilleure forme possible en fin de saison. Nous étions tous à un très bon niveau physique. C'était différent de certaines années, où nous étions épuisés en fin de saison. Ce fut la clé pour le doublé."
C'est le meilleur vestiaire et la meilleure équipe où tu as jamais été ?
"C'est difficile à dire, mais quand on voit ce que nous avons gagné je pourrais dire que oui. Chaque joueur a une qualité. Pour tout ça je pourrai dire que oui."
Qu'as-tu appris cette année ?
"Rien de spécial. Seulement que ça m'a conforté dans l'idée que le collectif est plus important que tout. Chaque joueur, chaque personne autour de l'équipe, est très important. C'est ce que le Mister a voulu nous inculquer : L'équipe."
Des trois Ligue des Champions, quels souvenirs as-tu de chacune ?
"Le caractère de l'équipe, l'état d'esprit, ne jamais abandonner. Quand tu regardes comment nous avons gagné, surtout celles de Lisbonne et Milan... La première nous avions quasiment perdu, mais nous n'avons pas cessé de croire que nous pouvions changer la situation. Ensuite ce caractère et cette sérénité au moment de tirer les pénaltys à San Siro. Et la troisième... Tout ça et nos formidables qualités. C'est ce que je retiens des trois."
Tu as souffert lors de ta première saison ?
"Non, non pas tant que ça. Je n'ai jamais douté de moi, je savais que j'allais réussir à Madrid, mais comme je n'avais pas fait de pré-saison et que j'arrivais dans un club où il faut être au maximum, où il y a énormément d'exigence, je savais que j'allais un peu souffrir et que je n'allais pas pouvoir démontrer ce que j'avais fais auparavant. J'ai travaillé pour réussir. Tout ça m'a appris beaucoup et m'a aidé pour la suite."
Comment fait-on pour avoir toujours cette ambition de lever des titres ?
"C'est très facile. Quand tu gagnes une fois, deux fois, trois fois... Ça te motive à aller encore plus loin. Tu veux gagner encore, encore, et encore. Tu ne te fatigues jamais de gagner. Nous sommes dans un club qui veut toujours être le numéro 1, qui veut tout remporter, et nous les joueurs, nous avons le même état d'esprit."
Tu ne crois donc pas que l'équipe va être rassasiée après avoir gagnée autant ?
"Non, mais je peux parler de moi. J'ai hâte de commencer la pré-saison, d'être de retour au travail. Je veux de nouveau ressentir ces sensations quand nous gagnons. Nous pouvons avoir une autre saison pleine de succès. On ne se lassera jamais de gagner. Dans ce club tu n'as pas le temps. Avant d'arriver à Madrid je le savais. Les supporters ne te laissent pas le temps non plus. Les choses partent vite aux oubliettes. Si tu ne gagnes rien pendant une année, les doutes s'installent. Et ça, nous ne pouvons pas nous le permettre. Nous devons continuer à gagner et profiter de ce moment parce que rien n'est éternel."
Tu as eu du mal à revenir après ta blessure
"J'ai eu une première blessure au genou, et je suis bien revenu. J'étais en forme, je jouais bien et quand j'étais au mieux, la deuxième est arrivée, les adducteurs. Et j'ai eu un peu de mal à m'en remettre. Mais je suis arrivé en très bonne forme à la fin grâce au travail individuel, à l'aide de mes coéquipiers, du staff. Je savais que j'allais revenir au meilleure de ma forme. Les rotations m'ont aidé à être en bonne forme en fin de saison."
Pintus a été si important cette saison ?
"Pour moi, oui. Quand tu regardes dans quel état physique on est arrivé en fin de saison, c'était top. Le mérite lui revient, au staff aussi. Il a fait un grand travail."
Tu avais dis que tu ne croyais pas vraiment aux rotations...
"Au début, je ne pensais pas que ce serait aussi bénéfique pour l'équipe. Je pensais qu'on allait y perdre. Mais Zidane a démontré que c'était possible et cela nous a aidé à remporter tous ces titres. Les joueurs venus du banc nous ont aidé à remporter des matchs aussi. Ensuite tout le monde parlait d'équipe A ou B, mais nous on ne le voyait pas comme ça, nous sommes le Real Madrid, une équipe. Il faut continuer comme ça."
Tu partirais de Madrid sur décision personnelle ? Comme ce fut le cas avec Özil, Di Maria ou peut-être James et Morata ?
"Partir du Real Madrid n'est pas une décision facile. Quand tu pars, tu ne retrouves pas la même chose ailleurs. Chacun à ses raisons. Pour l'instant, je suis dans le meilleur club du monde et je vais faire tout mon possible pour rester, mais les choses vont vite dans le football."
Ce n'est pas facile de partir, ni d'y venir d'ailleurs. C'est compliqué d'apporter des améliorations à cette équipe ?
"C'est difficile. Ce qu'a fait le club sur les dernières années est le chemin à suivre (en référence aux jeunes joueurs recrutés). Il faut acheter seulement si tu peux améliorer considérablement l'équipe. Et c'est difficile d'aller chercher des joueurs qui vont améliorer cette équipe, parce qu'elle est déjà très bonne. Le club et l'entraîneur savent ce dont nous avons besoin. C'est leur décision. Nous nous contentons d'accepter ceux qui signent et de les aider à s'adapter."
Comment prépare-t-on une pré-saison aussi exigeante ? (Manchester United, City, Barcelone...)
"Ce n'est pas facile. Nous savons qu'avec Pintus nous allons avoir une préparation aussi dure que l'année dernière (rires). Mais ça fait partie de notre travail. Il y a des matchs difficiles dès le début mais c'est mieux."
Quand on est sur le terrain, est ce que le fait de porter ce maillot donne des chances de l'emporter ?
"Ça t'en donne beaucoup. C'est la grandeur de Madrid, quand tu entres sur le terrain tu sais que tu as des chances de gagner. Mais l'écusson n'est pas suffisant, il faut gagner sur le terrain. Les autres équipes nous respectent mais elles jouent à 200% contre nous. Et si tu n'es pas au niveau, ça complique les choses. Si tu ne démontre rien sur le terrain, ça ne vaut rien."
Ton rêve de prendre ta retraite au Real Madrid semble de plus en plus proche...
"Je n'ai pas encore réfléchi jusqu'à quel âge j'allais jouer. Je ne vais pas dire un chiffre mais il me reste encore quelques années dans le football. Et si je fais attention à mon corps et que je continue à travailler comme cela, évidemment que c'est mon rêve, mais nous verrons ce qui se passera. Au Real il faut être toujours au top et je pense que j'ai encore quelques années à mon niveau actuel. Maintenant, je profite de chaque jour, chaque entraînement, chaque match. Je vais me battre pour rester ici le plus longtemps possible."
Pour finir, peux-tu nous expliquer la situation de ta déclaration devant le juge de Mamic ?
"C'est une situation désagréable mais j'ai la conscience tranquille. Il faut attendre que cela se termine. Je ne peux pas trop parler de ça, c'est compliqué. En fait, c'est une affaire qui date de plusieurs années et pour moi c'est très dur. Mais j'ai fait face à beaucoup de choses dans ma vie et je suis sûr que je vais le faire avec cette affaire également pour qu'elle puisse se terminer rapidement. Il y a des critiques sur moi sans savoir la vérité et c'est difficile pour moi. Désormais je veux me concentrer sur la pré-saison avec le Real Madrid."
Parlez-vous de football avec Zidane?
"Oui, beaucoup. Le Mister aime ça. On parle de tout. C'est agréable de parler de foot avec lui, il en connaît beaucoup, avec tout ce qui a fait."
Comment s'est construite ton amitié avec Ramos ?
"De manière naturelle, spontanément. Ces amitiés sont meilleures quand elles naissent ainsi. Nous nous entendons très bien, je suis très heureux de l'avoir comme ami."
Vous avez eu beaucoup de capitaines différents. Qu'est-ce que Ramos a que les autres n'ont pas ?
"Je ne veux pas comparer avec les autres. Srna était un très bon capitaine et j'étais très ami avec lui. Sergio comme capitaine, vous pouvez toujours compter sur lui, il est toujours là, pour l'équipe, pour se battre, il ne renonce jamais, il laisse tout sur le terrain. C'est le meilleur capitaine pour nous."
Bale ne s'est pas si bien intégré que ça dans le vestiaire... Pensez-vous qu'il manque de leadership ?
"Gareth a toujours été comme ça. À Tottenham aussi. Ça fait partie de son caractère. Au contraire, il fera toujours tout pour l'équipe et c'est la chose la plus importante, il ne veut pas être au-dessus de l'équipe, il est très humble et fait beaucoup pour l'équipe. D'un autre côté c'est sa façon d'être, nous ne changerons pas Gareth. Nous devons l'accepter tel qu'il est. Il a eu une année difficile avec beaucoup de blessures, mais il a très bien commencé la saison, c'était notre meilleur joueur. J'espère que nous verrons le meilleur Gareth cette année."
Vous avez dit qu'il fallait être patient avec Kovacic, et il a fait une grande saison. Est-il prêt à devenir votre héritier ?
"Hé hé... Je ne veux pas arrêter de jouer encore, j'ai encore beaucoup d'années à faire ! Mateo c'est Mateo, il a ses vertus, on le voit sur le terrain. Il ne faut pas lui mettre cette pression à dire que c'est mon héritier ou l'héritier d'un autre. Nous devons le laisser, avec son propre style de jeu. J'ai toujours eu confiance en lui, et à l'avenir il sera un joueur très important pour Madrid, mais je n'ai pas prévu de m'en aller si tôt."
Êtes-vous surpris Asensio?
"Oui, un peu. Je savais quand je l'ai vu il y a deux ans en pré-saison qu'il avait du talent, qu'il avait quelque chose. Mais étant si jeune, je ne pensais pas qu'il allait faire une saison pareille. Il a été très important, lorsqu'il a joué il a fait de grandes choses. Je suis persuadé que ce sera aussi le cas à l'avenir."
Et Cristiano ? En tant que partenaire, comment avez-vous vécu tout ce feuilleton qui semble déjà terminé ?
"Je n'ai jamais entendu Cristiano dire qu'il voulait partir. Dans le football, tout est possible, mais je pense que la connexion et la relation entre Madrid et Ronaldo est si forte qu'il restera un joueur du Real Madrid."
Vous êtes plus tranquille sur le terrain en sachant que vous avez un garde du corps comme Casemiro derrière vous ?
"Oui, Casemiro est un joueur très important pour nous, non seulement parce qu'il est bon défensivement et court beaucoup, mais aussi parce qu'il sait jouer, marquer des buts, comme il l'a fait en finale et dans d'autres matchs importants. Je suis content pour lui car c'est un super gars, une personne très humble."