Fernando Morientes a participé à une table ronde avec différentes personnalités du sport espagnol autour notamment de la question du racisme dans le football.
Fernando Morientes, ancienne légende du Real Madrid (1997-2005, 270 matchs) aujourd’hui ambassadeur de la Liga, était l’invité d’un groupe de discussion à propos de l’évolution des mentalités notamment en Liga, accompagné de Marcos Senna, ancien footballeur espagnol, champion d'Europe avec l'Espagne en 2008, de Cindy Lima, ancienne joueuse de basket-ball et championne d'Europe en 2013, de Carmen Menayo, joueuse de l'Atlético de Madrid et d’Auri Bokesa, ancienne athlète.
Morientes a d'abord parlé des motifs d’espoir et de progrès qu’il observe au fil du temps : "Je vois beaucoup d'évolution parce qu’il y a une grande différence entre avant et maintenant. Quand il y avait une mauvaise personne, elle était soutenue par les gens qui étaient autour de lui. Aujourd’hui, les gens la regardent de travers et il y a dix ans ça ne se passait pas comme ça parce que c'était normalisé et nous considérions ça comme quelque chose de banal. Il y a eu une évolution énorme, même s’il persiste encore certains comportements inadmissibles. Nous devons continuer à avancer pour les éradiquer à 100%", a-t-il souligné.
Il a alors évoqué une action passée qu’il regrette grandement aujourd’hui : "J’ai besoin de demander pardon parce que lorsque mon coéquipier Roberto Carlos s'est fait jeter une banane un jour, nous avions rigolé", se confie-t-il honteusement. "Je ressens le besoin de m'excuser parce que, même s'il n'y avait pas d'épisodes de racisme dans les vestiaires, nous normalisions les choses qui se passaient dans les gradins. J'ai joué avec Roberto Carlos, Makelele, Seedorf qui étaient insultés et nous nous moquions et ne faisions rien”, a-t-il reconnu.
De son côté , Marcos Senna s'est dit très reconnaissant envers l’Espagne de lui avoir donné une opportunité footballistique qu’il n’a pas eue avec son pays d’origine, le Brésil, et a notamment évoqué la façon dont il a vécu le nouveau sacre de l’Espagne à l’Euro en mettant en évidence Nico Williams et Lamine Yamal : "Pour nous tous, joueurs de couleur en Espagne et dans d’autres pays, nous avons eu ce petit plus de joie parce que nous avons eu plus de difficulté à arriver au haut niveau et quand vous les surmontez, c'est un sentiment de joie. C'est incroyable de regarder Lamine et Nico qui ont été parmi les meilleurs joueurs de l'Euro avec Rodri, ce fut une joie énorme", a déclaré l'ancien milieu de terrain.
Pour sa part, Cindy Lima a déclaré qu’elle était optimiste pour la suite de ce combat contre le racisme dans le sport mais elle a également souligné qu’il y avait encore beaucoup à faire notamment dans le milieu des réseaux sociaux : "En ce qui concerne les réseaux sociaux, il reste beaucoup de chemin à faire. Je ne sais pas ce qui se passe dans la tête d'un raciste. Le racisme est une marche supplémentaire de la haine. Il est absurde d'attaquer quelqu'un parce qu'il est le fils d'un garde civil, mais quand on vous attaque à cause de votre couleur de peau, on vous attaque par rapport à votre identité", a remarqué l'ancienne joueuse de basket-ball qui faisait référence à l'athlète Ana Peleteiro, qui a été victime à plusieurs reprises de racisme. En effet, "Nous avons le cas d'Ana Peleteiro, qui parle activement du racisme et reçoit beaucoup de haine. Actuellement, beaucoup de joueurs en activité n'osent pas faire plus de tables rondes parce qu'ils ne veulent pas s’exprimer sur le thème du racisme".
Auri Bokesa a également renforcé l’idée que les choses évoluaient dans la bonne direction mais "qu’il faut rester exigeant" également en ce qui concerne l’égalité entre les hommes et les femmes par exemple dans l’athlétisme. Enfin, la joueuse de l'Atlético Madrid, Carmen Menayo a conclu sur une note positive et pleine d’espoir : "Le sport, le football dans ce cas, je crois que c'est un moyen d'intégration et de connexion entre les personnes. Dans mon expérience professionnelle, j'ai partagé des matchs jusqu'à l'âge de 16 ans avec des garçons et nous étions égaux parce que tous les rêves et les émotions que l'on vit se rejoignent dans le vestiaire".