Rodrygo Goes a accordé une interview à El País, dans laquelle il revient sur sa carrière au Real Madrid.
Premier jour au club : "Le premier jour, j'étais un peu gêné d'arriver ici, avec tant de grands joueurs. L'entraîneur était Zidane. Et quand j'ai vu Zidane pour la première fois, la vérité est que j'ai eu peur. Mais c'était un moment très agréable, et ensuite je lui ai parlé. Ce jour-là, c'était un rêve pour moi."
Les 11 matchs sans marquer : "J'étais énervé parce que j'essayais de marquer des buts par tous les moyens possibles, mais ça ne marchait pas. Dans ces moments-là, vous essayez de rester calme, parce que les gens vous disent : "Reste tranquille, ça va revenir". Mais vous voyez que vous essayez match après match et que ça ne marche pas, et vous êtes un peu triste, un peu en colère. Mais il est arrivé un moment où j'ai compris que ça ne m'aidait pas d'être en colère, d'être triste. Je devais être plus concentré, m'entraîner davantage, être plus calme pendant les matchs, et c'est à partir de là que les buts ont commencé à revenir."
Son grand soutien : "Je dis toujours que Luka Modric a été comme un père pour moi. Il m'a toujours aidé dans ces moments-là. Il me parlait. Il me disait : "Détends-toi, tu es très bon, tout va s'arranger". Et à partir de là, j'ai commencé à être plus calme et les choses ont mieux marché pour moi."
L'importance du mental : "C'est quelque chose que j'ai appris en arrivant ici. J'avais un certain mental et maintenant je pense complètement différemment, parce que mes coéquipiers m'ont aidé, ma famille m'a aidé, mes amis m'ont aidé. Maintenant, je vois que la chose la plus importante, c'est la tête. Si vous êtes serein, si vous pensez à de bonnes choses, de bonnes choses sortiront des matchs."
Le penalty manqué en Coupe du monde contre la Croatie : "Je pense que c'est le pire moment de ma carrière jusqu'à présent. Et j'espère que ça restera le pire, qu’il n’y en aura pas d'autre. C'était difficile, parce que j'avais l'habitude de tirer des penaltys ici quand Karim n'était pas là, et je les marquais tous. Je suis allé à la Coupe du monde serein, sûr que j'allais marquer, et j'ai raté. Mais ça fait partie de mon histoire et plus tard, l'histoire sera plus belle. Je suis sûr que je tirerai d'autres penaltys et que je marquerai à nouveau. Ce n'était qu'un faux pas."
Jouer à différents postes : "C'est un peu difficile de changer tout le temps, mais j'ai toujours dit à l'entraîneur que j'étais à sa disposition, que je jouerais là où il le souhaitait. Et je pense que c'est ma faute : j'ai dit que je pouvais jouer comme 9, comme 10, sur les ailes… C'est pour ça qu'il me met toujours là où il a besoin de moi. Je me sacrifie pour l'équipe. Le plus important, c'est que l'équipe gagne les matchs. Dans cette partie de la saison, je me suis un peu sacrifié, j'ai joué hors de ma position pour l'équipe. Et c'était important, parce que l'équipe gagnait, elle ne perdait pratiquement aucun match. Ensuite, c'était mieux, parce que j'ai commencé à marquer des buts. Mais cette partie de la saison, je n'ai fait qu'aider l’équipe."
La Ligue des champions des remontadas : "La vérité, c'est que si vous voyez le match contre Chelsea... Contre City, nous pouvions... je ne sais pas... nous attaquions un peu plus. Contre Chelsea, nous avons été très mauvais. Ils ont beaucoup attaqué, ils ont très bien défendu. Nous ne faisions rien. Le moment était un peu plus difficile contre Chelsea. Mais, bien sûr, contre City, c'était fou, c'était spécial. Je ne sais pas comment l'expliquer. Des joueurs comme Modric ou Kroos sont toujours calmes. Mais dans le match contre City, je pense que même eux n’y croyaient pas. Nous étions déjà morts, personne d'autre ne croyait que nous pouvions revenir. J'ai vu que nous étions tous au tapis et j'ai pensé : "Bon, maintenant je peux inscrire mon nom dans l'histoire de ce club". Et ça a bien fonctionné pour moi. Je pense que Dieu a préparé ce moment, et c'était très important pour moi."
Le racisme : "Ça arrive souvent. Pas seulement avec moi. C'est arrivé à Vini, c'est arrivé à d'autres joueurs aussi. Nous vivons un moment très triste : il y a encore des gens comme ça.... J'essaie de ne pas regarder les réseaux, mais c'est normal de voir des choses. Mais j'ai les idées claires. Je pense que les autres joueurs le sont aussi, et je suis sûr que nous allons surpasser ça."
Qu'est-ce qui vous manque dans le fait de ne pas être célèbre ? "Ce n'est pas qu'ils ne me laissent pas faire les choses... mais me balader normalement. Parce qu’on va te demander des photos. Bien que j'aime toujours m'occuper de tout le monde. Mais ces choses normales : sortir pour un repas tranquille avec la famille, marcher normalement dans la rue sans photos. Parfois, j'ai juste envie de me sentir normal."
Son dernier tatouage : "Je crois que c'était celui-là [il montre son bras gauche], la Ligue des champions. On verra si j'en fait d'autres. Je ne sais pas si mon père me laissera faire. Oui, oui, je dois négocier, parce qu'il n'aime pas beaucoup ça. La première fois, c'était un peu difficile. Ensuite, il a aimé. J’ai son nom ici [sur son bras gauche], et le nom de ma mère. Maintenant, je dois faire plus, ceux de mes enfants, faire beaucoup de choses..."