Dans une interview accordée à France Football, Mohamed Salah revient sur sa saison, le Ballon d’Or, et sur sa déception d’avoir perdu la finale de la Ligue des Champions face au Real Madrid. Extraits.
À 30 ans, se voit-il jouer encore au moins 5 saisons : "Davantage même ! Regardez l'attention que ces champions portent à leur corps... Et ce sont les meilleurs au monde. Notre sport a tellement évolué ces dix dernières années. Avant, 30 ans, c'était le début de la fin. Maintenant, 35 ans est un cap atteignable, même pour l'attaquant d'un très grand club."
Il est dans la forme de sa vie : "À coup sûr... Je me suis vraiment amélioré ces derniers mois. L'été passé, en vacances en Grèce, allongé face à la mer, je me suis demandé comment devenir un meilleur footballeur, ce qui est de plus en plus difficile car j'ai en permanence deux ou trois défenseurs sur le dos. Je dois inventer de nouveaux moyens d'ouvrir le jeu devant moi, trouver d'autres espaces... Cela vaut aussi pour les passes décisives, une notion qui compte beaucoup pour moi. Cette réflexion a porté ses fruits, mes statistiques se sont améliorées."
Benzema a dit être devenu le 9 qu’il voulait être. Et lui ? "Cette saison, oui ! J'ai beaucoup marqué, je n'ai jamais délivré autant de passes décisives. Mon jeu est plus complet, recèle beaucoup de prises de risques dans les dribbles et les frappes mais, maintenant, je perçois mieux quand tenter le geste qui va faire mal. Résultat : je perds moins souvent le ballon. Je comprends ce que dit Benzema, il ne se voit pas juste comme un buteur, il sait qu'il a un impact sur tous les aspects du jeu du Real. Comme d'autres, je veux être perçu comme le meilleur joueur au monde."
Il défend beaucoup plus que Benzema : "Car notre jeu est basé sur le contre-pressing. Il faut récupérer la balle le plus vite possible. Je suis à Liverpool depuis 2017, Jürgen Klopp nous a inculqué cette culture et c'est devenu un réflexe. On perd la balle, je me précipite sur l'adversaire qui l'a dans les pieds ou je cours vers l'arrière pour couper les espaces. Aucun attaquant n'aime défendre de la sorte mais, ici, ça fait partie du contrat. Attaquer, presser, courir partout, tous ensemble, notre philosophie réclame une débauche d'énergie. C'est devenu naturel chez moi."
D'où vient son désir d'être vu comme le meilleur joueur du monde ? "Je me rappelle, quand j'ai quitté mon pays il y a dix ans, je débordais de motivation. Je savais que je devrais être très fort, sinon j'allais me fracasser. Je me suis fixé un objectif, puis un autre. D'abord, gagner ma place au FC Bâle, puis devenir le meilleur joueur égyptien, puis être élu ''joueur africain de l'année''... Ensuite, je me suis dit que je pouvais devenir le meilleur footballeur africain de l'histoire. Il y a maintenant le Ballon d'Or. Je veux le gagner pour rejoindre George Weah, seul lauréat africain. Si j'y parviens, j'en viserai un second. Cette faim, elle vient du plus profond de moi, je n'ai pas besoin d'un entraîneur ou de quiconque pour l’assouvir."
La concurrence avec Sadio Mané pour le Ballon d'Or : "Si on parle de rivalité entre nous, d'égoïsme, je suis en total désaccord. Je ne sais pas d'où ça vient... J'ai une belle relation avec Sadio, nous échangeons normalement, nous sommes assis côte à côte dans le vestiaire. Notre intérêt est que Liverpool gagne tous les matches, donc nous nous efforçons de nous passer le ballon pour inscrire le plus de buts possible. Cherchez un joueur de mon profil en Premier League, vous n'en trouverez aucun qui adresse autant de passes décisives que moi."
La défaite en finale de la Ligue des champions face au Real Madrid : "Nous méritions de gagner, nous avons eu davantage d'occasions. Je m'en suis procuré deux ou trois assez grosses mais, à chaque fois, Thibaut Courtois a réalisé des arrêts incroyables. C'est son job, le Real l'a recruté pour ça. Il a mérité son titre d'homme du match. C'était sa soirée. Là encore, je m'inspire du passé. En 2018, nous perdons la finale de la Ligue des champions, déjà face au Real Madrid et la saison suivante, nous sommes champions d'Europe. C'est ce que je vise. Il faut toujours regarder devant, pas se lamenter."
L’impact de cette défaite sur la course au Ballon d’Or 2022 : "C’est formidable d'entendre son nom cité pour le prochain Ballon d'Or. Je ne le nie pas, j'ai envie d'être reconnu comme le meilleur joueur au monde. Et le Ballon d'Or figure au premier rang de mes objectifs. C'est vrai que j'ai été choqué par mon classement 2021 (il a fini 7e). Pour cette année, cette défaite contre le Real Madrid constitue certainement un handicap, même si j'ai réalisé un bon match en finale. Mais elle n'annule pas tout ce que j'ai réalisé depuis des mois. Attendons le vote du jury. Et si je ne suis pas Ballon d'Or en 2022, je ferai tout pour être le suivant."